Des mesures scientifiques ont été relevées le long des côtes françaises par le navigateur du Vendée Globe. La mission parrainée par Nicolas Hulot doit permettre notamment de comparer les taux de pollution, qui pourraient se révéler très élevés en Méditerranée.
Changement de cap et changement de rythme. Avant de reprendre le très grand large au départ de la transat Jacques Vabre en novembre, Fabrice Amedeo a passé une partie de son été à longer le littoral.
A la barre d'un bateau moins rapide que son IMOCA de course, le skipper breton a démarré le 27 juin un Tour de France des côtes françaises, du Nord au Sud.
Il a parcouru la Manche et l'océan Atlantique d'abord, de Dunkerque à Hendaye.
Puis à partir du 16 août, la Méditerranée, de Collioure jusqu'à Menton, pour revenir à Marseille samedi 21 août, étape finale de son parcours.
Donner du sens à mon métier de marin
Ancien journaliste, passionné de voile, Fabrice Amedeo a changé de cap professionnel il y a quatre ans.
En 2017 il termine 11ème du Vendée Globe, "une expérience extraordinaire", et quitte la rédaction du Figaro.
Il s'engage sur les océans pour de bon, une nouvelle aventure professionnelle qui débouche bientôt sur une prise de conscience.
"Depuis quelques années je vois bien que la situation se dégrade", explique le skipper.
"Quand on navigue en plein coeur de l'Atlantique Sud, à 2000 km des côtes entre l'Argentine et l'Afrique du sud et que l'on croise des bouteilles en plastique, cela fait réfléchir".
En 2019, il installe un capteur océanographique à bord de son bateau.
L'appareil mesure le CO2, la salinité et la température en surface, des données permettant de mieux comprendre les conséquences du réchauffement climatique.
Un capteur de mesure des microplastiques s'est ajouté au dispositif et cette fois, la vitesse du trajet s'est adaptée au mieux aux exigences scientifiques.
Avec des filtres à 100 et 300 microns, changés trois fois en 24h , le skipper a pu balayer les flots de façon à établir une cartographie précise de l'état des mers qui entourent le pays, et de la présence de ces tristement célèbres microparticules de plastique.
L'expérience consistait aussi à mesurer leur niveau de présence dans les estuaires.
Des filtres saturés en douze minutes
Et à ce sujet, Fabrice Amedeo a pu comparer les différences aux embouchures de la Loire, la Garonne et le Rhône.
"Côté Rhône, les filtres étaient obstrués en 12 minutes ! Ailleurs j'avais pu prendre les mesures et filtrer sur 1 heure de temps, comme prévu par le protocole expérimental".
Une observation empirique qu'il faudra confronter aux calculs, mais qui n'augure rien de très bon concernant le taux de pollution en Méditerrranée.
Un engagement fort pour le skipper, qui entend sensibiliser aux menaces qui pèsent sur les océans ? tout en naviguant utile pour la communauté scientifique avec la récolte de données sur un laps de temps court #VG2020 #OceanCalling pic.twitter.com/qg2riCC42n
— Université de Bordeaux (@univbordeaux) November 20, 2020
Les résultats des relevés, analysés par l'IFREMER, l'IRD (Institut de Recherche pour le Développement) et l'Université de Bordeaux, sont attendus dans quelques mois.