Cinq hommes et une femme sont jugés devant le tribunal correctionnel de Marseille pour avoir monté un réseau de prostitution qui exploitait des dizaines de jeunes femmes russes et ukrainiennes.
La procureure Gaëlle Ortiz a requis jusqu'à huit ans de prison jeudi 14 mars à l'encontre de cinq légionnaires et la compagne de l'un d'entre eux, jugés pour "proxénétisme aggravé", "blanchiment", "association de malfaiteurs" ou "traite d'êtres humains". Le réseau de prostitution faisait venir des jeunes femmes russes et ukrainiennes qu'il transférait de ville moyenne en ville moyenne, pour renouveler l'offre.
La magistrate a également réclamé des amendes allant de 20.000 à 50.000 euros, et surtout un retour en détention des six prévenus, qui ont déjà purgé entre cinq mois et deux ans de détention provisoire, ainsi que l'interdiction du territoire national pour quatre d'entre eux n'ayant pas la nationalité française.
Des "héros militaires" délinquants
"Ces hommes ont été des héros militaires, mais on peut être héros et aussi délinquant", a argumenté la procureure Ortiz, ajoutant : "ils ont défendu les valeurs de la République française, mais parmi ces valeurs, il y a le respect de l'être humain et l'interdiction d'exploiter financièrement un autre être humain".
La plus forte peine, huit ans de prison et 50.000 euros d'amende, a été requise contre Timofei Avilov, 39 ans, et Danil Karpov, 32 ans, deux ex-légionnaires russes, qui ont reconnu être à la tête de ce réseau de proxénétisme, tout en affirmant s'être cantonnés à un rôle de "prestataires de services". La même peine a été réclamée contre la compagne ukrainienne du premier, âgée de 26 ans, "à égalité de responsabilités avec lui", a estimé l'accusation.
"Une criminalité organisée à bas bruit"
Contre les trois autres prévenus, dont l'un est toujours à la Légion étrangère, des peines de cinq à six ans de prison et 20.000 à 40.000 euros d'amende ont été demandées. "On parle de traite d'êtres humains", a insisté la magistrate pour justifier la lourdeur des peines requises, balayant l'argument du supposé consentement des victimes. "Non, elles n'ont pas fait un choix délibéré d'avoir une dizaine de relations sexuelles par jour, avec des individus parfois brutaux et sales. C'est ça, l'exploitation humaine", a martelé la procureure, en pointant "une vraie criminalité organisée à bas bruit". Le procès s'achève vendredi.