Les 16 prévenus ont pris part à des trafics d'hormones de croissance alimentant les milieux culturistes. Des peines de six mois de prison avec sursis à quatre ans ferme ont été requises mardi 9 mars au tribunal correctionnel de Marseille.
Pour obtenir la délivrance d’une hormone de croissance, un médicament d’exception vendu en pharmacie entre 188 et 720 euros la boite selon le dosage, des "collecteurs" munis de leur carte vitale et d’ordonnances falsifiées se faisaient remettre ces fausses prescriptions d’Umatrope.
En mars 2015, une enquête ouverte sur la base de renseignements anonymes avait conduit à l'identification d’un agent d’entretien de l’Hôpital Nord, à l'origine de vols d’ordonnances dans le bureau d’un endocrinologue. Son commanditaire et organisateur du trafic, un culturiste fréquentant une salle de fitness marseillaise, a reconnu être le principal instigateur de ce réseau.
Afin de renforcer leur densité minérale osseuse et leur masse musculaire, ce médicament est détourné par les culturistes de sa prescription habituelle. Une consommation prolongée et excessive peut entraîner de graves complications, comme une tumeur thyroïdienne, du diabète voire des déformations morphologiques.
En dépit d’écoutes téléphoniques laissant entrevoir un trafic, les prévenus ont assuré ne pas se livrer à la revente, utilisant ces hormones pour leur propre usage. Mais pour l’accusation, les centaines de boîtes collectées ne vont pas dans le sens d'une consommation personnelle.
Deux réseaux de trafic d'hormones mis à jour
Un second réseau avait été mis au jour à partir d'ordonnances volées dans le bureau d’un oncologue d'un hôpital privé marseillais. La prescription de l'hormone de croissance par un spécialiste du cancer avait mis la puce à l’oreille d’un pharmacien, qui avait été sollicité par un haltérophile.
La peine la plus lourde de quatre ans de prison a été requise contre l’organisateur du principal réseau, avec une amende de 15 000 euros. Celui-ci ne s’étant pas présenté devant le tribunal, un mandat d’arrêt a été réclamé à son encontre.
Une condamnation à deux ans de prison a été requise contre le chef du second réseau. "Cette affaire est grave", a affirmé la procureure Marion Chabot, qui estime que ce préjudice est aussi important d’un point de vue économique qu'en termes de santé publique.
Chiffrant le préjudice de la Caisse primaire d'assurance maladie à près de 370.000 euros, Me Philippe Jegou a rappelé que "selon Interpol, les trafics de médicaments seraient dix à vingt fois plus lucratifs que les stupéfiants avec des sanctions pénales plus faibles". Le tribunal rendra son jugement le 6 avril.