La vente de voitures électriques a augmenté ces dernières années mais reste marginale face aux véhicules thermiques plus polluants qui ont toujours la cote. Au Salon de l’automobile, lundi, Emmanuel Macron a annoncé plusieurs mesures qui pourraient rassurer les automobilistes et encourager les plus frileux à sauter le pas de l’électrique.
En 2020, 107.300 voitures électriques ont été immatriculées contre 42.300 en 2019 soit une augmentation de 153,7 %.
Pour les trois premiers trimestres 2022, la part de l'électrique dans les marché des voitures particulières représente 12.7 %, contre 1.5 % il y a cinq ans.
Pour autant, malgré cette hausse, les voitures électriques ne représentent que 0.64 % du parc automobile français.
Des nouvelles mesures pour inciter les français
A l'occasion du Salon de l'automobile, lundi, Emmanuel Macron a tenu à confirmer ses positions quant à la transition vers le tout-électrique.
Après l'annonce de la fin de la commercialisation des modèles du moteur thermique à compter de 2035 et le virage pris par l’Europe en direction du tout-électrique, il annonce dans une interview accordée au journal Les Echos, un certain nombre de mesures pour atteindre son objectif : produire 2 millions de véhicules électriques en France, d’ici 2030.
Malgré l'annonce de la hausse du bonus écologique à 7.000 euros pour les ménages les plus modestes et la maintien du bouclier tarifaire pour 2023, cela n'est pas suffisant pour séduire l'ensemble des Français. Quels sont les freins responsables de la réticence des français, et particulièrement les marseillais ?
Un coût élevé à l'achat
Selon un rapport de l’Ademe, l’agence de la transition écologique, qui a rendu publique un rapport sur les voitures électriques, l’aspect économique rentre en compte dans les freins à l'achat d'un véhicule respectueux de l'environnement.
A l’achat, une voiture électrique peut coûter plus chère qu’un véhicule thermique. Cela s’explique notamment par le fait que certains produits indispensables à la fabrication de la batterie, comme le lithium ou le cobalt, connaissent une flambée des cours.
En revanche, sur la durée, la voiture électrique est bel et bien plus économique. A l’heure de la pénurie de carburant et de la hausse des prix, il vaut peut-être mieux se tourner vers l’électrique. En effet, parcourir 300 kilomètres coûte environ 10 euros à l'heure actuelle avec une charge à domicile, et 40 euros en charge rapide.
Et pour ceux qui s'inquiéteraient de la hausse du prix de l’électricité, Emmanuel Macron a également annoncé l’étendue du bouclier tarifaire à partir de janvier 2023. “À partir de janvier 2023, nous allons aussi étendre le bouclier tarifaire aux bornes électriques, pour éviter des péripéties comme certains de nos voisins. Aujourd’hui, les prix restent raisonnables, nous allons nous assurer qu’ils le resteront”, souligne-t-il dans son interview dans Les Echos.
Lors du Salon de l’automobile, il a aussi annoncé une hausse de 1000 euros de la prime pour l’achat d’une voiture électrique pour les foyers les plus modestes. Elle s’élève désormais à 7.000 euros.
Sans oublier que le département des Bouches-du-Rhône et la Métropole Aix-Marseille Provence ont décidé de soutenir le remplacement de véhicules polluants avec différentes aides.
Depuis 2019, tous les résidents peuvent bénéficier d’une aide de 5.000 euros pour l’achat d’une nouvelle voiture.
Des bornes de recharges insuffisantes
Bornes, voitures ventouses, abonnement… pas toujours simple de recharger sa voiture électrique, et on a là peut-être le dernier frein qui empêche les Français de franchir le pas.
Les propriétaires de véhicule électrique font face à l’incivilité des conducteurs thermiques, qui se garent sur les places, pourtant peintes en vert, et qui empêchent la recharge des batteries. Ce phénomène de voitures ventouses est régulier à Marseille où les places se font rares, et le nombre d’emplacements pour recharger semble insuffisant. D’autant plus que l’application qui recense les bornes libres, prend en compte uniquement les bornes qui sont en train de charger. Ce qui signifie qu’une voiture thermique stationnée n'est pas annoncée.
D’autant plus qu’une amende pour un stationnement sur une place réservée à la recharge de véhicules électrique s’élève seulement à 35 euros et majorée si récidive. Pas de quoi dissuader les propriétaires de voiture thermique, surtout lorsque l’on sait que pour un stationnement gênant, elle grimpe à 135 euros.
Sur la métropole, il y existe actuellement 260 bornes, soit 600 points de charge sur le réseau larecharge. Et 205 bornes sont en cours de déploiement. Sur Marseille, il y a 94 bornes larecharge en service et 120 bornes vont venir s'ajouter.
Le schéma directeur pour les infrastructures de recharge pour véhicules électriques (IRVE), qui sera soumis au vote du Conseil métropolitain le 20 octobre, prévoit le déploiement de 5 700 points de charge sur l’ensemble du département d’ici 2025.
En ce qui concerne les abonnements de stationnement, la métropole Aix-Marseille a mis en place un dégrèvement de 50 % sur toutes les formules d’abonnement pour les véhicules respectueux de l’environnement. Soit 65 €/an au lieu de 130 €/an pour un véhicule thermique.
Comme dans le Var, à Marseille, il est possible de payer par carte bleue via l’application mobile Evzen. La carte Larecharge permet de bénéficier d’un tarif préférentiel de -5%.
Lutter contre la pollution de l'air
Grâce à l'achat de véhicules électriques et hybrides rechargeables, les émissions de CO2 des voitures immatriculées en 2020 s’établissent à 96,8 g/km contre 111,5g/km en 2019.
Pourtant, cela n'est pas encore suffisant. "Compte tenu tout à la fois de la persistance du dépassement des seuils limites mais aussi des améliorations constatées depuis la dernière décision du Conseil d'État du 4 août 2021 […] ce qui conduit au montant total de 20 millions d'euros pour les deux semestres en cause", déclarait le Conseil d’Etat ce lundi, dans un communiqué de presse.
L’Etat est donc condamné à payer une somme record de 20 millions d'euros d'astreinte pour n'avoir pas agi assez rapidement contre la pollution de l'air. Rappelons que chaque année, les particules fines entraînent le décès de 40.000 Français.
Malgré les efforts, "les seuils limites de pollution au dioxyde d'azote - qui doivent être respectés depuis 2010 – restent dépassés dans plusieurs zones en France, notamment dans les agglomérations de Paris, Lyon et Marseille." Et encore une fois, Marseille est sur le podium en termes de pollution.