Après quatre semaines de procès l'heure était aux plaidoieries des parties civiles ce lundi face aux docteurs Guedj. L'avocat de 55 victimes a dénoncé "un mutilateur et un simulateur". Le réquisitoire est attendu lundi 4 avril.
A l'ouverture des plaidoiries des parties civiles en cette cinquième et avant dernière semaine de procès, l'avocat de victimes Me Marc Ceccaldi n'a pas épargné l'ex-dentiste Lionel Guedj, jugé avec son père pour des mutilations commises sur quelque 350 patients.
"Vous êtes un mutilateur et un simulateur", a dit-il dénoncé devant le tribunal correctionnel de Marseille.
Me Marc Ceccaldi a livré au tribunal le chiffre de 580 dents saines dévitalisées dans la bouche des 55 parties civiles qu'il assiste: "Pour vous dire l'ampleur du désastre, c'est l'équivalent de vingt bouches entièrement dévitalisées. Elle est là l'intention coupable de Lionel Guedj", a plaidé l'avocat.
Lionel et Jean-Claude Guedj sont jugés pour avoir procédé à des délabrements de dents saines dans le but mercantile de poser de très nombreuses prothèses, l'acte le plus rémunérateur.
A l'issue de deux semaines durant lesquelles les plaignants ont raconté les douleurs et les souffrances que nombre d'entre eux endurent encore plus de dix ans après les faits, Lionel Guedj a présenté ses excuses.
Sa stratégie de défense est toujours la même. 'ancien dentiste des quartiers Nord reconnaît des erreurs dans les traitements, des fautes, mais, répète-il, "je n'ai jamais voulu faire de mal à personne, je n'ai jamais voulu mutiler. Je suis mort de honte et profondément touché par les souffrances que j'ai pu imposer à mes patients".
Une contrition balayée par Me Ceccaldi pour qui l'objectif de Lionel Guedj "n'était pas la médecine mais la finance": Il a agi "par violence et par ruse", a lancé l'avocat selon qui les dix ans de l'instruction ont permis au prévenu de "sécuriser ses actifs frauduleux".
Décrivant "l'anatomie du crime", le représentant de 55 parties civiles a évoqué un véritable "système Guedj": "Le calvaire de toutes les victimes a comme point de départ le premier rendez-vous, c'est alors que le piège se referme, il est le début d'un traitement lourd qui a l'apparence d'une prédation sanitaire".
"Les gimmicks de Lionel Guedj, c'est le déchaussement des dents qui menace, la sensibilité au chaud et au froid" qui nécessitent la pose de larges bridges et le remplacement, pour certains plaignants, de toutes leurs dents par des prothèses, a détaillé l'avocat.
Me Ceccaldi a redit au tribunal les souffrances physiques et morales de ses clients car "la bouche, ce n'est pas qu'un instrument masticatoire, c'est le vecteur du sourire, de la relation sociale, du baiser. Là, elle est martyrisée de manière durable et l'identité est bouleversée".
Le réquisitoire est attendu lundi 4 avril.