L'audience des deux policiers suspectés d'avoir tabassé un mineur sans raison en février 2018 a été reportée au 12 mars par la présidente du tribunal correctionnel de Marseille. Celle-ci a estimé que les 20 minutes prévues étaient bien trop courtes.
Les deux policiers accusés d'avoir tabassé un lycéen sans raison en février 2018 devaient être jugés au tribunal correctionnel de Marseille ce jeudi 17 octobre. La présidente Karine Sabourin a décidé de reporter l'audience au 12 mars, faute de temps.
Le renvoi dit "contradictoire" va permettre à la présidente de juger l'affaire en plus de 20 minutes, temps initialement prévu dans une après-midi où 14 affaires devaient être traitées. En connaissance du dossier, elle estime avoir besoin d'au moins 2 heures et demi, voire 3 heures.
Humiliation verbale et agression physique
Le 20 février 2018 dans le 14e arrondissement de Marseille, Ishaq, 16 ans, est sorti vers 22h30 acheter des cigarettes. Alors qu'il téléphonait dans une allée, une voiture de police aurait fait irruption.Selon son avocate, Me Linda Sennaoui, "deux policiers sont sortis de leur véhicule à son niveau, l'ont humilié verbalement puis l'ont agressé physiquement".
Revoir le reportage rappelant les faits précis : "Ils lui ont dit qu'il y avait eu un braquage et qu'il ressemblait au braqueur recherché", a expliqué alors Me Sennaoui, "mais l'enquête de l'IGPN a démontré qu'il n'y avait jamais eu de braquage".
Dans le rapport de l'IGPN, remis en avril 2019, les policiers en question ne parlent plus de" braquage", mais assurent avoir "poursuivi un jeune qui s'enfuyait" sans jamais le toucher.
Toujours selon l'enquête de l'IGPN, l'ADN des deux policiers est bien présente sur le blouson de l'adolescent, ainsi que sur un stylo du syndicat Alliance Police nationale.
Demandes d'informations complémentaires
L'avocat des policiers, Me Laurent-Franck Liénard, ainsi que l'avocate de la victime, Me Linda Sennaoui, ont profité du report de l'audience pour faire des demandes d'informations complémentaires, acceptées par la présidente.Le relevé précis des appels téléphoniques est nécessaire pour comprendre ce qu'il s'est réellement passé. Les policiers auraient en effet appelé leur chauffeur pour qu'il vienne les chercher. Or cette information entre en contradiction avec les déclarations du jeune homme qui assure avoir été tapé devant la voiture.
Par ailleurs, le lycéen aurait été frappé alors qu'il téléphonait à sa petite copine. Cette dernière est appelée à venir témoigner.
Enfin, la défense demande des informations sur les deux policiers, qui seraient des policiers d'élite, et leurs antécédents judiciaires. Pour l'instant, il n'y a aucune information à ce sujet.
Au tribunal correctionnel de Marseille ce jeudi 17 octobre, le syndicat Alliance Police nationale était présent en force pour soutenir les deux policiers.