Pour la quatrième fois, les enseignants marseillais se sont mobilisés contre la réforme du ministre de l'Education nationale Jean-Michel Blanquer, dite de "l'école de la confiance". Derrière des slogans pleins d'inventivité se cache beaucoup de lassitude, témoignent certains profs.
Pour la quatrième fois, les enseignants marseillais se sont mobilisés contre la réforme du ministre de l'Education nationale Jean-Michel Blanquer, dite de "l'école de la confiance".
"Prof de gommettes, mais pas que", "Ecole de la défiance", "Sois prof et tais-toi"... Derrière les pancartes pleines d'inventivité des manifestants défilant sur la Cannebière, une lassitude profonde transpire.
Cela fait des années que l'école publique est en danger. Ce gouvernement accentue seulement les choses, on dirait qu'ils sont pressés d'en finir.
Au départ de la manifestation, un petit groupe d'enseignants d'une école maternelle du 15e arrondissement devise tranquillement, à l'abri du mistral.
"C'est ma première manifestation depuis longtemps, [...] mais là, cette loi sur l'école de la confiance, ce n'est plus possible". Mickael cherche les mots, mais ceux-ci ont du mal à venir, tant la simple évocation du sujet le met hors de lui. "La politique du ministre est élitiste, et inégalitaire", assène-t-il.
Etablissements publics des savoirs fondamentaux, "la vraie mauvaise idée"
Avec Delphine, Emeline et Coralie, ces mots ont une signification d'autant plus forte qu'ils enseignent tous les quatre "en ZEP", pour Zone d'éducation prioritaire.Si aujourd'hui la dénomination n'est plus la même (remplacées par les "REP" depuis la rentrée 2015, pour Réseau d'éducation prioritaire), les profs eux les nomment toujours ainsi, preuve que "les choses n'ont pas changé, ou alors dans le mauvais sens".
Tous les quatre seraient concernés par la réforme de l'école dite "de la confiance", et notamment par le volet "établissements publics des savoirs fondamentaux", qui vise le regroupement des écoles primaires et des collèges.
Pour les profs, c'est la "vraie mauvaise idée". "On a déjà autour de 28 élèves par classe, en maternelle, c'est ingérable", assène Delphine. "On nous a supprimés des AVS et des aides pour l'inclusion des enfants en difficulté, ou handicapés", ajoute Emeline. "Finalement, conclut Coralie, on veut créer des écoles des savoirs de base pour les élèves de quartiers défavorisés et de la France rurale, pendant que l'argent ira dans les collèges élitistes du centre-ville".
Des parents d'élèves rejoignent les rangs
À certains endroits du cortège, des enfants armés de sifflets ou portant fièrement un drapeau. Certains sont venus avec leurs parents soutenir le maître ou la maîtresse."On est venus pour les enseignants de notre école maternelle, acquiesce une maman flanquée de ses deux enfants. J'ai vu à la télé ce qui se préparait, je devais venir les soutenir dans leur combat." "Ils font ça pour nous, ajoute une autre maman, pancarte à la main. Ce combat nous concerne tous."
Tous les parents ne sont pas aussi facilement mobilisables, à en croire certains professeurs. Nos quatre enseignants du 15e expliquent : "La plupart nous soutiennent et nous disent 'Allez-y, vous avez raison, battez-vous'. Mais beaucoup ne suivent pas vraiment ce qu'il se passe à l'école, et ont du mal à comprendre la raison de notre mobilisation."
Pour continuer à éduquer, les enseignants seront à nouveau présents lors de la prochaine manifestation du 9 mai, réunissant cette fois l'ensemble des services publics.
A Marseille, les enseignants dans la rue contre le projet de loi Blanquer...A Marseille, les enseignants dans la rue contre le projet de loi Blanquer... +d'infos ? https://france3-regions.francetvinfo.fr/provence-alpes-cote-d-azur/bouches-du-rhone/marseille/education-ecoles-colleges-lycees-enseignants-sont-greve-ce-jeudi-4-avril-contre-projet-loi-blanquer-1649896.html
Publiée par France 3 Provence-Alpes sur Jeudi 4 avril 2019