L'Agence Régionale de Santé (ARS) a dévoilé sa nouvelle "feuille de route" pour les années à venir. De profondes réformes vont être engagées face au vieillissement de la population, des maladies chroniques et des cancers
Après l'annonce du plan santé du gouvernement, dont on retient essentiellement la fin du numerus clausus et la création d'assistants médicaux, Claude d'Harcourt, directeur de l'Agence Régionale de Santé (ARS) Paca a décliné, hier, le nouveau Projet Régional de Santé (PRS) pour la période 2018-2023 en tenant compte des spécificités locales. Un schéma élaboré en concertation avec 23 instances régionales depuis deux ans.
Le vieillissement de la population
C'est l'une des spécificités de la région Paca, le vieillissement de la population.a indiqué Claude d'Harcourt. 1,2 millions de personnes ont été prises en charge pour des maladies chroniques en 2015.En 2040, plus du tiers de la population aura plus de 60 ans, 1 habitant sur 5 aura plus de 75 ans. En 2028, 1,8 millions de personnes pourraient être prises en charge pour des maladies chroniques (cancers, diabète, maladies cardiovasculaires, etc.)
Autre spécificité locale, l'exposition aux pollutions de l'air, notamment avec l'étang de Berre, les deux aéroports ou encore les croisiéristes.
a précisé le directeur de l'ARS.Nous sommes une des régions d'Europe les plus exposées à la pollution à l'ozone, la concentration moyenne en particules fines est une des plus élevées de France
Les dépenses de santé sont encore une spécificité régionale. En Paca, cela représente 3.570 euros par habitants contre 3080 euros au niveau national. Un coût supérieur qui s'explique en partie par l'âge moyen élevé des habitants, mais surtout par une surconsommation de médecine libérale, notamment de spécialistes.
La précarité facteur aggravant
La région Paca est la troisième région française la plus touchée par la pauvreté. En 2014, un habitant sur cinq vivait en-dessous du seuil de pauvreté. La précarité constitue un facteur aggravant puisque les personnes démunies vivent plus souvent dans un environnement moins favorable (logement, nutrition, qualité de l'air) et ont moins facilement accès à la prévention et aux soins.
Le patient au cœur du système de santé
Parce que l'usager du système de santé est le premier concerné par la politique de santé, le projet de l'ARS veut placer le patient au cœur du système.Parce qu'il est le premier juge de son état de santé, il doit être un acteur à part entière qui opère des choix. Le projet régional de santé vise améliorer la connaissance du fonctionnement de la santé pour permettre une bonne utilisation de l'offre de soin.
explique l'ARS. Cela implique des temps de soins et des temps d'accompagnements, que le patient devienne "autonome, acteur, partenaire et pilote de son projet de santé".Organiser des parcours en santé implique de passer d'une logique de structure à une logique de trajectoire, d'une logique de production de soins à une logique de service rendu au patient
C'est ce que l'on appelle le patient expert. Il faudra s'appuyer sur son expertise et la faire partager avec les médecins
a précisé Véronique Billaud, directrice des politiques régionales de santé.
L'évolution des métiers de la santé
Les évolutions technologiques dans les stratégies thérapeutiques, la personnalisation de l'accompagnement des malades et de leur entourage ou encore le développement de la pluridisciplinarité impliquent qu'il faut repenser l'évolution des métiers et les formations des professionnels de santé.
Pour la première fois, la puissance publique décide de classer les hôpitaux en trois niveaux : de proximité, de premier recours, de second recours
indique l'ARS et ajoute :
Nous voulons les bons professionnels au bon endroit. Il faut repenser les métiers et les formations des professionnels de santé, les carrières ne doivent plus être figées. Il faut faciliter le passage d'un médecin de ville à l'hôpital
Les assistants médicaux
le nouveau métier d'assistant médical, annoncé dans le plan santé du gouvernement :
On les installera en priorité là où il y aura une synergie médicale comme dans les maisons de santé ou les communautés professionnelles territoriales de santé (CPTS)
a indiqué Claude d'Harcourt. Il s'est également engagé sur la création de 50 maisons de santé d'ici la fin de l'année, 26 ont déjà été mises en place.