Coup de filet parmi des policiers marseillais soupçonnés de vol et d'extorsion

Quatre policiers marseillais ont été interpellés mardi et des perquisitions menées dans leurs locaux dans le cadre d'une enquête judiciaire portant sur le vol ou l'extorsion d'argent, de stupéfiants et de cigarettes de contrebande.

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Le porte-parole de la Direction générale de la police nationale (DGPN), Pascal Garibian, a indiqué  que des fonctionnaires de la brigade anti-criminalité (BAC) du nord de Marseille avaient été interpellés par l'Inspection générale de la police nationale (IGPN, la "police des polices").
Le procureur de la République à Marseille, Jacques Dallest, a précisé à la presse que quatre fonctionnaires, des enquêteurs de l'équipe de jour de la BAC, qui ne sont pas des officiers de police judiciaire, avaient été placés en garde à vue et que d'autres interpellations étaient prévues.


7 policiers visés

Selon une source proche de l'enquête, sept policiers sont visés au total. Cette descente de l'IGPN intervient dans le cadre d'une information judiciaire ouverte en février pour "vols en bande organisée, extorsion en bande organisée, infractions à la législation sur les stupéfiants", qui fait encourir aux suspects jusqu'à 20 ans de réclusion criminelle. Leur garde à vue peut durer 96 heures.

Ils sont soupçonnés d'avoir volé ou extorqué de l'argent ou des produits à des
dealers et des vendeurs de cigarettes à la sauvette, selon M. Dallest. "Un certain nombre d'entre eux, apparemment, se payaient sur la bête ou prélevaient leur dîme en espèces ou en nature à des fins sans doute personnelles, ou peut-être pour accomplir leur travail d'infiltration du milieu délinquant", a affirmé le procureur, évoquant "une pratique assez répandue au sein de ce service et depuis assez longtemps".

L'affaire a débuté en novembre 2011 quand la justice a eu vent, via le préfet
de police de l'époque, Alain Gardère, et la délégation régionale de l'IGPN à Marseille, de "faits troublants" et de "renseignements assez convergents" concernant des fonctionnaires de la BAC nord.

Ouverture d'une information judiciaire en février 2012

Une enquête préliminaire était ouverte par le parquet et des écoutes confortaient
ces éléments, conduisant à l'ouverture d'une information judiciaire le 22 février,
confiée à la juge Patricia Krummenacker.
Si la suite des investigations fait apparaître des faits de corruption, "ils feront
l'objet d'un réquisitoire supplétif", a dit M. Dallest, en soulignant qu'à ce stade
de l'enquête, la hiérarchie n'était pas impliquée.
Cette affaire survient alors que les têtes viennent de changer au sommet de la
police marseillaise, avec l'arrivée d'un nouveau directeur départemental de la
Sécurité publique, Pierre-Marie Bourniquel, d'un nouveau préfet de police des Bouches-du-Rhône, Jean-Paul Bonnetain, et d'un nouveau directeur de la police judiciaire, Christian Sainte.


La réaction de David-Olivier Reverdy

Le représentant zonal adjoint du syndicat de policiers Alliance, a déclaré : "il est urgent d'attendre maintenant le résultat de l'enquête. S'il y a une tâche dans un service, on ne peut jeter l'opprobre sur toute la police marseillaise comme on a souvent tendance à le faire".

Une opération "mains propres" avait déjà eu lieu dans la police marseillaise à
l'été 2010 sur fond de coup de filet dans le milieu du grand banditisme.
Selon une source proche du dossier à Marseille, cette affaire renvoie à des dénonciations faites dans la presse locale par un policier d'une trentaine d'années, révoqué en mars pour avoir relâché un dealer qu'il avait interpellé avec des produits stupéfiants, "sans en informer ni sa hiérarchie, ni le parquet".
Début septembre, un homme se présentant comme cet ex-policier de la BAC Nord,
avait témoigné sur France 3 Alpes-Provence, de dos et la voix modifiée, évoquant
des vols d'argent, de drogue ou de scooters. "L'argent coule à flot dans les cités
et au lieu de faire notre boulot de flic, on va récupérer des jeunes dans des cités
qui ont des sacoches ou de l'argent, puis on passe des petits deals: on les laisse
repartir et on garde l'argent pour soi"
, avait-il dit notamment, indiquant avoir
subi "des menaces" pour avoir voulu dénoncer ces faits.

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