Rouler à trottinette électrique dans les rues de Marseille n'est pas sans risque. Un accident a fait un mort ce mardi soir pour la première fois dans la cité phocéenne. Un drame qui est l'occasion de rappeler les bons usages de ce véhicule motorisé.
C'est en plein centre-ville de Marseille, devant la préfecture, que le drame s’est produit mardi soir. Sur une artère passante, un bus et un jeune homme à trottinette sont entrés en collision. Ce dernier n’a pas survécu malgré un massage cardiaque des secouristes à leur arrivée, peu de temps après l'accident. C’est le premier mort dans un accident de trottinette à Marseille.
Une tragédie qui secoue face à l'émergence de ces nouveaux véhicules électriques individuels dans la cité phocéenne depuis quelques années. En l'espace de trois ans, le nombre d’accidents les impliquant a doublé.
Des accidents violents multipliés par deux
Selon les statistiques communiquées par la préfecture de police des Bouches-du-Rhône, sept accidents de trottinettes ont été recensés par les autorités depuis le début de l'année contre 31 en 2021 et 17 en 2019.
Aucun accident n'avait été mortel jusque-là à Marseille. Depuis le début de l'année, on dénombre huit personnes gravement blessées qui ont dû être hospitalisées. Un nombre sous-estimé selon la préfète Frédérique Camilleri. Certains non signalés passent sous silence, d’après elle.
Entre vitesse, non-respect de la réglementation et absence de pistes dédiées, les trottinettes font leur loi et partagent désormais la même route que les voitures, les motos, les bus et les vélos. Difficile donc de se frayer un chemin sans risque.
"C’est un peu dangereux, il faut vraiment redoubler de vigilance effectivement" constate une femme, les cheveux blonds recouverts d’un casque, les mains sur le guidon de sa trottinette. Les yeux rivés sur la chaussée, elle pointe aussi du doigt "les trottinettes électriques en location [qui] ne font pas du tout attention".
À certains endroits de Marseille, la voie du tramway ne laisse pas la possibilité à une quelconque piste cyclable d’exister. Alors les mauvaises habitudes se répètent et les déplacements à trottinettes se font directement au même endroit où circule un moyen de transport de 30 tonnes à vide. Veste en cuir sur le dos et des créoles aux oreilles, une femme à trottinette reconnaît : "On fait tous ça, comme vous pouvez le constater. C’est pratique !"
Pratique mais dangereux. En cas de choc, les quelques dizaines de kilos de la personne à trottinette ne font pas le poids face à un tramway, même lancé à faible vitesse.
Même constat sur les trottoirs : des trottinettes qui circulent au grand dam des piétons. "On ne peut plus marcher. Et en plus, on nous klaxonne pour qu’on se pousse", regrette l’une d’entre eux. Les conducteurs de trottinettes se croiraient-ils tout permis ?
"Ils sont beaucoup, partout, c'est un peu l'anarchie ! Le problème, c'est qu'ils font comme s'ils étaient à pied", répond un riverain, la barbe poivre et sel et vêtu d'un polo rose fuchsia.
"Même si l'usage de la trottinette est réglementé, il n'y a personne pour le faire appliquer", regrette-t-il alors même qu'une jeune conductrice passe devant lui en trottinette, avec son enfant entre les jambes à l'avant. Alors même que, s'agissant d'un mode de transport individuel, il est interdit de se déplacer à plusieurs.
Jusqu'à 1.500 euros d'amende
Un goût pour la liberté qui n’est pas sans risque de sanction. Circuler sur le trottoir ou sur un engin débridé est passible d’une amende de 135 euros. Et lorsque, même sur une voie autorisée, la vitesse est supérieure à 25 km/h, l’addition est encore plus salée : 1.500 euros d’amende.
Car ceux qu’on appelle les EDPM (pour engins de déplacement personnel motorisés) font bien l’objet d’une réglementation spécifique depuis le 25 octobre 2019.
Avant 12 ans, il est interdit d’en conduire un. Au guidon d’une trottinette électrique, pas d’écouteurs ni de téléphone également. Enfin, il faut impérativement être assuré car il s’agit d’une catégorie de véhicule terrestre à moteur. En ville, toujours circuler sur la piste ou la bande cyclable (quand elle existe), s’il n’y en a pas, sur les voies, sans dépasser les 50 km/h.
Le casque fortement recommandé
Quant aux équipements : un vêtement, un gilet ou encore un brassard réfléchissant s’impose à l’usager de nuit ou lorsque la visibilité est insuffisante.
Comme à vélo, le casque n’est pas obligatoire mais fortement recommandé. La trottinette, elle aussi, doit être équipée : des feux de position avant et arrière, des catadioptres arrière et latéraux, un système de freinage et un avertisseur sonore.
En France en 2021, 22 personnes sont mortes dans un accident de trottinette (contre 10 en 2019 et 7 en 2020, année de confinement).
Rien que dans les Bouches-du-Rhône, on estime à plus de 30 collisions (non mortelles) avec une trottinette la même année (soit une augmentation de 88,2% du taux d’accident les impliquant en deux ans).
À Marseille, le nombre de trottinettes en libre-service avoisine aujourd’hui les 4.500.