A l'IHU de Marseille, Jean-Michel Bérenger étudie les punaises de lit. Pour lui, la prolifération récente de cet insecte n'a rien de surprenant mais elle peut être évitée.
"Il suffit d'une femelle. Une femelle que vous faites rentrer en janvier dans votre appartement, en juin, si vous ne faites rien, vous aurez 35.000 punaises de lit". Jean-Michel Bérenger, entomologiste à l'IHU de Marseille travaille sur les punaises de lit depuis 2008. "La femelle a une réserve de sperme. Elle est autonome. Si vous la ramenez chez vous, elle n'aura pas besoin de mâle pour commencer à pondre des œufs", précise-t-il.
Pour le scientifique, la prolifération de cet insecte, bête noire du moment, n'a rien de nouveau. "Il y en avait déjà dans les cinémas, dans les trains…" Mais la reprise du tourisme, avec la fin des confinements, a favorisé ce parasite de l'homme. "C'est beaucoup nos mœurs qui participent à cela parce que la punaise de lit, vous ne la trouverez pas dans votre jardin, elle est exclusivement dans nos maisons, elle est domestiquée, elle va se déplacer avec nous. Elle ne peut pas faire des kilomètres avec ses petites pattes", détaille-t-il.
Un insecte domestiqué
"Si vous en avez chez vous, c'est que vous les avez amenées, par un voyage, dans votre valise. Ou en achetant un objet d'occasion. Ou alors, ça peut venir de votre voisin, s'il en a et qu'il a rien fait depuis des mois, qu'il n'a pas traité."
Avec les retours de voyage d'été, la période de septembre et octobre est favorable à l'arrivée des punaises de lit dans un domicile.
"C'est l'un des rares parasites de l'homme. Il se nourrit exclusivement de sang. Ce n'est pas une question d'hygiène", précise Jean-Michel Bérenger.
France 3 Provence-Alpes l'a expérimenté : sous l'objectif d'un microscope, notre journaliste s'est laissée piquer par une punaise de lit bébé. À ce stade, la bête est quasi invisible et la piqure, indolore. La punaise va se cacher immédiatement après s'être gorgée de sang. Il est très difficile de s'apercevoir de la présence de l'insecte sur notre corps et donc, à notre domicile.
Un élevage de punaises de lit
Cette expérience a été possible, car Jean-Michel Bérenger possède dans son laboratoire un élevage de punaise (il élève également plusieurs variétés des blattes, mais c'est un autre sujet.) Ses tubes à essais grouillent de ces petites bêtes et de leur mue.
"L'intérêt de cet élevage, c'est de montrer aux gens ce que c'est, les punaises de lit. Ça ne saute pas, ça ne vole pas, ça se déplace tout simplement. Ce n'est pas un super insecte, ça s'écrase avec la main."
Jean-Michel Bérenger, entomologiste à l'IHU de Marseille
Le tout est de savoir s'en débarrasser à temps. Car la punaise de lit a une sexualité débridée. Le mâle peut copuler jusqu'à 200 fois par jour. "Il n'est pas capable de reconnaître une femelle d'un autre mâle, de temps en temps il va transpercer un mâle, lui injecter son sperme."
Une sexualité débridée
De ce fait, un mâle peut féconder une femelle, avec le sperme de plusieurs mâles. "Lorsqu'il y a un gène de résistance à un insecticide, par exemple, qui circule dans une population, très rapidement, il va être transmis à toute la population. C'est pour cela qu'on dit bien aux particuliers de ne pas utiliser la bombe qu'on trouve au supermarché pour se débarrasser des punaises de lit, parce que c'est toujours la même molécule et ça entretient la résistance."
Les régions Provence-Alpes-Côte d’Azur, Rhône-Alpes et Ile-de-France sont celles où les punaises de lit se retrouvent en grande quantité.