Violences : à Marseille, les services des urgences en première ligne

Les services des urgences ne disent jamais "non" et accueillent tout le monde quelle que soit la situation. Ils sont en première ligne et reflètent le miroir de la société. Dans un livre, "Bienvenue aux urgences", le journaliste Jean-Marie Godard évoque le quotidien dans ces services.

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Le journaliste Jean-Marie Godard a vécu pendant plusieurs mois aux côtés des professionnels de santé, dans de nombreux services d'urgences en France.

De cette enquête, il en fait un livre : "Bienvenue aux urgences". Ce livre évoque le quotidien des personnels qui travaillent dans ces services. Impatience des malades et des familles, incivilités, violences, conditions de travail, pénuries de matériels, le journaliste plonge le lecteur en immersion dans un service en première ligne face à la société.

Un lieu d'accueil inconditionnel

"Le service des urgences est un lieu d'accueil inconditionnel", explique Jean-Marie Godard, "Les urgentistes me disent qu'à l'extérieur, [les patients] ont le pouvoir de dire "non"; nous on ne peut pas dire "non", donc, tout ce que la société ne veut pas ou ne peut pas faire arrivent aux urgences".

En France, entre 20 et 25 millions de personnes franchissent, chaque année, les portes des services d'urgences. En 2018, l'Assistance Publique Hôpitaux de Marseille (AP-HM) a accueilli 236 565 malades, un chiffre qui a considérablement augmenté (+26 500) par rapport à 2017, notamment au niveau des urgences adultes.

Des longues heures d'attente

Les services d'urgences sont régulièrement saturés. Les box complets, les malades se retrouvent dans les couloirs.

On peut avoir un patient alcoolisé ou avec une pathologie psychiatrique à côté d'une jeune fille qui a une jambe cassée,

indique une infirmière. Aux urgences, les malades sont pris en charge en fonction de la gravité de leur pathologie et non dans l'ordre d'arrivée. Ainsi, certains patients peuvent attendre plusieurs heures avant d'être vu par un médecin.

C'est en partie lié à l'évolution des soins en ville, mais aussi parce que les urgences accueillent tout le monde,

explique le journaliste Jean-Marie Godard.


En février dernier, la Cour des comptes estimait que les urgences hospitalières étaient "à bout de souffle". Elle indiquait que 20% des patients accueillis ne relevaient pas des urgences, que cela entraînait de longues heures d'attente et un coup considérable pour l'assurance-maladie, les mutuelles et les ménages (3,1 milliards d'euros par an en France).

La Cour des comptes avait ainsi pointé jusqu'à quatre heures d'attente au service d'urgences de l'hôpital de la Timone à Marseille.

La violence, miroir de la société

"Les urgences sont le miroir de la société", indique Jean-Marie Godard. "Les gens sont impatients. Aujourd'hui, même pour des maladies bénignes ou saisonnières, les gens n'acceptent plus d'être malades. Certains patients consultent les urgences pour une angine, parfois, même après avoir vu leur médecin généraliste".

De cette impatience, découlent les incivilités et la violence, mais aussi celle des malades qui peuvent être en crise. "Il y a la violence des malades et il y a la violence des familles qui ne supportent pas d'attendre", explique le journaliste. 

Triste exemple en mars dernier. A l'hôpital de la Timone, Laurence, une aide-soignante, a été violemment agressée par un homme d'une trentaine d'années. Elle a eu de multiples fractures au visage, un hématome à l'œil. Elle dénonce le quotidien du personnel soignant au service des urgences.

On est à bout, on est en insécurité totale. On subit des agressions verbales ou physiques presque tous les jours. On attend quoi ? Qu'il y ait un mort pour réagir ?

Le personnel d'accueil en première ligne

On évoque souvent les difficultés des conditions de travail des médecins, des infirmières et des aides-soignantes, mais on oublie parfois d'évoquer la situation du personnel d'accueil dans les services d'urgences. Jean-Marie Godard a passé de longues heures avec ces professionnels et témoigne : 

Le personnel d'accueil, c'est celui qui vous demande votre carte vitale et qui vous fait assoir en attendant d'être pris en charge. C'est ce personnel qui est en première ligne, qui peut détecter tout de suite une urgence vitale ou qui peut prévenir ou alerter si quelqu'un est un peu violent.

Fautes de structures en ville, fautes de prises de conscience et de discernement du public, les services d'urgences hospitalières sont le dernier endroit où, quelle que soit votre situation sanitaire, économique ou sociale, vous serez toujours accueillis, 24h/24, 7 jours/7.
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