Depuis 30 ans, l'association marseillaise "Maths pour tous" montre que contrairement à ce que certains pensent, les maths ne sont pas que des calculs.
"Vous voyez le point commun entre le jonglage et la gestion d’un aéroport ?", demande Laurent Beddou, professeur de mathématiques dans le secondaire. "Dans un aéroport, les avions ne doivent pas se toucher, ni atterrir sur la même piste. C'est pareil pour les balles du jongleur. Ainsi, poursuit-il, l'étude de la théorie du jonglage a un lien mathématique caché avec la gestion des avions". Alors que le classement Pisa dévoilé mardi 5 décembre, montre que le niveau des élèves français en mathématiques a encore chuté, certains se délectent de cette matière.
"Partir de quelque chose de concret et s’amuser en développant des outils"
Pour Laurent, ce professeur qui est aussi vice-président de “Maths pour tous”, une association marseillaise, les mathématiques c’est : "partir de quelque chose de concret et s’amuser en développant des outils qui permettent de construire des ponts entre des mondes qui, à nos yeux, n’ont pas de lien entre eux." Comme ici entre le jonglage et la gestion de l’aéroport.
D’aussi loin qu’il se souvienne, Laurent Beddou a toujours eu "la passion des mathématiques". Engouement qu’il partage avec les plus de 150 membres de "Maths pour tous". Professeurs du secondaire, chercheurs, étudiants ou jeunes de la primaire au lycée : "On est un groupe de passionnés", sourit-il.
Parmi les diverses activités de l’association figure le club de maths pour les jeunes entre 14 et 20 ans. Les ateliers se déroulent les mercredi et samedi après-midi à la FRUMAM (Fédération de Recherche des Unités de Mathématiques de Marseille), ou au CIRM (Centre international de rencontres mathématiques). "Ce sont comme des maisons d’artistes mais pour les mathématiques", plaisante Laurent Beddou.
"On nous pousse rarement à utiliser notre créativité"
Alfred, 16 ans est en classe de 1ère à Avignon. Depuis septembre, il se rend plusieurs fois par mois à Marseille pour participer au club de maths.
"Les maths en cours, c'est enseigné de manière théorique, raconte-t-il. On apprend par cœur des choses et on nous pousse rarement à utiliser notre créativité." Lors des séances du club de maths le samedi, "on comprend que les maths permettent d'expliquer tout ce qui se passe", s'enthousiasme celui qui rêve de devenir physicien.
Aujourd’hui au @_CIRM, pour la journée des lycéens, on a parlé de One Piece et Wano Kuni puis de la période d’Odo et de broderies japonaises pour arriver au sujet central les tapis d’Hitomezashi. Les élèves ont kiffé et moi avec, activité péda #maths ici : https://t.co/alBwnECT0u pic.twitter.com/zCRteBJ2lM
— 🐘taovacano@framapiaf.org (@taovacano) November 9, 2023
L'adolescent se souvient d'une séance au cours de laquelle ils ont appris "comment gagner à chaque fois à des jeux comme le taquin ou le Rubik's Cube". "On a aussi pu prouver que certaines configurations du taquin ne pouvaient pas être résolues, complète-t-il. Ça demandait d'utiliser des mathématiques d'après le lycée : c'était sympa !"
En dehors des cours, Alfred passe plus de 10 heures par semaine à faire des mathématiques. En plus du club de maths de Marseille, il est aussi membre du club de son lycée et effectue des stages de mathématiques à Lyon trois semaines par an. Pour lui : "quelqu'un qui dit ne pas aimer les maths, c'est quelqu'un à qui on a mal enseigné la matière".
Dans cette dynamique, “Maths pour tous” soutient la parution d'un livre sur l'histoire des mathématiques : Mathéopolis. Aux travers d'exemples concrets depuis l'Antiquité, l'ouvrage : "montre que les mathématiques sont une des clefs pour comprendre le monde", conclut Laurent Beddou. L'objectif est simple, que l'on cesse de se demander : les mathématiques, à quoi ça sert ?