Deuxième semaine du procès des "collecteurs", un vaste réseau de blanchiment d'argent de la drogue

On les surnomme les "collecteurs". 18 personnes interpellées en 2016 sont jugées pour avoir collecté et blanchi 70 millions d'euros. Le procès de ce gigantesque réseau de blanchiment d'argent de la drogue s'est ouvert le lundi 14 octobre au tribunal correctionnel de Marseille.

Le réseau fonctionnait principalement entre la France et le Maroc. Depuis le 14 octobre, la 6e chambre du tribunal correctionnel de Marseille tente de retracer ce vaste circuit de blanchiment d'argent.

"Ce sont des pions, au service de quelque chose de plus international, et les responsables on sait où ils sont, ils sont en Belgique, ils sont au Maroc et ils ne sont pas là aujourd'hui, conteste l'avocat de l'un des prévenus, interpellé en 2016 et jugé pour blanchiment d'argent et association de malfaiteur. Il encourt 20 ans de prison, parce qu'il est récidiviste. 

L'enquête a permis de déterminer qu'entre août 2015 et novembre 2016, 70 millions d'euros on été collectés. 

C’est une première car on ne juge pas les trafiquants mais les personnes qui blanchissent l’argent des stupéfiants,

a souligné Me Philippe Jacquemin, avocat de la défense.

"C’est le premier procès à Marseille et au plan national qui touche autant de prévenus dans une affaire aussi colossale. Une affaire retentissante, compliquée, qui va s’étaler sur presque trois semaines".

Des saisies record

L'affaire a éclaté le 10 juin 2015. Sur une aire d'autoroute de l'A7 dans le Vaucluse, des gendarmes découvrent un véhicule transportant plus de 298.000 euros dans une cache artisanale entre la banquette arrière et le coffre.

Un des plus gros dossier européen de blanchiment

En novembre 2016, 32 personnes sont arrêtées. Ce coup de filet met en lumière un réseau international de blanchiment d'argent. Les fonds circulent en coupures entre la Belgique, l'Espagne, les Pays-Bas ou encore les Emirats Arabes-Unis.

Les enquêteurs font des saisies record. C'est "l'un des plus gros dossiers européens de blanchiment de l'argent de la drogue", a estimé une source proche des enquêteurs. 

Des transferts sans traces

Le réseau démantelé fonctionnait sur une mode de transfert traditionnel clandestin, l'"hawala", basé sur la confiance mutuelle entre les agents de change, "sarafs". Un système qui remonte au Moyen-Âge et qui s'appuie sur des paiments informels, en totale opacité et sans trace électronique.

"Des collecteurs récupèrent l'argent des trafics et le remettent à un niveau supérieur. L'organisation fonctionne ensuite par "compensation entre les pays" effaçant toute traçabilité tout en limitant les transferts entre pays", a expliqué Xavier Tarabeux, procureur de la République de Marseille.

50 millions d'euros collectés en 15 mois

Abdlakrim Daoudi, interpellé en novembre 2016 à Besançon avec deux sacs contenant 943.050 euros, est soupçonné d'être le collecteur principal des fonds. Cet ancien garagiste parcourait la France à la demande d'un commanditaire situé en Belgique.

A l'aide de messages codés et de points GPS, ce dernier lui indiquait où récupérer les sommes d'argent auprès d'inconnus plusieurs fois par semaine. Abdlakrim Daoudi aurait collecté 50 millions d'euros au cours de 230 collectes en quinze mois. 

L’argent vient-il directement des trafics de stupéfiants ? Les prévenus avaient-ils connaissance des réseaux de stupéfiants ? Y a-t-il des liens entre ceux qui font les trafics et ceux qui blanchissent ? Ces questions seront au centre du procès jusqu'au 30 octobre. 

La tête du réseau en fuite

17 autres suspects sont jugés pour avoir joué un rôle dans ce vaste réseau de blanchiment. Reste à déterminer les rôles de chacun. Selon le juge d'instruction, la tête du circuit se situe au Maroc. Un chef d'entreprise et sa secrétaire à Casablanca, toujours en fuite, sont visés par un mandat d'arrêt international.

Où et comment l'argent est-il finalement blanchi ? Dubaï, Asie... Plusieurs hypothèses ont été évoquées mais des interrogations demeurent.

Jusqu'à 20 ans de réclusion

"Quand l’argent quitte le territoire français, il y a des difficultés à poursuvivre des commisions rogatoires internationales. Comment suivre à l’étranger de l’argent qui s’est volatilisé ? Le problème est le même que pour les fraudes fiscales", note Philippe Jacquemin.

Les prévenus encourent de 5 à 20 ans de réclusion. 
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