Reprise de l'affaire Maria, victime de violences policières à Marseille en marge d'une manifestation des gilets jaunes

Après deux non-lieux, l'information judiciaire est finalement réouverte pour identifier les agresseurs de Maria, victime de violences policières lors d'une manifestation des gilets jaunes à Marseille, en décembre 2018.

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Un an et demi que Maria* attendait ça. L’affaire concernant son agression reprend. Victime de violences policières en marge d’une manifestation des gilets jaunes en décembre 2018, elle avait porté plainte contre la police pour tentative d’homicide. Quatre ans après, l’enquête pour identifier les policiers qui ont agressé la jeune femme, âgée de 19 ans au moment des faits, reprend.

Cette réouverture de l'enquête vise désormais à récupérer les dossiers des 47 interpellations opérées ce 8 décembre, lors de la manifestation, dont 20 avaient donné lieu à l'archivage d'images vidéo demandées à temps. Selon Me Grazzini, un travail de fourmi sur ces données pourrait "permettre de retracer le parcours des agents ayant commis les violences, voire d'identifier des visages de façon plus précise".

Rappel des faits

Entre gilets jaunes et manifestations contre le logement insalubre, quelques jours après le drame de la rue d’Aubagne, la colère gronde à Marseille. Au milieu, Maria, alors vendeuse à ce moment-là. Comme chaque jour, elle quitte le travail vers 18 h 30. Sauf que ce jour-là, elle reçoit un tir de LBD dans la cuisse, dans une ruelle. Malheureusement pour elle, le cauchemar ne s’arrête pas là. Elle est ensuite violemment frappée au sol, à coups de pieds et de matraques qui lui fracturent le crâne. La photo de Maria, le crâne partiellement rasé et couverts d’agrafes, a fait le tour de la toile, témoignant de la violence des coups dont elle a été victime. Des années plus tard, les séquelles physiques et psychologiques sont toujours là.

L’IGPN dans le viseur

Le combat continue pour Maria et son avocat. Après deux ordonnances de non-lieu, la justice a ordonné la reprise des investigations, ce mercredi 7 juin 2023, sur cette agression. La volonté d’identifier les agresseurs de cette jeune femme est toujours là. C’est dans ce contexte que les magistrats de la cour d'appel d'Aix-en-Provence ordonnent d’annuler l'ordonnance de non-lieu de janvier 2022, conformément aux réquisitions du parquet général. L’information judiciaire ouverte pour violences volontaires aggravées et non-assistance à personne en danger reprend.

"Sans l'ombre d'un doute, les individus qui ont violenté (Maria) avaient tous la qualité de fonctionnaires de police et ces violences sont d'autant plus inacceptables qu'elles ont été commises de façon purement gratuite", conclut une première fois le juge d'instruction marseillais saisi de ce dossier, en décembre 2020. Seulement, l'enquête de l'Inspection générale de la police nationale (IGPN) n'a pas pu en déterminer les auteurs, et a accumulé les déconvenues. Au point d'être qualifiée d'"artifice d'enquête", d'"enquête Canada Dry", par Me Brice Grazzini, l'avocat de la jeune femme, auprès de l'AFP. 

Plus de son plus d’image

Les enregistrements radio du logiciel Acropol, qui capte les échanges entre policiers sur le terrain, avaient été effacés au bout de deux mois, comme le préconise une directive de la direction générale de la police. Plus de son donc, pour ce samedi 8 décembre 2018. Et très peu d'images.

Conservés dix jours, les enregistrements des caméras de vidéosurveillance de la ville avaient, eux aussi, été "écrasés". Quant aux vidéos filmées par des riverains, soumises à la hiérarchie policière, elles n'ont permis d'identifier aucun agent.

Enfin, le logiciel "Pégase" de suivi des demandes d'intervention passées au 17 (NDLR: la police) et des déplacements des effectifs sur le terrain est tombé en rade entre 14 h 37 et 23 h 21... Me Grazzini souhaite qu'un expert informatique éclaircisse les circonstances de cette panne, assez rare selon les responsables de Pégase eux-mêmes.

Si des soupçons ont visé trois policiers identifiés, ils n’ont pour autant jamais été mis en cause.

*Pseudonyme

(Avec AFP)

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