Huit policiers marseillais ont été interpellés portant à 12 le nombre de fonctionnaires de la Bac mis en cause dans une affaire de racket de dealers.
Huit policiers supplémentaires ont été placés en garde à vue mardi à Marseille dans le cadre d'une enquête pour vol ou l'extorsion d'argent, de stupéfiants et de cigarettes de contrebande. Quatre fonctionnaires de la Brigade anti-criminalité (Bac) du nord de Marseille avaient déjà été placés en garde à vue mardi dans la matinée, et des perquisitions avaient été menées dans leurs locaux.
Les suspects encourent jusqu'à 20 ans de réclusion criminelle. Leur garde à vue peut durer 96 heures. Ils sont soupçonnés d'avoir volé ou extorqué de l'argent ou des produits à des dealers et des vendeurs de cigarettes à la sauvette, selon le Procureur de la république de Marseille Jacques Dallest.
L'affaire a débuté en novembre 2011 quand la justice a eu vent, via le préfet de police de l'époque, Alain Gardère, et la délégation régionale de l'IGPN à Marseille, de "faits troublants" et de "renseignements assez convergents" concernant des fonctionnaires de la BAC nord. Une enquête préliminaire était ouverte par le parquet et des écoutes confortaient ces éléments, conduisant à l'ouverture d'une information judiciaire le 22 février, confiée à la juge Patricia Krummenacker.
Pour l'heure le procureur Dallest souligne qu'à ce stade de l'enquête, la hiérarchie n'était pas impliquée.
Ne pas jeter l'oppobre sur toute la police marseillaise
Cette affaire survient alors que les têtes viennent de changer au sommet de la police marseillaise, avec l'arrivée d'un nouveau directeur départemental de la Sécurité publique, Pierre-Marie Bourniquel, d'un nouveau préfet de police des Bouches-du-Rhône, Jean-Paul Bonnetain, et d'un nouveau directeur de la police judiciaire, Christian Sainte.
Pour David-Olivier Reverdy, représentant zonal adjoint du syndicat de policiers Alliance, "il est urgent d'attendre maintenant le résultat de l'enquête. S'il y a une tâche dans un service, on ne peut jeter l'opprobre sur toute la police marseillaise comme on a souvent tendance à le faire". Une opération "mains propres" avait déjà eu lieu dans la police marseillaise à l'été 2010 sur fond de coup de filet dans le milieu du grand banditisme.
Les dénonciations d'un policier révoqué
Selon une source proche du dossier à Marseille, cette affaire renvoie à des dénonciations faites dans la presse locale par un policier d'une trentaine d'années, révoqué en mars pour avoir relâché un dealer qu'il avait interpellé avec des produits stupéfiants, "sans en informer ni sa hiérarchie, ni le parquet". Début septembre, un homme se présentant comme cet ex-policier de la BAC Nord, avait témoigné sur France 3 Alpes-Provence, de dos et la voix modifiée, évoquant des vols d'argent, de drogue ou de scooters.
"L'argent coule à flot dans les cités et au lieu de faire notre boulot de flic, on va récupérer des jeunes dans des cités qui ont des sacoches ou de l'argent, puis on passe des petits deals: on les laisse repartir et on garde l'argent pour soi", avait-il dit notamment, indiquant avoir subi "des menaces" pour avoir voulu dénoncer ces faits.