Troubles du sommeil : on vous explique pourquoi les Français dorment mal, et en particulier les femmes.

Sept Français sur dix sont atteints de troubles du sommeil. Les femmes sont plus touchées que les hommes. Mireille Barreau, sophrologue, nous explique l'importance du sommeil (article initialement publié le 18 mars 2022).

Sept Français sur dix souffrent de troubles du sommeil. C'est le résultat d'une enquête Ifop pour Les-Matelas.fr réalisée en mars 2022. Un chiffre jamais atteint jusqu'à présent. En 2017, un Français sur deux en souffrait (49%).

En cinq ans, le phénomène s'est aggravé de façon importante : +21 points. Sur le schéma ci-dessous, on note la proportion croissante de personnes de 18-75 ans ayant eu des problèmes de sommeil (en%).

Les résultats sont même encore plus préoccupants chez les femmes : 77% souffrent de troubles du sommeil (contre 63% des hommes), tout sachant qu’il s’agit d’une catégorie de population qui subit déjà une charge psychique importante (cauchemars plus fréquents, charge mentale au quotidien, exposition au harcèlement de rue, etc.).

Mauvais sommeil et insomnie

43% des femmes se réveillent toutes les nuits, voire plusieurs fois par nuit. C’est 8 points de plus que les hommes (35%). Autre chiffre significatif : 87% des femmes interrogées peinent parfois à s’endormir parce qu’elles sont préoccupées par d’autres choses contre 76% des hommes.

Un Français sur deux regarde tous les jours ou presque la télévision ou des vidéos avant de dormir. Les femmes sont particulièrement concernées : 54% regardent des vidéos ou la télé avant de se coucher, contre 45% des hommes. 

La sophrologue marseillaise Mireille Barreau, auteure du libre "Destination sommeil, en finir avec les insomnies et retrouver le plaisir de dormir" (Mardaga), distingue deux choses : les troubles du sommeil occasionnels et chroniques.

"Un trouble est dit chronique lorsqu'il est répété plusieurs fois par semaine, que les endormissements dépassent 30 minutes, que la nuit est hachée, que l'on dort mais qu'on ne se sent pas reposé", explique  Mireille Barreau

Moins de 7 heures de sommeil par nuit

Membre de la Société française de recherche et médecine du sommeil (SRFMS), la sophroligue fait référence à une  étude de 2019 sur le temps de sommeil des Français. "Pour la première fois depuis que le sommeil est observé sur le plan épidémiologique en France, le temps de sommeil moyen nocturne est inférieur à 7 heures", soulignent ces spécialistes.

En moyenne, les 18-75 ans dorment 6 heures 34 minutes chaque nuit en semaine et plus d'un tiers des Français (35,9 %) dorment moins de 6 heures. C'est à ce stade que des problèmes de santé, parfois graves, peuvent survenir. Et qu'il est donc nécessaire de consulter.

"On sait par de très nombreuses études épidémiologiques que dormir moins de 6 heures est associé à un risque plus élevé d' obésité, de   diabète  de type 2, d' hypertension, de   pathologies  cardiaques et d' accidents" , indique le rapport.

Dormir moins de 6 heures réduit aussi la vigilance dans la journée, augmente l'irritabilité et perturbe les relations familiales ainsi que la qualité de vie et de travail.

Gros dormeur ou couche-tard ?

Mireille Barreau souligne un autre aspect important : tout le monde n'a pas le même paramétrage génétique, et donc tout le monde n'a pas besoin du même temps de sommeil.

"Il n'y a que 5% des Français qui sont équipés pour dormir si peu"

Si vous êtes un "gros dormeur" et qu'on a tendance à vous associer à quelqu'un de flemmard, rassurez-vous : "On a tendance à stigmatiser ces personnes. Mais elles ont simplement des paramétrages qui rendent nécessaire un temps de sommeil plus long".  

Idem pour nos horloges biologiques. Certains sont des couche-tard, c'est normal. "Le refroidissement du corps est un paramétrage d'endormissement. Là encore, certains vont s'endormir tôt, d'autres se retournent pendant deux heures dans leur lit avant de trouver le sommeil"

La sophrologue indique que de nombreuses applications permettent de connaître notre horloge biologique. 

Les données sur les femmes sont symptomatiques de plusieurs facteurs. "C'est une conjonction, explique Mireille Barreau. Les fluctuations hormonales liées à la ménopause ont une incidence sur le sommeil. Il y a également le fait que les femmes sont plus souvent confrontées à la prise en charge de leurs parents âgés. C'est à ce moment que survient des troubles du sommeil"

Rattraper du sommeil en retard, est-ce possible ?

Après une semaine harassante, beaucoup se disent que tout peut être réglé avec une bonne nuit de sommeil et une grasse matinée le samedi matin ou une grosse sieste. "Cela peut permettre de récupérer, en partie, développe Mireille Barreau. Cela fonctionne quand on a de petites dettes"

Mais cela a ses limites.  "La nuit, le corps a des missions particulières et va couvrir un certain nombre de ces missions : la régénération cellulaire, la régulation hormonale, la réparation du système immunitaire... Si on réduit le temps de sommeil : les missions moins bien réalisées", note-t-elle.  

En grossissant les traits, la première partie de la nuit, le corps répare le gros matériel. En fin de nuit, on entre dans le sommeil paradoxal. Ce sont les "finitions" : "Cela donne les ressources pour être créatifs, réguler la capacité à reconnaître les émotions chez un interlocuteur, réguler la gestion du stress, préparer une situation à enjeux... ça a plein de vertus."

Préserver le sommeil de toute population qui travaille au contact des autres, dans la prise en charge des autres, c'est crucial.

Mireille Barreau, spécialiste du sommeil

Or de nombreuses personnes n'accèdent pas à ce sommeil paradoxal. Et cela a de lourdes conséquences. Mireille Barreau évoque notamment les soignants exténués pendant la crise du Covid-19. Ou certains comportements violents de la part des forces de l'ordre. "Ça n'excuse pas, mais ça peut expliquer".

"Si l'on dort mal, on n'est plus soi-même. Préserver le sommeil de toute population qui est travaille au contact des autres, dans la prise en charge des autres, c'est crucial. Sinon cela crée des situations à risque pour eux et pour les autres"

Tout cela demande une prise en charge. "Il faut considérer que ces besoins sont vitaux. Que sinon, ces personnes ne peuvent pas exercer leur profession correctement"

"Tout n’est pas encore solutionné, conclut la sophrologue. Il y a tellement de recherches à mener".

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