Nouvel hommage à Zineb Redouane, trois ans après sa mort à Marseille

Zineb Redouane est cette femme morte en fermant ses volets un soir de manifestation à Marseille. Le deux décembre 2018, cette dame de 80 ans est frappée en plein visage par une grenade lacrymogène. La famille Redouane attend toujours l'action de la justice. Trois ans après sa mort, un hommage lui est rendu pendant trois jours

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 "Il y a un tireur, une victime, une caméra qui a tout filmé, des témoignages et une autopsie," décrit Sami Redouane, le fils de la victime, "Normalement, c'est une affaire banale", "Normalement, la France est un pays de droit".

Mais rien ne s'est passé normalement dans cette affaire. Un procureur-adjoint était sur place ce soir-là, ce qui est légal. Il est ensuite chargé de l'enquête, ce qui l'est beaucoup moins. Le même procureur-adjoint reçoit ensuite des menaces de mort. "Le parquet de Marseille voulait étouffer l'affaire," estime Sami Redouane.

Trois mois après le drame, Christophe Castaner, alors ministre de l'Intérieur, défend à la radio la version du choc opératoire de la vieille dame. 

L'enquête stagne

Cinq policiers sont présents ce soir-là dans cette partie du quartier Noailles. Tous refusent de désigner le tireur et de donner leur arme au laboratoire.

Le 30 octobre 2021, la décision du directeur de la police générale va à l'encontre des recommandations de l'IGPN. Sa directrice, Brigitte Julien, estime que le tir était réglementé mais risqué et inadapté en raison de la proximité de l'immeuble, situé à 30 mètres.

Frédéric Veaux considère que la "fatigue", le "manque de visibilité" à la nuit tombée, une atmosphère de "tension" et une "nécessité légalement établie de tirer" expliquent le manque de discernement des deux hommes.

"Trop de mauvaises informations sont sorties sur cette affaire," regrette Brice Grazzini, avocat de Sami Redouane. L'autopsie réalisée en Algérie, par exemple, en parallèle avec celle qui était pratiquée en France, n'a aucune valeur légale. 

Une affaire aux multiples rebondissements

La procureure générale délocalise l'enquête de Marseille à Lyon. "C'est une décision qui nous complique le travail," démontre Brice Grazzini, "Je suis avocat à Marseille, le deuxième avocat, Yassine Bouzrou, exerce à Paris. Et le juge d'instruction est à Lyon. Le dossier n'avance pas, alors qu'il est sensible."  L'avocat n'est pas non plus très friand du travail réalisé par les journalistes de Disclose, "Là encore, l'enquête n'a pas de valeur légale."    

Les journalistes de Disclose reconstituent la scène et intitulent leur article "Affaire Zineb Redouane, le symbole de l'impunité policière." Leur travail démontre que le tir n'a pas été réalisé "en cloche", comme il aurait dû l'être mais directement sur la vieille dame.

Selon cette enquête, la grenade est tirée à 30 mètres environ de sa cible, au lieu des 100 mètres réglementaires. Elle arrive à 97 km/heure dans le visage de Zineb Redouane. Une très forte quantité de gaz lacrymogène, destinée à 1000 m2, se répand dans son appartement.  

"Une affaire comme celle-ci doit être jugée dans les 18 mois, selon le code de procédure pénale. Là, le dossier n'avance pas," selon Maître Brice Grazzini.

Aujourd'hui, les enfants de Zineb Redouane attendent que justice soit faîte.

Un hommage programmé sur trois jours 

  • Jeudi 2 décembre à 18h : Rassemblement organisé rue des Feuillants, où habitait Zineb Redouane
  • Vendredi 3 décembre à 18h :  Ateliers autour de "Vérité et contre-enquête", avec des collectifs de contre-enquête indépendante et Farid El Yamni
  • Vendredi 3 décembre à 21h :  Concerts à La Plaine
  • Samedi 4 décembre de 11h à 15h : Repas collectif, échanges et ateliers Discussion autour des violences policières en présence de collectifs de famille (sous réserve), ouverture avec Rachida Brahim
  • Samedi 4 décembre à 16h :  Manifestation en mémoire de Zineb Redouane au Vieux Port

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