Le 5 novembre 2018, deux immeubles insalubres du centre-ville de Marseille s'effondrent. Huit personnes perdent la vie, piégées dans les décombres. Comme chaque année à cette date, leurs familles et amis leur rendent hommage. Quatre ans après le drame l'émotion est toujours intacte.
"On n'oublie pas"
La phrase s'affiche en noir sur les joues d'une jeune femme, recueillie devant la dent creuse où se dressait il y a quelques années le numéro 65 de la rue d'Aubagne.
Comme des dizaines de Marseillais, elle participe à l'hommage rendu aux huit habitants de l'immeuble décédés le 5 novembre 2018.
Ce jour là, cet immeuble insalubre s'effondre sur lui même, emportant dans sa chute la vie de ses occupants.
Au fil des années, la foule rassemblée pour les commémorations est de moins en moins nombreuse. Mais l'émotion est palpable. Les larmes aux yeux, les proches des victimes se serrent dans les bras.
Ils se rencontrent régulièrement, lors des commémoration mais aussi lors des audiences que leur accorde le juge d'instruction. L'enquête judiciaire ouverte suite à ce drame est en effet toujours en cours.
Après neuf minutes de silence, une pour chaque victime et une pour Zineb Redouane, décédée en marge d'une manifestation pour le logement digne à Marseille, les familles de trois des victimes ont pris la parole.
"Merci d'être là, de ne pas oublier. Si vous rencontrez des gens qui ne savent pas ce qui s'est passé, racontez-leur", demande Liliana Lalonde, la mère de Julien, décédé à l'âge de 30 ans.
"Rendre à chacun un logement digne"
La famille de Simona, est venue spécialement d'Italie. Sa mère évoque l'engagement de sa fille, née un 14 juillet. "Elle était destinée à être révolutionnaire. Elle me disait, maman, chaque année la France me fait la fête avec un feu d'artifice."
Son message s'adresse aux Marseillais présents, mais peut-être plus particulièrement aux élus : "continuez le combat de Simona, rendez à chacun un logement digne."
Les proches de Chérif, eux, veulent rendre un hommage "à ceux que l'on a oublié depuis 4 ans et qui nous ont permis de faire le deuil en nous rendant les corps, les pompiers."
"Ils ont travaillé 6 jours sur la pluie, dans des conditions éprouvantes." rappelle une proche de Chérif.
Liliana Lalonde a ensuite rappelé qu'il "n'est plus le temps d'être tristes." Elle fait part de discussions avec la mairie sur l'avenir de la "dent creuse" l'espace laissé vide par les immeubles effondrés en plein coeur du quartier de Noailles.
Les familles et les collectifs d'habitants du quartier souhaitent en effet faire du lieu du drame un espace dédié à la mémoire des huit victimes de la rue d'Aubagne. Mais comme Liliana, nombreux sont ceux qui souhaitent qu'il redevienne un lieu de vie.
Les effondrements de la rue d'Aubagne ont été le violent révélateur de l'état dramatique de milliers de logements à Marseille, et provoqué l'évacuation de 5000 personnes.
Le drame a déclenché une mobilisation sans précédent à Marseille contre la municipalité en place, accusée d'inaction face à l'état du parc locatif dans la ville. Un ancien élu de la rue de Marseille a été mis en examen dans le cadre de l'enquête.