Des kalachnikov, des munitions, des brassards "Police", des explosifs,... les enquêteurs avaient fait de belles découvertes dans des garages de Marseille en 2013 et 2014. Aujourd'hui, 19 personnes se retrouvent devant le tribunal correctionnel de Marseille pour répondre de ces dépôts d'armes.
Membres du grand banditisme corso-marseillais, parrain à l'ancienne et figures montantes du narco-banditisme issu des cités : 19 personnes sont jugées à partir de mercredi devant le tribunal correctionnel de Marseille, et reflètent un milieu phocéen en pleine recomposition. Trois équipes de malfaiteurs distinctes, selon l'accusation, sont jugées jusqu'au
25 octobre, pour la possession de deux dépôts d'armes démantelés en 2013 et 2014. En toile de fond de ces associations de malfaiteurs, plusieurs règlements de comptes et un enlèvement crapuleux devraient être évoqués à l'audience, des traces génétiques de victimes ou d'auteurs présumés ayant été découvertes dans les boxes de parking cachant les armes.
17 armes dans des garages du 10ème arrondissement
En septembre 2013, dans ces garages d'une résidence située dans le 10e arrondissement de Marseille, les policiers avaient notamment découvert 17 armes longues ou de poing, dont deux Kalachnikov, des munitions, une grenade, des brouilleurs, des talkies-walkies, des brassards "Police"... Selon les enquêteurs, cet arsenal appartenait à l'équipe de la Capelette, nom d'un quartier de Marseille, dirigée par Jean-Louis Grimaudo, 28 ans, récemment apparu dans le monde de la criminalité marseillaise et victime en avril 2013 d'une tentative d'assassinat.
"Un malafaiteur de très haute renommée"
L'exploitation des ADN découverts sur divers objets conduisaient à la mise en cause de Robert Acariès, 45 ans, répertorié comme "proche du banditisme corso-marseillais", et de Gérald Campanella, "un malfaiteur de très haute renommée sur l'ensemble du territoire national". Ce dernier est en fuite, sous le coup d'un mandat d'arrêt.
C'est le seul prévenu qui était absent à l'ouverture du procès mercredi.
Un deuxième dépôt avec des explosifs
Un second dépôt d'armes, celui-là tenu par Robert Acariès, amenait à la saisie d'explosifs, de plusieurs fusils d'assaut... Dans son ordonnance de renvoi devant le tribunal, la juge d'instruction Karine Sabourin, spécialisée dans la lutte contre la criminalité organisée, fait état de "trois équipes particulièrement étoffées et structurées autour d'un chef non contesté, composées de membres aguerris à la criminalité organisée".
Des liens entre le bandistisme traditionnel et celui des cités
Ce dossier, écrit Mme Sabourin, "atteste de façon intéressante de connexions certaines entre ces équipes, semblant confirmer l'hypothèse selon laquelle il existe une certaine perméabilité entre le banditisme traditionnel et le néo-banditisme issu des cités marseillaises". Cette porosité était déjà pointée dans une note de juillet 2015, émanant la Direction interrégionale de la police judiciaire de Marseille dans laquelle on peut notamment lire que "ceux qui ont aujourd'hui le pouvoir au sein du milieu marseillais sont les chefs de clan issus des cités mais qui s'en sont émancipés et ont réussi à nouer des alliances d'opportunités avec une partie du milieu traditionnel".