Témoignage. "C'est parti dans tous les sens" : une spectatrice de "Creed 3" raconte comment la projection a dégénéré dans une salle à Marseille

Publié le Écrit par Guilhem Ricavy

La projection du nouvel opus de la série "Rocky" provoque bagarres et invectives dans les salles de cinéma. Léna raconte comment la séance à laquelle elle assistait à la Joliette a dégénéré.

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Le film de boxe Creed 3 a assommé la concurrence dans les cinémas nord-américains ce week-end, engrangeant quelque 60 millions de dollars pour l'un des meilleurs débuts d'un film de sport dans l'histoire du box-office. Dans ce neuvième film de la saga "Rocky", le premier sans Sylvester Stallone, Apollo Creed sort de sa retraite pour un affrontement très attendu contre un ami d'antan, joué par Jonathan Majors.

Dans les salles, c'est un accueil bien particulier qui est réservé au film par les spectateurs venus le voir. Depuis la sortie du film mercredi 1er mars, plusieurs médias ont rapporté l'intervention de la police dans des cinémas de l'Hexagone pour mettre fin à des accrochages entre jeunes, dont des vidéos circulent sur les réseaux sociaux.

Des rixes ont notamment éclaté à Charleville-Mézières samedi lors de projections du film Creed 3, conduisant à l'arrêt des séances et à l'évacuation des salles. Elles s'ajoutent à une autre bagarre le même jour à Thionville, à l'issue de laquelle la police a procédé à une interpellation.

A Saint-Étienne, samedi après-midi, "parmi les plus de 300 personnes présentes dans la salle, la police en a interpellées une vingtaine, relevant leurs identités avant de les remettre en liberté", a précisé un responsable du multiplexe Megarama. "Nous n'étions pas en capacité de ramener le calme. L'intervention de la police a été nécessaire pour mettre fin aux bagarres avec des jets de bouteilles, dont une a atteint la tête d'un de nos agents de sécurité", a-t-il ajouté.

Panique à La Joliette

A Marseille, pas de violences de cette ampleur lors des séances de Creed 3, mais une belle panique et quelques frayeurs vendredi 3 mars au cinéma de la Joliette lors de la projection.

"La salle était remplie au maximum", raconte Léna, venue assister à la projection de 18 h. "Beaucoup de jeunes, mais aussi quelques familles, poursuit la jeune femme. Avant même que la projection ne commence, l'ambiance était particulière : c'était très bruyant, les jeunes se cherchaient en s'envoyant dessus des bonbons et du popcorn."

C'est dans une ambiance chahutée donc, malgré la présence d'agents de sécurité dans la salle dès son ouverture, que la séance a débuté. Mais elle a véritablement basculé "dans le délire" au bout d'une heure de projection.

"Une jeune femme exaspérée par le comportement des spectateurs au premier rang s'est mise à hurler. Et ils lui ont répondu en hurlant aussi", explique Léna. La suite s'est jouée dans le couloir d'accès à la salle : "Les jeunes qui hurlaient sont sortis pour s'expliquer. Et la totalité des personnes présentes dans la salle sont sorties avec eux pour voir ce qui allait de se passer. C'était surréaliste." D'autant plus que pendant ce temps, les images continuaient de défiler sur l'écran...

"J'ai eu peur tout le long que ça dérape encore plus, que ça aille plus loin."

Léna

Après dix longues minutes d'échauffourées, tout le monde est revenu à sa place, mais l'ambiance est restée électrique jusqu'au générique final. "J'ai eu peur tout le long que ça dérape encore plus, que ça aille plus loin", résume Léna. Qui explique ce à quoi elle a assisté par un effet "de mode autour de ce film, et un effet de groupe."

"Clairement, beaucoup de spectateurs étaient venus avec l'idée que ça parte dans tous les sens, comme ils avaient pu le voir ailleurs sur les réseaux", analyse la jeune femme qui prend l'exemple du même phénomène avec le film Fast & Furious 9 en 2021.

"Le pire dans tout ça, c'est qu'à la fin du film la salle était sens dessous-dessous et tout le monde est parti en la laissant comme ça : il y avait du popcorn et des emballages de nourriture de partout. C'est pas cool pour les gens du cinéma", conclut Léna.

En France, plusieurs exploitants de salle ont déprogrammé le film pour éviter des débordements.

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