L'ancien président de l'université de Toulon a commencé à comparaître ce lundi devant le tribunal correctionnel pour son implication dans une affaire d'inscriptions présumées frauduleuses et de trafic présumé de diplômes au bénéfice d'étudiants chinois.
Laroussi Oueslati, ancien président de l'université Sud Toulon Var, répond, à Marseille, de corruption, faux et détournement de fonds publics. Il a fait sept mois de détention dans le cadre de l'enquête, et avait démissionné après sa suspension par la ministre de l'Enseignement supérieur de d'époque, Valérie Pécresse.
Filière chinoise
L'accusation lui reproche d'avoir orchestré un système de corruption consistant à monnayer l'inscription d'étudiants chinois en échange de sommes d'argent ou de relations intimes entretenues avec deux étudiantes, maillons d'une "filière chinoise".Je n'ai jamais été malhonnête",
a déclaré le prévenu, qui compte plaider sa relaxe, à la barre. Rappelant qu'il avait redressé une université exsangue, "à la limite de la mise sous tutelle", il a précisé avoir voulu développer les effectifs par le recrutement d'étudiants asiatiques ou d'Amérique du Sud.
Reportage GIORGETTI Jean-François, ESNAULT Laurent, Vochelet Isabelle et Cambon-Cazal Sophie :
L'ancien président de l'université de Toulon a commencé à comparaître ce lundi devant le tribunal correctionnel pour son implication dans une affaire d'inscriptions possiblement frauduleuses et de trafic présumé de diplômes
au bénéfice d'étudiants chinois, qui avait secoué le monde de l'enseignement supérieur
en 2010.
"Ma seule crainte, c'était la baisse des effectifs", a-t-il expliqué. Evoquant "sept années d'une traversée du désert", Laroussi Oueslati a dit "éprouver un sentiment d'injustice" tout en reconnaissant "un sentiment de culpabilité car j'ai été imprudent, négligent et maladroit sur certains chantiers".
Ni l'instruction judiciaire ouverte en mars 2009, ni l'Inspection générale de l'administration de l'éducation nationale et de la recherche n'ont finalement démontré la délivrance indue de diplômes après modification des notes d'examen, a précisé la présidente du tribunal Christine Mée dans son exposé préalable des faits.
En revanche, l'accusation considère qu'en court-circuitant les commissions pédagogiques des unités de formation et de recherche de l'université, Laroussi Oueslati a permis l'inscription d'étudiants chinois qui n'auraient pas dû l'être en raison de leur faible niveau de français ou déjà refusés au sein des départements de l'université.
"Etudiants président"
Entre avril et novembre 2008, 438 étudiants, principalement chinois avaient été inscrits par le biais d'une commission centralisée d'admission, créée et dirigée par Laroussi Oueslati. Ces inscrits étaient surnommés les "étudiants président". Plusieurs étudiants chinois ont évoqué une "filière" via internet, une somme de 3.000 euros étant versée pour "acheter" une inscription. Certains "apporteurs d'affaires" assurent qu'une partie de cette somme était rétrocédée au président.Laroussi Oueslati est également jugé pour avoir signé un contrat d'attaché temporaire d'enseignement et de recherche à une doctorante ne pouvant y prétendre. Cinq co-prévenus, tous Chinois ou d'origine chinoise, sont également jugés, certains par défaut.
Seule Huimin Ren, ancienne maîtresse du président et intermédiaire présumée pour l'inscription d'étudiants, est présente sur le banc des prévenus. Face aux juges, elle s'est présentée comme un bouc-émissaire d'autres étudiants chinois, se disant victime de rumeurs.
Le procès doit durer jusqu'à vendredi.