Etre bénévoles à la SNSM, c'est donner un sens à sa vie, témoignage à la station de Carro

Qu'ils soient de Port-Saint-Louis-du-Rhône, Martigues ou la Ciotat, tous les bénévoles de la SNSM ont un point commun. Un engagement hors-norme, dicté par un besoin de donner un sens à sa vie, témoigne Bruno Rousseau, bénévole à la station de Carro, sociologue de profession. 

Sur le port de Carro, dans les Bouches-du-Rhône, Bruno Rousseau regarde ses collègues partir en mer. A 66 ans, il a atteint la limite d'âge pour embarquer à bord de la "073", le canot tout temps de la station. Il reste cependant bénévole à terre et s'occupe, entre autre, de la communication.

À Carro, 28 bénévoles de la SNSM sont prêts à "décaler", 24h/24, 7j/7, été comme hiver et surtout, quelles que soient les conditions météorologiques.

À bord, il y a un "patron"

Pendant de longues années, il était à bord de la vedette, d'astreinte jour et nuit, toujours prêt à partir à la moindre alerte du Cross Med. Il n'était pas le patron de bord, "Moi, je n'aurai jamais pu être patron sur la vedette, c'est une grosse responsabilité. Chez nous, il n'y a pas de grade comme dans l'armée, mais il y a une hiérarchie et elle est respectée", avoue Bruno Rousseau.

Il explique qu'à bord de la vedette, chacun est responsable de ce qu'il a à faire, mais le patron est responsable du bateau, de l'équipage et de la mission qui lui ait confié.
"Ici, il n'y a pas de copinage, ni de "bras cassés", on dépend les uns des autres".

Donner un sens à sa vie

Bruno Rousseau est aussi sociologue de profession, il a eu le temps de comprendre l'engagement de ses collègues, de comprendre ce qui motive ces hommes et ces femmes, à consacrer une partie de leur temps aux autres, parfois au péril de leur vie.

"On est dans une société où les gens sont en perte de repères et également en perte de retour de satisfaction", explique le sociologue. Il précise que "la plupart des bénévoles de la SNSM ont besoin de se sentir exister et de donner un sens à leur vie".

Bruno Rousseau se souvient d'une intervention délicate. Ce jour-là, parmi les naufragés, il y avait une femme et ses enfants. "Lorsqu'on est arrivé, j'ai vu le regard de cette femme, c'était comme si on était des "dieux" pour elle... Cette satisfaction, ce retour dépasse de loin toutes les émotions de la vie quotidienne".

"Le courage, c'est maîtriser sa peur"

La plupart du temps, la SNSM quitte le port lorsque tous les autres bateaux sont contraints de rentrer, à cause du mauvais temps. Lorsqu'on vous appelle à 3h du matin pour une intervention, est-ce qu'il vous arrive d'avoir peur ?

"Sur le moment, non, on sort d'un sommeil profond et on a 15 minutes pour s'équiper et rejoindre le bateau. Le premier qui arrive se met à la radio et recueille les informations, au fur et à mesure, les autres s'activent à leurs tâches". À Carro, la particularité c'est que la mer secoue dès la sortie du port, "c'est à ce moment-là que l'on prend conscience de la situation".

Pour Bruno, il y a trois sortes de sauveteurs, il y a ceux qui ont peur, ceux qui maîtrisent la peur et ceux qui sont inconscients. "Moi, j'ai eu peur et j'ai appris à la maîtriser. Après, il n'y a que le courage qui permet d'y aller... Les inconscients ne sont pas courageux". D'ailleurs Bruno précise que chez eux, il n'y a pas de "Zorro", "lorsqu'il y en a, ils sont rapidement éliminés par l'équipe".

À la SNSM, partir en mer lorsque l'alerte est donnée, "c'est un devoir, on n'a pas le choix, alors la peur doit être présente, mais elle ne doit pas entraîner la panique, au risque de mettre l'équipage en péril. Mais on ne se prend pas pour des héros, la plupart du temps, on reste dans l'ombre..."

Les Sauveteurs en Mer. Station SNSM de Carro. CTT073. Après la terrible épreuve qui a touché, ce jour, la Station SNSM...

Publiée par Snsm Carro sur Vendredi 7 juin 2019
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