Pénurie de verre et d'aluminium : comment Covid et guerre impactent l’une des dernières usines de pastis implantées à Marseille

Cristal Limiñana est une entreprise familiale basée à Marseille et spécialisée dans l'anisette, et forcément le pastis. Touchée de plein fouet par la crise de Covid, l'entreprise subit les hausses de tarifs des matières premières et le manque de négociations avec la grande distribution. Avec la guerre en Ukraine, certaines matières comme le verre et l'aluminium se font rares, et c'est pourtant essentiel pour les bouchons et les bouteilles.

Avec les températures estivales, la saison du pastis est lancée. Les ventes devraient augmenter comme chaque année à cette période.

Sauf qu'en ce moment, Maristella Vasserot, à la tête de l'entreprise familiale, passe ses journées au téléphone.

"Nos soucis concernent les délais d'approvisionnement. On loupe plein de ventes, les prix des fournitures augmentent de façon exponentielle, le prix des transports en tout genre aussi, et tout ce qui a avoir avec le papier, comme le carton, les étiquettes, le verre et les capsules en aluminium".

"Alors que la saison des apéritifs commence, ces retards sont considérables et cela a un impact fort sur la trésorerie de l'entreprise." 

D'autant que Cristal Limiñana  avait bouclé les négociations avec la grande distribution sans savoir que l'inflation allait prendre cette ampleur et sans prévoir qu'une guerre entre la Russie et l'Ukraine allait débuter.

"Nos marges se réduisent à peau de chagrin, il y a même des références que l'on a dû retirer du marché, car sinon on vendait à perte", concède la cheffe d'entreprise.

Pour sa production, l'entreprise a besoin d'alcool neutre en très grande quantité. Avec la crise du Covid et le gel hydroalcoolique, le prix de cette matière première a explosé. Loin de redescendre, il devient compliqué de s'en procurer.

Avant, il fallait un délai d'une semaine entre la commande et la livraison. Avec le Covid, les délais se sont allongés, passant à deux voire trois semaines.

"Depuis la crise en Ukraine, le délai est maintenant de six à huit semaines. Pour nous qui sommes une petite entreprise, c'est très compliqué de se projeter sur de telles quantités et du si long terme", précise Maristella Vasserot.

Un manque à gagner en perspective pour l'entreprise avec des ventes qui ne vont pas se faire. Difficile à rattraper.

"Là, c'est la saison du pastis qui a commencé et tous nos clients n'avaient pas passé les commandes. On doit le faire en urgence et on nous annonce des livraisons fin juillet. Ce n'est pas possible, sinon on livre le client en août, et la saison sera trop entamée".

La pénurie de verre aussi complique la production.

Une des raisons avancées par les verriers concerne les productions. "Elles étaient européennes, mais avec le Covid, les verriers se sont concentrés sur des productions en France qui ne sont pas suffisantes."

La pénurie touche aussi les bouchons des bouteilles en aluminium. Il est très difficile de se procurer ce métal depuis le début de la guerre en Ukraine.

Ces aléas ont un coût. Maristella Vasserot aimerait ne pas être la seule à le supporter. "Il faudrait que les négociations avec la grande distribution soient réouvertes, afin que nous ne soyons pas les seuls à supporter l'impact de ces hausses. A ce jour, tous nos fournisseurs nous augmentent régulièrement les tarifs à cause des hausses imprévisibles pour eux, mais de notre côté, nous avons déjà négocié avec nos clients". 

A posteriori, le constat est douloureux. "C'est plus compliqué maintenant que pendant le Covid", concède la cheffe d'entreprise.