"Vous avez toujours le choix de dire non". Une caravane de militants anti-mafia italiens est venue mardi à la rencontre d'adolescents marseillais en rupture sociale, pour leur faire prendre conscience de l'importance de la criminalité organisée dans leur ville.
explique Alessandro Cobianchi, avocat et cheville ouvrière de cette caravane.Quand on demande aux gens où se trouve la mafia, ils imaginent toujours que le problème n'existe que chez les autres,
Face à lui, une quarantaine d'adolescents réunis au sein du service territorial éducatif et d'insertion, qui accueille des jeunes suivis par la Protection judiciaire de la jeunesse. Ces adolescents s'accordent à dire que la violence et les armes font partie de leur quotidien, dans une ville marquée par le trafic de drogue et les règlements de compte, et semblent y voir un horizon indépassable : "Monsieur, c'est normal tout ça !" lance l'un des adolescents, en parlant des jeunes gens qui peuvent trouver la mort dans des fusillades.
Face à ce public concerné au premier chef mais dont l'attention est souvent difficile à capter, les militants anti-mafia dressent des parallèles avec des quartiers de Sicile ou du sud de l'Italie, tenus par la mafia, dans lesquels les habitants ont repris leur destin en main. L'enjeu : leur faire comprendre les mécanismes mafieux à l'oeuvre, par exemple derrière le trafic de drogue. Ce type de rencontres peut amorcer une réflexion chez ces adolescents, espère Luc Charpentier, directeur de la Protection judiciaire de la jeunesse (PJJ) des Bouches-du-Rhône, partenaire du projet. "Nous souhaitons leur faire comprendre que le deal vous détruit et vous tue, tandis que la loi vous protège", ajoute-t-il. La caravane anti-mafia, portée en France par la Ligue de l'enseignement et l'association italienne Arci, parcourt depuis plusieurs années l'Europe, avec des interventions en Allemagne, en Espagne, en France ou encore en Belgique. Avant Marseille, elle a fait étape auprès de jeunes en Corse.