VIDÉO. "Tu sauras qui je suis quand je serai morte" : "Missak et Mélinée Manouchian", documentaire pour ne pas oublier

Katia Guiragossian raconte dans un documentaire l'histoire de sa grand-tante Mélinée Manouchian et de son mari Missak, qui font leur entrée au Panthéon mercredi 21 février.

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Des pages et des pages noircies de lettres serrées. C'est par des carnets que Katia Guiragossian est entrée dans son passé. Dans un documentaire diffusé jeudi 22 février sur France 3, elle peint la vie de Missak et Mélinée Manouchian, sa grand-tante, honorés au Panthéon mercredi. À l'image, une histoire de la résistance immigré, un filme dédié "à tous les combattants de la liberté". Un plaidoyer pour la conscience politique et un récit familial, porté par l'histoire d'amour de deux êtres infatigables. 

Les récits de sa grand-mère

Entre l'exécution de Missak Manouchian et la découverte des carnets laissés par le résistant, 80 ans se sont écoulés. À l'écran, Katia les feuillette avec précaution et livre au spectateur la poésie et l'engagement de celui qui a épousé sa grand-tante, Mélinée. Celle qui lui souffle un jour à l'oreille : "Tu sauras qui je suis quand je serai morte".

Une phrase glaçante mais qui cache toute une vie de secret. "Depuis ma plus tendre d’enfance, se souvient Katia Guiragossian, j’ai été bercée par les récits de ma grand-mère Armène, la grande-soeur de Mélinée Manouchian, compagne de Missak".

Une promesse devant le Panthéon

Bercés par une enfance ternie par le génocide arménien, les deux orphelins arrivent tous deux à Marseille : Missak en 1924, Mélinée deux ans plus tard. En 1928, ils vivent tous deux à Paris mais ne se croisent pas encore. 

Missak pose comme modèle. Il rejoint le mouvement de littérature prolétarienne où une part absente au monde, les ouvriers, paysans sont poussés à prendre la plume pour exprimer ce qu’ils vivaient. Très vite, il soutient le front populaire. La silhouette du Missak résistant commence à se dessiner.

Devant le Panthéon avec deux compagnons, ils formulent cette promesse : "Nous prêtons serment au Panthéon, devant les tombes de Voltaire et Rousseau : nous deviendrons des hommes, c’est-à-dire instruits. Sinon, autant mourir."

Des pensées griffonnées sur des bouts de papier

Et un jour, au hasard d'un bal, Missak invite Mélinée à danser. Ils ne se quitteront plus, alors que la guerre menace. Mélinée s'engage au Parti communiste. Missak sillonne la France pour constituer l'union populaire franco-arménienne. En 1941, l'homme, à qui la France a alors refusé deux fois la nationalité, prend la tête de la section arménienne de la résistance. Mélinée, de son côté, participe au transport d’armes et au travail de propagande. "Pendant la résistance, j’ai épousé la France", écrira Mélinée.

Le documentaire retrace les actions du couple, leur implication toujours plus déterminée dans la résistance et la toile qui se referme doucement jusqu'à l'arrestation de Missak Manouchian. Entre révolte et poésie, les lettres, citations d'auteurs et pensées griffonnées par le couple, défilent à l'écran. 

J’ai l’impression que Missak et Mélinée sont une seule personne. On ne peut pas séparer l’un de l’autre. Mélinée était d’une trempe aussi héroïque que Missak. 

Hourig Attarian, enseignante à l’université aériacine d’Erevan

Documentaire "Missak et Mélinée Manouchian"

L'affiche rouge, exhibée pendant le procès des 23 membres des Francs-tireurs et partisans–main-d'œuvre immigrée (FTP-MOI) chantés par Léo Ferré, devient un symbole de liberté. Mais Missak est exécuté. Et Mélinée vit la libération dans le deuil de son amour. 

La légion d'honneur en 1986

Elle rejoint l’Arménie en 1945, reprend ses études et enseigne à l'université. Le pays qu’elle découvre n’est pas à la hauteur de ses attentes, elle y reste 18 ans. Quand elle rentre définitivement en France, elle prend la parole, rencontre des hommes politiques, entretient la mémoire du groupe Manouchian.

François Mitterand la nommera chevalier de légion d’honneur en 1986, trois ans avant sa mort. La grand-tante que Katia Guiragossian voyait comme "infatigable", tombe le 6 décembre 1989. Laissant à sa descendante le soin de porter à l'écran son indéfectible quête de liberté. 

>> Missak et Mélinée Manouchian, un documentaire de Katia Guiragossian, diffusé sur France 3 le 22 février 2024 et visible sur France.tv dès maintenant. 

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