Hommage à Samuel Paty : des élèves musulmans et catholiques se rassemblent à Marseille pour prôner le "vivre ensemble"

A l'occasion de la rentrée scolaire lundi, ces élèves ont tenu à afficher leur union et leur émotion deux semaines après l’assassinat du professeur à Conflans-Saint-Honorine.
 

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"On est tous mélangés, ça prouve qu’il n’y a rien, qu’il n’y a pas de conflit", lance Mélina. Aussitôt rejointe par sa camarade, d'un ton enjoué : "On est tous des frères et sœurs, on est unis !" Veste de jogging en guise d’uniforme pour la rentrée, elles sont heureuses de se retrouver boulevard Viala, dans le 15ème arrondissement de Marseille, lundi 2 novembre.
  
Ces collégiennes de confession catholique ont été invitées en cette matinée à se réunir avec d’autres élèves dans la cour de l’école musulmane du quartier, où trône un olivier, symbole de paix. Un rassemblement en hommage à Samuel Paty, mort décapité à Conflans-Saint-Honorine. Deux semaines après cet attentat, l’émotion est toujours présente.

Une élève me disait : "C’est comme si on avait touché à nos professeurs."

Leïla Ngazou, CPE à l'école Ibn Khaldoun

Il est 11h30 quand le directeur de l’école Mohsen Ngazou prend la parole au micro : "Cette cérémonie, nous l’avons imaginée avec le directeur [du collège] Saint Joseph, Monsieur Cédric Coureur, depuis le début des vacances. Puis, après l’attentat de Nice, elle s’est imposée."  

Les élèves, eux, se tiennent debout derrière une banderole immaculée où il est inscrit : "Tous unis dans la paix et la fraternité". Choquée par la mort du professeur d’histoire Samuel Paty, Inès Montoya s’indigne :

"Ils disent qu’ils font ce genre de choses au nom du prophète et c’est très grave. J'espère que ça va cesser." 

Inès Montoya, élève

Avant de poursuivre : "Ça me fait plaisir qu’on soit tous réunis ici aujourd’hui. J’ai énormément d’amis catholiques, même des meilleurs amis, pour moi ce n’est pas du tout un problème." 
 

Cette invitation aux écoles catholiques de la part des musulmans avait déjà eu lieu en 2015, à la suite des événements du Bataclan pour "partager le deuil".  

"Quand un attentat touche des catholiques, nous sommes tous catholiques. Quand un attentat touche un professeur, nous sommes tous professeurs. Nous sommes unis pour combattre ce fléau qui nous touche tous finalement", rappelle Younès Yousfi, directeur adjoint du lycée musulman Ibn Khaldoun.  

Aux côtés de l'imam, le prêtre Christophe Roucou insiste sur cette solidarité : "C’est un geste de fraternité qui n’est pas simplement ponctuel à cause des évènements. Le groupe imam-prêtre existe depuis dix ans. Une amitié et une confiance se sont installées dans la durée."  

"Il me semble que le défi aujourd’hui, c’est surtout la tâche éducative avec les élèves. On doit apprendre aux enfants, dès le plus jeune âge, à respecter l’autre, avec ses différences."

Christophe Roucou, prêtre

La cérémonie se poursuit avec la lecture par les collégiens d’un extrait de Lettre aux instituteurs et institutrices, de Jean Jaurès.  

"On a attaqué des symboles, tout ce qui fait notre unité d’école, donc il faut répondre par des symboles, envoyer des mots forts, d’union et de fraternité", affirme Leïla Ngazou, CPE à l’école musulmane.  

Après les applaudissements, élèves et personnels observent une minute de silence. Et dans la foule d'enfants mélangés, deux garçons en chemises blanches, l’un qui pose sa main sur l’épaule de l’autre.  
 

"Je trouve que c'est une bonne initiative, ça sert pour que, nous générations futures, on soit plus intelligent."

Adam Hassen, élève

Vêtu d'un pull bleu roy, Adam, en classe de 4ème, conclut : "Aujourd’hui, il faut que les mentalités changent, espérons que dans quelques années on pourra vivre ensemble et être en harmonie". La cérémonie s'achève au son d'une guitare avec un refrain partagé en chœur par les élèves : "Résistance", puis "Tolérance". 
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