L'étude, publiée récemment, a analysé les trajets en jet effectués lors de plusieurs événements mondiaux, dont le Festival de Cannes de 2023. En 12 jours, ces avions ont émis 4,8 kilos tonnes de CO2, soit l'équivalent de la consommation moyenne annuelle d'un foyer français en électricité.
Des chercheurs du nord de l'Europe tirent la sonnette d'alarme. D'après leur étude parue dans la revue scientifique Communications Earth & Environnement en novembre 2024, l'empreinte carbone liée aux vols des jets ne cesse de croître. Entre 2019 et 2023, elle aurait augmenté de 46%.
Des avions privés que les ultra-riches utilisent pour leurs déplacements professionnels ou privés. Lors du Festival de Cannes 2023, les auteurs de l'article ont compté pas moins de 644 vols en jets, durant les douze jours de compétition.
Au total, ces avions ont émis 4,8 kilos tonnes de CO2, soit l'équivalent de la consommation moyenne annuelle d'un foyer français en électricité. C'est trois fois plus que pour le Super Bowl 2023, mais trois fois moins que pour la coupe du monde de football qui s'est déroulé au Qatar en 2022.
La fronde contre les jets privés
L'étude scientifique nous apprend que, d'une manière générale, ces avions sont utilisés régulièrement pour faire des courts trajets. Ainsi, près de la moitié d'entre eux parcourent moins de 500 kilomètres et 18,9% d'entre eux relient des aéroports distants de moins de 200 kilomètres.
L'étude révèle également que certains avions font des sauts de puce. Les trajets de moins de 50 kilomètres représentent 4,7% des vols analysés. Ainsi, certains avions peuvent relier l'aéroport de Nice à celui de Mandelieu (36 kilomètres) comme nous vous l'avions démontré en août 2024.
Alors que le climat se réchauffe dangereusement, les défenseurs de l'environnement se mobilisent contre ce mode de transport. Pour Juliette Chesnel-Le Roux il est urgent d'agir. Elle rappelle que le groupe écologiste à l'Assemblée nationale a déposé en février 2023 une proposition de loi visant à interdire les vols en jets privés. Une proposition qui a peu de chance d'aboutir.
La présidente du groupe écologiste à la Métropole Nice Côte d'Azur propose donc de "taxer drastiquement les jets privés" puisque ces moyens de transport le sont peu. L'élue verte sait que "ça ne toucherait pas les plus riches, mais ça pourrait dissuader ceux qui veulent se faire plaisir avec une dépense très accessoire".
Vers une diminution du bilan carbone
L'utilisation des jets privés pour les loisirs est en effet mise en avant par les auteurs de l'article. Ainsi, ces avions sont majoritairement utilisés en été et particulièrement les week-ends pour s'envoler vers une destination festive comme Ibiza, en Espagne, ou sur la Côte d'Azur.
Sur la Côte d'Azur, justement, le sujet des jets privés est sensible. Et pour cause, Nice est la troisième destination des jets privés au monde, derrière Londres et New-York. Le rapport d'activité de l'aéroport azuréen nous apprend qu'en 2023, les jets ont représenté 139.016 mouvements. Une activité en baisse (-3,7% par rapport à 2022), mais qui se rapproche de la fréquentation d’avant la pandémie.
Pour autant, Aymeric Staub, porte-parole des aéroports azuréens, précise que les gérants de la structure travaillent sur la diminution du bilan carbone.
Depuis 2016, les jets privés ne peuvent plus utiliser leurs moteurs auxiliaires lors des escales. Les avions sont tractés jusqu'à leur poste de stationnement où ils peuvent se brancher à une prise électrique. Il leur est interdit de rallumer leurs moteurs sous peine d'une amende de 20.000 euros.
Aymeric Staub, porte-parole de l'aéroport Nice Côte d'Azurà France 3 Côte d'Azur
L'aéroport de Nice mise également sur l'avenir avec le développement de moteurs 100% électriques. "Nous sommes en train d'électrifier les postes avions pour accueillir des petits avions électriques d'ici deux ou trois ans" ajoute-t-il. Des nouveaux moteurs qui pourraient permettre de parcourir près de 500 kilomètres.
Pour les auteurs de l'enquête, pas question d'attendre l'arrivée d'avions à faible émission de carbone, les pouvoirs publics doivent agir vite. Ils préconisent, eux aussi, comme les écologistes français, une forte taxation des jets privés.
