Votée hier à l'assemblée nationale, la création de la Métropole d'Aix- Marseille-Provence enterre le projet alternatif soutenu par la majorité des maires opposés au projet. Il s'agit de la troisième métropole votée par les députés après celles de Paris et de Lyon.
Les députés ont ouvert la voie à la création des métropoles de Paris, Lyon et Marseille, et d'une dizaine d'autres en province, lors de l'examen en première lecture du projet de loi sur la décentralisation, achevé dans la nuit de vendredi à samedi après quatre jours de débat.
Dans le texte initial de Marylise Lebranchu, les six intercommunalités existantes disparaissent au profit d'une seule entité de 1,6 million d'habitants. Ces dispositions avaient été votées en première lecture au Sénat avec l'appui du sénateur-maire (UMP) de Marseille, Jean-Claude Gaudin.
Mais le projet de métropole se heurte à l'opposition de très nombreux maires, de tous bords, des Bouches-du-Rhône. L'un d'entre eux, Jean-David Ciot, maire (PS) du Puy Sainte-Réparade, député et secrétaire fédéral du PS des Bouches-du-Rhône, a pris la parole dans l'hémicycle. "Ce soir, on n'ouvre pas un débat, je le regrette", a-t-il dit, dénonçant "un accord droite-gauche au Sénat qui bloque le débat à l'Assembléenationale".
Jean-David Ciot a notamment dénoncé "une sur-représentativité" de la ville de Marseille dans le nombre des sièges de conseillers métropolitains. "Vous pouvez redonner de l'espoir", a-t-il insisté avant que la querelle ne sombre avec deux autres élus PS, Patrick Menucci et Henri Jebrayel, très favorables au projet de métropole.
Echouant à obtenir une meilleure répartition, Jean-David Ciot a proposé, comme le Front de gauche Gaby Charroux, maire de Martigues, mais en vain, un projet alternatif à la métropole.
Celui-ci consistait en la création d'un étabissement public regroupant 92 communes du département qui respecterait "le principe de libre administration des collectivités locales".
Dominique Tian (UMP) s'est félicité que l'idée de la métropole "ait fait son chemin", rappelant le souhait de l'ancien président Sarkozy de créer de telles entités.
Il a aussi demandé mais en vain que la métropole s'appelle simplement "Marseille" pour couper court à toute revendication d'Aix de détenir le siège de la présidence.
Une mission de préfiguration pour la métropole sera désignée. La création est prévue pour le 1er janvier 2016.
DES COMPETENCES ETENDUES
Le vote solennel de l'ensemble du projet de loi, défendu par la ministre de la Réforme de l'Etat Marylise Lebranchu, est prévu pour mardi prochain, le texte devant ensuite repartir au Sénat après les vacances.
Les métropoles de droit commun, qui seront créées par décret, seront Toulouse, Lille, Bordeaux, Nantes, Strasbourg, Rennes, Rouen, Grenoble, Montpellier et Brest.
Elles s'ajouteront à la métropole de Nice, la seule actuellement existante, et à celles de Paris, Lyon et Aix-Marseille-Provence, qui disposeront de statuts spécifiques. Elles se substitueront aux intercommunalités existantes et disposeront de compétences étendues (développement économique, tourisme, transports, habitat, environnement, eau, etc).