Retraite et précarité : Rose, 96 ans, et André, 72 ans, témoignent de leurs fins de mois difficiles

Alors que la mobilisation contre la réforme des retraites se poursuit ce mardi partout en France, deux retraités marseillais témoignent de leur quotidien difficile.

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Rose et André sont retraités et vivent tous deux dans les quartiers nord de Marseille. Le montant de leur retraite respective est bien différent, pourtant ils témoignent de la même difficulté à finir le mois avec leur pension.

Rose : "je fais des économies" 

La mieux lotie des deux retraités, en apparence, c'est Rose. A 96 ans, elle touche une retraite de 1200 euros mensuels. Comme de nombreuses femmes de sa génération, elle a commencé à travailler très jeune. "J'ai toujours travaillé, depuis l'âge de 14 ans, raconte-elle,  je faisais la boniche chez un couple."

Malgré son grand âge, Rose affiche un beau dynamisme qui lui permet de continuer à vivre seule chez elle. Mais une fois payé le loyer de son appartement HLM, 800 euros, et les charges fixes comme l'électricité, le téléphone, la mutuelle ou l'assurance, il lui reste à peine de quoi boucler péniblement le mois. 

Alors, Rose surveille ses moindres dépenses, à commencer par sa consommation électrique. Le soir venu, elle s'oblige à limiter l'éclairage.

Quand il fait nuit, je ne le mets pas, je mets ma petite lampe ou la télévision. Je fais des économies.

Rose ne s'autorise aucun extra en dehors de son chat, bienvenu pour lui tenir chaud dans son fauteuil pendant sa lecture.  

André : "ça ne me permet pas d'aller chez le dentiste"

André vivait avec sa mère. A son décès, l'ancien commerçant s'est retrouvé seul et démuni avec une retraite d'environ 700 euros.

"Ils ne me permettent pas d'aller chez le dentiste ou prendre des appareils pour mes acouphènes, je ne peux pas me les payer, ça coûte 6000 euros."

Grâce aux Petits Frères des Pauvres, André occupe depuis deux ans un studio au sein d'un foyer logement dans le 14e arrondissement. Il bénéficie de l'aide sociale du Département pour payer le loyer.

Pour vivre, il lui reste chaque mois 330 euros. "J'économise le chauffage en le coupant le soir, je ne peux pas avoir de supplément à payer," confesse-t-il.

Heureusement, pour André, l'association l'épaule au quotidien. "J'ai des colis alimentaires mensuels, explique-t-il, on me porte du lait, des pâtes, du riz pour faire mon repas du soir et le petit déjeuner. Je n'ai qu'un repas compris, le midi, au foyer. Et je vais faire les courses dans le supermarché où c'est le moins cher".  

"Si je n'avais pas les Petits Frères des Pauvres, je serai complètement perdu, souligne André reconnaissant envers les bénévoles. Grâce à eux, je suis invité en vacances, je n'étais plus parti depuis que je suis à la retraite". 

Les Petits Frères des Pauvres aide 400 personnes âgées en grande précarité sur Marseille. Dans la région, 14 % des séniors vivent en dessous du seuil de pauvreté.
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