En cette journée mondiale des toilettes, Marseille n'a pas de quoi être fière. La ville est une des moins bien équipées de France en matière de toilettes publiques. Pourtant, ça presse.
Dernière de la classe, ou presque. À Marseille, on trouve 50 toilettes publiques pour plus de 800.000 habitants. Soit une toilette pour 16.000 habitants. La population du 16e arrondissement de la ville.
Ces chiffres, donnés par le site toilettespubliques.com, sont d'autant plus édifiants lorsqu'on les compare aux autres villes.
À Paris, 701 toilettes sont à la disposition des deux millions 200 mille habitants. Soit environ une toilette pour 3.000 personnes. À Lyon, le ratio est presque similaire : 163 toilettes pour 525.000 habitants, soit 1 pour 3.200.
Marseille se classe 19e sur les 20 villes de plus de 150.000 habitants.
"Et quand il y en a, il elles ne sont pas forcément en bon état, accessible pour les personnes handicapées ou juste en service... Sinon, il reste les bars, mais il faut payer", déplore Michèle Rubirola, première adjointe à la mairie de Marseille, chargée notamment de la santé publique.
"C'est un gros problème de santé publique. C'est également un enjeu d'accès à la dignité, notamment pour les personnes sans domicile".
Un droit fondamental
Depuis le 28 juillet 2010, une résolution de l’Assemblée générale des Nations Unies (ONU) reconnaît l’accès à l’eau potable et l’assainissement comme un "droit fondamental, essentiel à la pleine jouissance de la vie et à l’exercice de tous les droits de l’homme".
Cette résolution peine à s'appliquer en France. En 2016, une loi portée par le député PS Michel Lesage pour la création de points d’eau et toilettes publiques gratuits a été rejetée par le Sénat. Elle aurait inscrit l’obligation pour les collectivités de mettre en place des fontaines, toilettes et douches publiques gratuites pour tous.
C'est la Métropole qui est en charge de l'hygiène publique, pour le compte de la ville de Marseille. "En 2017, il n'y en avait qu'une dizaine de fonctionnelles", se rappelle Michèle Rubirola. Aujourd'hui, certaines zones restent vides. "J'ai regardé sur une application, à côté de chez moi, il n'y en a pas", note l'élue.
Déploiement de sanisettes
Depuis, la Métropole a lancé un programme de déploiement de sanisettes gratuites et autonettoyées après chaque utilisation dans l'espace public. Un plan sur trois ans avec comme objectif d'atteindre d'ici 2022, 48 sanisettes supplémentaires.
À l'heure actuelle, la Métropole annonce 28 sanisettes en service, deux nouvelles (à l'Estaque et au David) sont prévues dans les prochaines semaines et le reste sera posé d'ici fin 2022.
Des sanisettes, parfois vandalisées, aussitôt posées :
"Ces équipements sont compliqués de par leur forte fréquentation (jusqu’à 5.000 entrées pour certaines par mois) notamment à entretenir et demande une maintenance importante, d’où la présence d’un délégataire – Decaux - pour les gérer", indique la Métropole, ajoutant que la pose peut s'avérer complexe du fait de "certaines réticences" : riverains, commerçants, ou besoin d'autorisation nécessaire.
"Même si tout le monde s’entend sur le souhait de disposer de davantage de sanisettes sur l’espace public, une fois arrivé devant le choix de l’emplacement, des craintes et des résistances s’expriment".
Des toilettes sèches dans les jardins
Quant aux compétences de la mairie de Marseille, 19 toilettes sèches ont été récemment déployées. Une gérée par la direction de la mer, au Prado, au niveau de l'Escale Borély. Et les autres dans les parcs et jardins de la ville.
"On a mis à l'étude une toilette sèche au Frioul, un autre à Sormiou", ajoute Hervé Menchon, adjoint au Maire de Marseille en charge de la biodiversité marine, de la gestion, préservation et aménagement des espaces marins littoraux.
Des autorisations sont attendues, du côté du Conservatoire du littoral et du Parc national des Calanques.
"C'est un combat des écologistes pour rendre l'accès aux toilettes et aux fontaines dans l'espace public sans être obligé de payer dans un bar. Dans l'attente de ces progrès, de nombreuses toilettes provisoires, des WC chimiques, ont été posées par la mairie du 6e et 8e arrondissement".
Une solution de secours, en attendant les toilettes publiques, dans la deuxième ville de France.
Quant à Nice 15e de ce classement, il y a aussi du travail. 34 toilettes y sont référencées, soit 0,99 toilettes pour 10.000 habitants