Un jeune homme a été tué par balles mardi et un autre grièvement blessé dans une cité des quartiers nord de Marseille. Depuis le 11 mai, les règlements de comptes se multiplient dans la cité phocéenne. De quoi confirmer les pronostics post confinement de l'Office anti-stupéfiants.
Les deux hommes, âgés de 19 et 20 ans, ont été pris pour cibles "à l'arme lourde", et atteints de plusieurs tirs de Kalachnikov.
Connus des services de police, ils se trouvaient dans une voiture stationnée cité de Frais-Vallon, a indiqué la procureure de la République de Marseille, Dominique Laurens, confirmant une information de la Provence.
Cette cité du 13e arrondissement, dans les tristement connus quartiers Nord, fait figure de place forte du trafic de drogue à Marseille.
Les agresseurs n'ont pas laissé l'ombre d'une chance au conducteur. Touché par plusieurs tirs, il est décédé sur place. Son passager a été grièvement blessé. Transporté à l'hôpital, son pronostic vital ne serait pas engagé.
La voiture utilisée par les agresseurs a été retrouvée carbonisée dans une autre cité de Marseille.
Des réglements de compte comme celui-ci, la Préfecture de police des Bouches-du-Rhône, en dénombre cinq depuis le début de l'année dans le département, quatre à Marseille et un à Arles, pour cinq morts au total.
Si la piste initiale est bien confirmée pour ce dernier cas, il s'agirait donc de la sixième personne tuée cette année dans le cadre d'un règlement de comptes à travers le département.
Stoppés pendant le confinement, les règlements de compte ou affaires de violences entre bandes rivales, ont connu un coup d'accélérateur le mois dernier.Les règlements de compte sont organisés. Il y a une stratégie, tout un travail d’investigation.
"Les règlements de compte sont organisés. Il y a une stratégie, tout un travail d’investigation", explique une source policière.
"Il faut repérer sa cible, ses habitudes, donner le top, etc... Avec le confinement, les guerres de clans et règlements de compte sont beaucoup plus difficiles à organiser logistiquement".
De quoi expliquer une recrudescence des violences par armes depuis le 11 mai. Comme dans cette même cité le 17. Un homme de 30 ans avait été grièvement blessé, touché au dos. Cinq cartouches de calibre 12 mm avaient été retrouvées sur place par les policiers.
Ou encore deux jours plus tôt. Le corps d'un homme de 25 ans avait été retrouvé criblé d'impacts de balles en peine rue dans le sud de la cité phocéenne. La victime était aussi bien connue des services de police.
Dans un rapport de mars 2020, l'Office anti stupéfiants (Ofast) redoutait une augmentation du nombre de violences à la sortie du confinement.Des risques de violence entre trafiquants pour récupérer les manques à gagner.
"Les tensions actuelles mettent les trafiquants en stress, et portent en germe de nombreux risques en termes de sécurité : [...] des risques de violence entre trafiquants pour récupérer les manques à gagner, ainsi que leur emprise territoriale", indiquait l'Ofast.
Pour le préfet de police des Bouches-du-Rhône, "la lutte contre les réseaux de narco-banditisme par la police judiciaire déstabilise les bandes en place".
"Elle peut engendrer des rivalités nouvelles, des guerres de territoires et des vendettas. Par ailleurs, plusieurs contentieux n'apparaissent toujours pas éteints dans les Bouches-du-Rhone", précise Emmanuel Barbe.
Dix personnes ont trouvé la mort dans des règlements de comptes dans le département des Bouches-du-Rhône en 2019, loin des 29 morts de 2016 ou des 23 morts de 2018.