Lundi 17 juin, lors du conseil municipal, le maire LR, Jean-Claude Gaudin, a annoncé qu'il renonçait "pour l'instant" à l'ouverture d'une salle de consommation de drogue à moindre risque. Il avait pourtant souhaité son ouverture, mais à l'intérieur de l'hôpital de la Conception.
Une "salle de consommation de drogue à moindre risque" (SCMR), autrement dit une "salle de shoot", à Marseille, le projet était âprement défendu par l'adjoint à la santé, Patrick Padovani, depuis de nombreuses années.
Lundi matin, lors de la dernière séance du Conseil municipal avant l'été, le maire LR, Jean-Claude Gaudin, a exclu toute ouverture "pour l'instant", estimant que le projet n'était "pas tout à fait prêt".
En avril, l'adjoint à la Santé, Patrick Padovani, avait indiqué que Marseille s'apprêtait à devenir la troisième ville de France, après Paris et Strasbourg, à envisager l'ouverture d'une telle salle.
Mais à l'approche des municipales, des élus, y compris de la majorité de Jean-Claude Gaudin, qui ne se représente pas, ont manifesté leurs réticences, craignant notamment des troubles de voisinage.
a déclaré le maire de Marseille interpellé sur le sujet, notamment par EELV, qui soutient l'idée, lors du conseil municipal.Pour l'instant, la décision c'est qu'on n'ouvre rien. C'est clair, net et précis,
"Il faut poursuivre les discussions", a ajouté le maire de Marseille, qui estime qu'une salle de shoot ne pourrait voir le jour qu'à l'intérieur d'un hôpital et sous contrôle de médecins.
La décision d'ouvrir une salle de consommation à moindre risque (SCMR), "c'est moi qui la prends, c'est pas la ministre" de la Santé, Agnès Buzyn, a-t-il ajouté.
L'élu municipal Stéphane Mari, qui soutient La République en Marche, avait expliqué de son côté que le dossier serait validé "in fine par le ministère de la Santé", et que "la date butoir du dépôt du projet au ministère est septembre".
La loi Santé de décembre 2015 a autorisé l'expérimentation des SCMR pendant une période de six ans, à partir de l'ouverture de la première salle française. Deux salles ont ouvert à l'automne 2016, à Paris, dans le quartier de la gare du Nord, puis à Strasbourg.
La première SCMR a ouvert en 1986 en Suisse. Il en existe aujourd'hui plus d'une centaine dans le monde, qui permettent aux toxicomanes de consommer leur drogue dans un environnement sécurisé et propre, avec du matériel stérile, en présence de personnel médical.
Les riverains demeurent méfiants
Depuis l'annonce du projet d'installation d'une SCMR en 2020, à l'angle de la rue Crillon et de la rue Saint-Pierre, dans le 5e arrondissement de Marseille, les riverains sont inquiets. Des pétitions en ligne et des pages Facebook ont été créées en urgence.
Le projet d'ouverture d'une salle de shoot située à proximité de deux crèches, d'une maternité, d'une cité universitaire, d'une école et d'un collège-lycée a entraîné un mouvement de protestation des habitants et des commerçants du secteur.
Un des habitants a déclaré que la vente de son appartement a été annulée à la suite de l'annonce de ce projet. Le compromis était pourtant signé.
Malgré le recul de Jean-Claude Gaudin sur le sujet, Thomas Maubon, l'un des principaux opposant, demeure méfiant : "le projet n'est pas abandonné", indique-t-il.
Thomas Maubon est aussi médecin et il s'interroge sur la nécessité d'une telle salle. "Aucune publication scientifique n'a validé l'intérêt d'une salle de shoot. Si c'était si bien, il y en aurait des centaines en France et ce n'est pas le cas".
Le médecin reconnaît que les SCMR peuvent être utiles dans certains pays, mais en France, le système de soin performant et gratuit est suffisant pour prendre en charge les toxicomanes.
De plus "depuis plus de 20 ans il y a des distributions de seringues stériles, ça a permis de réduire considérablement le nombre de VIH et de VIHC". Selon le docteur Maubon, cette salle de shoot va drainer une population de dealer. "On est tous d'accord qu'il faut aider les toxicomanes et les SDF, mais les SCMR ne sont pas la solution en France".
Selon les estimations de l'association Asud Mars say yeah, chargée du pilotage de la future SCMR de la rue Saint-Pierre, il y aurait environ 1 200 personnes souffrant de toxicomanie et ayant recours aux injections à Marseille.