C’est le fruit d’un travail pluridisciplinaire engageant à la fois cliniciens, microbiologistes, oncologues, et chercheurs en pharmacologie.
L’essai CeGAL vient de donner ses premiers résultats sur des patients atteints de leucémie aigüe, encourageants.
La leucémie aigüe myéloïde (LAM) est au cœur de l’essai CeGAL engagé par l’Institut Paoli Calmettes (IPC) et le Centre de recherche en cancérologie de Marseille (CRCM).
Cette maladie ne donne qu’une courte espérance de vie aux patients qui en sont atteints.
Il s’agit le plus souvent d’une population d’un certain âge, 65 ans en moyenne.
Un essai, deux analyses
Certains malades rechutent après leur traitement de chimiothérapie, d’autres sont carrément refractaires au traitement. Pour ceux-là, médecins et chercheurs tentent de trouver d’autres solutions thérapeutiques.
"L'essai CeGAL consiste à combiner deux approches d’analyses biologique", explique le Pr Norbert Vey, médecin clinicien à l’Institut Paoli Calmettes (IPC) et investigateur principal de CeGAL.
"L’une est une analyse de génétique moléculaire. Elle permet de chercher des mutations d’ADN dans les cellules de la maladie. L’autre sert à tester l’efficacité de 80 médicaments ou candidats médicaments sur les cellules prélevées des patients".
La conjugaison des deux peut conduire à de nouvelles pistes de traitement auxquelles le clinicien n’aurait pas pensé.
"On séquence les gênes importants dans cette maladie pour chacun des patients et on essaie d’identifier les gênes qui sont altérés, qui sont mutés et qui peuvent éventuellement donner des pistes pour une thérapeutique", précise le Dr Yves Colette, biologiste, directeur de recherches à l’INSERM, et responsable de la plateforme préclinique TrGET.
La médecine personnalisée utilise cette approche d’analyse moléculaire depuis des années. Elle permet de caractériser la maladie du patient, et de trouver ensuite des orientations pour de nouveaux traitements, lorsqu’il n’y a plus d’alternative pour ces malades.
Pas de hasard, mais de la recherche
Mais l’essai CeGAL va plus loin en testant la sensibilité des cellules malades à 80 médicaments déjà existants, ou en cours de développement.
Trouver une autre utilité à un médicament que celle pour laquelle il a été conçu est une chose connue dans le monde de la pharmacologie. Ce repositionnement de médicament, tel est le terme, peut arriver de façon fortuite. On l’a vu pour un anti-cancéreux dans le traitement de la maladie de Parkinson. Ou pour certains neuroleptiques avérés utiles contre le cancer.
Dans l’essai CeGAL, il n'y a pas de hasard, mais de la recherche. Ce repositionnement est tout à fait voulu, guidé par les informations génétiques de l’analyse moléculaire.
Et les premiers résultats de l’essai se sont révélés encourageants.
Une durée de vie de trois mois en moyenne
Sur 55 patients sélectionnés, 17 d’entre eux ont reçu un traitement guidé à la fois par l’analyse moléculaire et par l’analyse de sensibilité aux médicaments.
"Et parmi ceux là, quatre ont été en rémission complète. Et deux autres ont eu une baisse significative de cellules leucémiques", raconte le Dr Yves Colette.
L’objectif est évidemment d’arriver à pouvoir proposer cette approche beaucoup plus précocément dans la prise en charge de ces patients. D'obtenir des protocoles plus pertinents et ciblés dans un délai compatible avec l'évolution de la maladie, car c'est le dernier recours pour la plupart de ces malades".
Trois semaines pour trouver un traitement le plus efficace possible, voilà ce que recherchent ensemble ces médecins et chercheurs.
Car les patients atteints de leucémie aigüe myéloïde ont une courte durée de survie globale d’environ 3 mois à peine, et le temps compte.
L’essai CeGAL n’est pas encore significatif sur un plan médical étant donné le nombre insuffisant de patients et le manque de recul sur leur évolution.
Mais la recherche se poursuit, stimulée par ces premiers résultats encourageants.