Ratés au démarrage pour la métropole Aix-Marseille ce lundi

"Bordel", "pagnolade", voire "chaos" : l'annulation in extremis de l'élection du président de la métropole a relancé les querelles entre élus locaux, incapables de s'entendre autour de ce projet. 

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Pressenti pour présider cette entité regroupant les deux grandes villes rivales des Bouches-du-Rhône - Aix-en-Provence et Marseille - et des dizaines de petites communes qui redoutent de perdre leurs prérogatives, le maire de Marseille Jean-Claude Gaudin, devra patienter.

Le tribunal administratif de Marseille a suspendu, vendredi soir, deux arrêtés préfectoraux fixant le nombre et la répartition des sièges de la future métropole, ainsi que sa composition. Il était saisi, en référé, par quatre communes qui estimaient que les grandes villes étaient sur-représentées parmi les 240 sièges du conseil métropolitain au détriment des petites communes qui ne disposent, elles, que d'un siège. La tenue de la première assemblée métropolitaine, prévue lundi, était devenue "inenvisageable dans un tel chaos", selon Sylvia Barthelemy, l'élue UDI qui l'avait convoquée et l'a reportée sine die. 

"Ce report va engendrer des difficultés très importantes" et "risque notamment de compromettre le paiement des salaires du mois de janvier" pour les 7.500 fonctionnaires des intercommunalités actuelles, qui disparaîtront, et "la continuité des marchés publics en cours", a dénoncé Jean-Claude Gaudin.


Son entourage estime que l'élection du président a désormais peu de chances de pouvoir se tenir avant le 1er janvier, date à laquelle la métropole entrera de toute façon en vigueur, par l'effet de la loi.
L'élu Les Républicains en appelle donc "désormais au gouvernement (pour) apporter toutes les précisions nécessaires", afin que la métropole "puisse se mettre en place dans les meilleures conditions".

Opposante farouche à la métropole, sa camarade de parti et maire d'Aix-en-Provence Maryse Joissains, demande elle aussi à l'Etat d'intervenir, pour "décaler de six mois" la mise en place de la métropole, "compte tenu de la situation d'exception". Elle a, de son côté, directement saisi le Conseil d'Etat pour contester les arrêtés préfectoraux.

Maryse Joissains prête à en découdre ce lundi :



"Il va y avoir un bordel terrible, mais ce n'est pas de notre fait", s'est défendue auprès de l'AFP l'édile, qui suspecte M. Gaudin d'oeuvrer pour mettre en place la métropole, en accord avec le gouvernement, pour que sa ville "renfloue les conneries de Marseille", bien plus endettée.

- Ubuesque -

Avec d'autres élus opposés à la métropole, elle ne désespère pas de tenir la réunion de lundi, qu'elle est censée présider et dont elle veut faire une tribune : elle a annoncé maintenir sa venue au Palais du Pharo, où l'assemblée devait avoir lieu, avec une vue imprenable sur l'Hôtel de ville de son adversaire, M. Gaudin. 
La gauche, minoritaire dans la future institution et encore davantage marginalisée depuis les municipales, se gausse des divisions de la droite. La députée PS de Marseille Marie-Arlette Carlotti dénonce la "pagnolade" des Républicains, même si les opposants à la métropole se recrutent aussi à gauche. 
"C'est rocambolesque ! (...) Nous risquons de faire rire à nos dépens", ajoute-t-elle, appelant au vote "en urgence d'une loi pour clarifier la situation, éviter un long no man's land (juridique) et remettre la métropole sur les rails".
La situation "ubuesque" reflète le manque de préparation de la mise en oeuvre de la loi sur "une métropole à marche forcée, qui se construit dans le dos des élus, des agents, des collectivités et des citoyens", tonne Gaby Charroux, député-maire communiste de Martigues et rival de M. Gaudin dans la course à sa présidence. 
"Nous sommes très déçus. Il faut arrêter ces petits jeux entre élus de droite qui nuisent à l'intérêt général", a réagi la ministre de la Décentralisation Marylise Lebranchu, qui a promis de se pencher sur le dossier dès ce lundi matin. Voulue par le gouvernement, la métropole qui regroupera 92 communes sur 3.173 km2 et 1,83 million d'habitants, doit permettre de rattraper un certain nombre de retards, pointés récemment par l'INSEE : transports inefficaces et congestionnés, emploi et attractivité en berne, faible mixité sociale...
- avec AFP -
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