"Vous me faites penser à Joseph Goebbels" : accusations d'antisémitisme, demande de démission... Bisbilles politiques dans un village près de Marseille

En plein conseil municipal d'Ensuès-la-Redonne, (Bouches-du-Rhône), le 2 avril dernier, lors des débats sur le vote du budget annuel, le maire Michel Illac a comparé son premier adjoint au bras droit d'Hitler, le nazi Joseph Goebbels. Une phrase qui a provoqué le départ des membres de l'opposition et la suspension de séance. Depuis, la démission du maire est demandée ainsi que des excuses.

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Après plus d'1h15 de conseil municipal, le 2 avril dernier, le maire d'Ensuès-la-Redonne, Michel Illac, ancien PCF, sans étiquette à présent, a lancé à son premier adjoint Frédéric Ounanian (sans étiquette) : "vous me faites penser à Joesph Goebbels". Une comparaison qui ne passe pas. Sur-le-champ, les élus de l'opposition se lèvent et quittent la séance, et après une suspension, le maire décide d'arrêter le conseil municipal avant le vote du budget.

Alors qu'une nouvelle programmation du conseil municipal est prévue pour le 16 avril, France 3 Provence-Alpes vous explique ces bisbilles. 

Excuses et démission demandées

La scène polémique a été entièrement filmée et diffusée dans une vidéo encore disponible sur la page Facebook de la ville. 

Depuis cet incident, les élus de l'opposition réclament la démission du maire, "il n'est plus digne pour nous", explique Frédéric Ounanian, visé par cette comparaison. "On n'a jamais dit que le maire était raciste. On a dit que les propos qu'il a tenus étaient racistes, xénophobes", nuance Frédéric Ounanian qui estime "que les mots de la langue française ont un sens et qu'il faut les utiliser à bon escient".

Dans un communiqué de presse, le groupe de l'opposition demande "un positionnement clair de la majorité municipale, en condamnant fermement les propos tenus par leur tête de liste".

"Ils nous disent ne pas cautionner mais en réalité, personne ne le dit publiquement", estime Frédéric Ounanian.

En entendant cette phrase, un élu de confession juive "a été choqué par ces propos et a pris aussitôt ma défense, car moi je restais sans voix", précise Frédéric Ounanian, avant que les élus de l'opposition quittent la salle.

Dans le communiqué, les élus d'opposition demandent également aux autorités (préfet et ministres) de "mener une enquête pour propos antisémites et xénophobes tenus à l'encontre d'un élu n'appartenant pas à la majorité municipale". Des excuses publiques sont aussi réclamées et une plainte à la gendarmerie de Carry-le-Rouet a été déposée pour les mêmes motifs.

Les explications par communiqué

À son tour, Michel Illac s'est exprimé sur cette affaire par voie de communiqué et sur ses réseaux sociaux. 

L'édile dénonce "l'attitude des élus d'opposition en général et celle de Frédéric Ounanian en particulier",  Il pose la question sur la liberté d'expression politique : "Justifie-t-elle des attaques personnelles ? Des injures, des insultes ? Ce qui n'a rien à voir avec les sujets débattus". 

Une position que réfute le premier adjoint. Le maire recontextualise le moment où les propos ont été tenus. Mais pour Frédéric Ounanian, les explications ne tiennent pas. "C'est quelque chose qu'il avait préparé pour me toucher personnellement, parce qu'on voit qu'il lit ses notes à un moment".

Les échanges sont intervenus à 1h18, dans la vidéo diffusée sur le Facebook de la commune. 

Le maire se défend également de n'avoir pas pu donner la suite des explications. "J'ai dû répondre par une prise de parole immédiatement tronquée par le comportement de Mr Robert Fahl qui m'a empêché de développer ma pensée et a permis une interprétation fallacieuse".

Il explique dans son communiqué avoir voulu dire "plus le mensonge est gros plus ça passe". Se défendant de tout lien avec la "xénophobie et l'antisémitisme".

Michel Illac parle de "manipulation et d'amalgame" et fait référence à son parcours politique et aux valeurs qu'il défend depuis toujours.

Une discorde de longue date

Les deux hommes se connaissent très bien et sont élus à la mairie d'Ensuès-la -Redonne depuis 2008. Avant d'être dans l'opposition, Frédéric Ounanian était dans la majorité municipale, jusqu'à des différends portant notamment sur la sécurité dans les calanques. Depuis les deux hommes sont en opposition et s'affrontent très souvent par joutes verbales aux différents conseils municipaux.

S'il se défend d'être un prétendant au fauteuil de maire pour les prochaines municipales, Frédéric Ounanian regrette que la commune soit passée à côté de la possibilité de construire des logements sociaux et que cela ait un coût pour la municipalité avec les pénalités financières que cela comporte. Le débat du conseil municipal portait sur cela au moment où les échanges se sont tendus.

Le prochain conseil municipal aura lieu le 16 avril à 18h30.

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