"Nous aussi, on veut se montrer" : pourquoi les infirmiers libéraux prônent la convergence des luttes avec les agriculteurs

Ce mercredi, les infirmières et infirmiers libéraux sont mobilisés dans toute la France pour se faire entendre. Profitant de la mise en lumière des agriculteurs avec leur mouvement, les professionnels de santé tentent une convergence des luttes comme les taxis qui ont déjà rejoint le mouvement.

À Martigues, mercredi 31 janvier, les infirmières libérales se rassemblent dès 7 heures sous le viaduc pour ensuite se mobiliser sur une opération escargot à travers la cité lacustre. Le but de cette action est "de se faire entendre, au même titre que les agriculteurs". France 3 Provence-Alpes fait le point sur les raisons de ce mouvement et de cette colère des blouses blanches, avec Gaëlle Cannat, présidente des "Infirmiers libéraux en colère", un collectif asyndical IDEL (Infirmiers Diplômés d'Etat Libéraux)

Pour profiter du mouvement des agriculteurs

“On est trop silencieux, on ne nous voit pas”, explique Gaëlle Cannat. 

"On a rencontré des élus, mais personne ne parle de nous, rien ne remonte à l'Assemblée nationale. On reste invisibles, aucun mot de Gabriel Attal ce mardi 30 janvier dans son discours de politique générale", regrette l'infirmière.

"Alors qu’on a été là pendant la Covid, on était bien content de nous trouver, on était essentielles, mais on nous a vite oubliées", constatent Gaëlle Cannat et ses consœurs. 

Et c'est ce manque de visibilité qui pèse sur le moral des troupes.

"Comme on a vu que les agriculteurs se montraient, et ils ont bien raison, on va se montrer aussi", annoncent les infirmières déterminées.

"C’est une sorte de convergence des luttes, il y a des régions où les infirmiers vont manifester avec les agriculteurs, nous, on va faire opération escargot, et alerter sur notre situation", explique Gaëlle Cannat.

Ce que regrette la profession, c'est l'interdiction du droit de grève," moi, je vais manifester sur mon jour de repos et c’est le cas de la plupart d'entre nous. On n'a pas le choix, on doit se faire remplacer auprès de nos patients pour pouvoir donner de la voix, c'est pour cela que notre mobilisation n'est pas évidente", regrette la présidente du collectif IDEL.

Pour demander de meilleurs salaires

Pendant leur opération escargot, les infirmières libérales vont en profiter pour distribuer des prospectus avec leurs revendications. Et parmi celles-ci, une revalorisation salariale, "qui n'a plus eu lieu depuis 15 ans, alors que dans le même temps l'inflation, elle, a bondi de 28%", note Gaëlle Cannat.

"Le gouvernement a fait une concession l’an dernier, ils nous ont accordé 25 centimes d'augmentation par déplacement. Ce qui porte à 2 euros 75, le défraiement par déplacement". Un montant jugé tellement dérisoire, que passé la déception, c'est la colère qui a pris le dessus chez les infirmiers. "Pour nous, c’est vécu comme une gifle, quand les députés se sont augmentés de 300 euros et les sénateurs de 800 euros".

Pour mettre en lumière la désertification médicale

Les infirmières veulent aussi "alerter sur notre situation", qui aura un impact sur les citoyens.  "58% des infirmiers vont disparaître dans les cinq ans à venir, ils vont s’arrêter, car ce n'est plus possible de continuer", prévient Gaëlle Cannat.

Et dans ce message pessimiste, les infirmiers sont catégoriques, "il y aura des territoires plus touchés que d'autres". Et sans surprise, les premières zones impactées seront," les zones rurales qui sont déjà des déserts médicaux".

Le cri d'alarme est clair “les gens n’auront plus rien à la campagne”. Ce n'est pas une menace mais "un phénomène que l'on note déjà avec les médecins et les spécialistes. Et cela va s'accentuer avec la disparition des infirmières qui font déjà plus que ce qu'elles devraient dans ces zones", souligne l'infirmière qui regrette de ne pas arriver à faire passer ce message.

Pour faire reconnaître la pénibilité du métier

Dans certains métiers durs physiquement ou avec des horaires compliqués, le gouvernement a reconnu la pénibilité du métier pour raccourcir la durée de cotisation pour l'accès à la retraite. 

Chez les infirmiers, "aucune pénibilité n'est reconnue, alors que l'on coche toutes les cases ou presque. Nous avons des horaires très étendus, nous nous levons très tôt et finissons très tard, nous pouvons travailler jusqu’à 15 jours d'affilée sans jours de repos, certains de nos patients que nous manipulons sont lourds donc nous portons des charges lourdes", énumère Gaëlle Cannat. 

Une pénibilité qui va de pair avec une "espérance de vie réduite de quatre ans dans notre métier" indique l'infirmière qui ne se projette pas de façon positive "Cela signifie que l'on part plus tard en retraite, en moins bonne santé et qu'en plus, on ne profitera même pas de notre retraite".

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