Confinement : Cammas, Rongier, Manaudou..., comment les sportifs de haut-niveau restent au top ?

Confinés depuis quatre semaines, les sportifs de haut niveau continuent de s'entraîner chez eux, comme ils peuvent. Franck Cammas, Valentin Rongier, Florent Manaudou, Fabien Lamirault, tous n'ont qu'un objectif : rester au top pour le retour à la compétition.

"On n'y peut rien, ça sert à rien de s'énerver. On s'adapte ça fait partie de nos qualités de sportifs de haut niveau. Il faut prendre le bon côté des choses".

Comme le champion du monde de BMX Sylvain André, habitant en Vaucluse, ils sont des milliers de sportifs de haut niveau bloqués à la maison partout en France.

Ligue 1, Ligue 2, compétitions de voile, préparation aux prochains Jeux paralympiques et olympiques, le rythme était soutenu début mars pour le pongiste Fabien Lamirault, le nageur marseillais Florent Manaudou ou le navigateur aixois Franck Cammas et leurs objectifs à atteindre clairs : des victoires et des médailles.

Mais avec l'épidémie de coronavirus en France et dans le monde, tout s'est arrêté.

Avant d'entretenir leur corps, il a fallu composer avec le mental.

"Je suis sportif, mais citoyen avant tout. Il y a plus malheureux que nous et puis le confinement devrait s'arrêter dans quatre semaines normalement", indique Fabien Lamirault, double médaillé d'or aux Jeux paralympiques de Londres 2016 en tennis de table.

Habitué au confinement sur les eaux du globe, le navigateur Franck Cammas gère aussi bien la situation.

"L'eau me manque même si j'ai l'habitude d'être dans le bateau, où je n'ai pas l'impression d'être confiné car il y a des choses à faire entre la navigation, se faire à manger et gérer la compétition", raconte Franck Cammas.

Des champions au mental d'acier

Psychologue du sport à Nice, Virginie Lemaire De Bressy travaille actuellement avec des golfeurs, athlètes ou vététistes. Pour elle, cette période permet également aux sportifs "de développer le côté mental", aspect très important pour le haut niveau.

Après quatre semaines de confinement, aucun des sportifs qu'elle suit "n'a montré de signe de dépression. La manière à gérer est propre à chacun. Ils ont des réactions différentes et en général, ils en tirent le meilleur".

Du temps pour tester, échanger avec des professionnels et garder leur mental d'acier.

"Ces techniques mentales prennent du temps et là, ils en ont. Du temps pour la relaxation, mais aussi pour eux de comprendre la valeur que la compétition a pour eux quand ils l'ont perdue. Certains sont en général stressés d'être en compétition et là, cette période montre qu'ils en ont besoin", rapporte la psychologue.

Une préparation technique et physique

A Concarneau (Finistère), Franck Cammas continue de travailler entre chez lui et la base nautique. Une partie de son quotidien se concentre sur l'outil informatique, la connaissance du bateau.

"Nous rejouons les courses, le confinement nous permet de la revivre plus intensément".

Mais pour le navigateur, l'aspect physique est aussi très important. Franck Cammas alterne entre le travail en salle, comme de la boxe, et quelques sorties. Il réalise notamment des fractionnés avec une colonne winch permettant de se muscler le haut du corps tout en alternant avec des étirements.
Ca rame, ça pompe, ça winch pour Franck Cammas

Ca rame, ça pompe, ça winch... Comme Franck Cammas, Manaudou, Rongier et tant d'autres, comment font les sportifs de haut-niveau pour rester au top même pendant le confinement ? ? https://france3-regions.francetvinfo.fr/provence-alpes-cote-d-azur/confinement-cammas-rongier-manaudou-comment-sportifs-haut-niveau-restent-au-top-1816150.html Franck Cammas Groupama @Olympique de Marseille

Publiée par France 3 Provence-Alpes sur Mercredi 15 avril 2020
Le navigateur effectue également des exercices de pompes, d'abdominaux avec ou sans poids sur des périodes courtes, des altères et du tapis en salle.

"Je ne peux plus trop sortir ou faire du vélo. L'endurance, notamment, est plus difficile à travailler, mais il faut que je reste en forme pour après le confinement", rapporte Franck Cammas.

Priorité aux exercices de musculations

Tous les jours depuis le début du confinement, Fabien Lamirault réalise chez lui à Nans-les-Pins (Var) des exercices de renforcement musculaire dans son garage ou son jardin.

Double médaillé d'or aux Jeux paralympiques de Rio en 2016, le pongiste vit "sereinement la période actuelle".

Les Jeux paralympiques de Tokyo 2020 reportés à 2021, Fabien Lamirault n'a pas d'échéance à court terme. Pourtant, cela ne l'empêche pas de continuer à s'entraîner, mais sans la raquette.

"Je n'ai personne pour taper la balle alors je me renforce musculairement pour pas tout perdre. J'essaye d'adapter mon alimentation mais avec les enfants tout le temps ce n'est pas facile. Bref, le plus important c'est la santé et d'être ensemble, pour le sport, on verra ça après l'été", affirme le pongiste. 

Sans JO mais toujours des exercices

Comme Fabien Lamirault, Sylvain André (BMX) et Florent Manaudou (natation) n'iront pas à Tokyo cet été. Les deux sportifs s'entraînaient dur en vue de la compétition olympique, mais le coronavirus a stoppé leur élan.

Le nageur marseillais a laissé la Turquie, où il se préparait pour l'olympiade, pour regagner sa ville et respecter le confinement. Florent Manaudou en profite sur les réseaux sociaux pour se rappeler cette période d'effort turque. 
Le nageur continue aujourd'hui de garder la forme physique grâce à des exercices de musculation et de gainage sur sa terrasse marseillaise.

Par contre en raison de l'épidémie, lui qui n'est "pas adepte des joggings", ne peut profiter des bassins.

De son côté, Sylvain André, champion du monde 2018 de BMX est confiné avec sa famille en Vaucluse.

Habitué à s'entraîner seul, l'athlète continue la musculation, avec quatre séances de 1h30 voir 2 heures par semaine, mettant parfois sa fille à contribution pour un "Tuto Gym".Le spécialiste de BMX fait avec les moyens du bord. "Je n'ai pas de salle mais j'ai de quoi faire de la musculation dans mon garage. J'en fais plus que d'habitude", explique le sportif.

"Par contre le vélo ça manque, c'est la partie fun de mon sport. Je sors dans la rue devant chez moi, faire quelques sprints sur du plat et varier les exercices, mais c'est plus compliqué de se motiver seul en extérieur qu'à la maison avec ma femme et ma fille", confie le champion.

Trois jours avant, alors que les Jeux olympiques n'avaient pas encore été reportés, Sylvain André a subi un contrôle antidopage chez lui. La compétition s'arrête, mais pas l'entraînement, ni la lutte antidopage, ce que le sportif n'a pas trop apprécié en plein confinement.

Des plannings pour ne rien lâcher

La quasi-totalité des sportifs de haut niveau dispose actuellement de plannings, réalisé seul ou par un préparateur physique, s'adaptant à l'actualité et à la prolongation du confinement.

"L'entraînement en confinement se concentre plus sur l'aspect physique. Un cadre strict avec des périodes planifiées, exercices-pauses, permet d'éviter le relâchement, explique Virginie Lemaire De Bressy, car en cas de relâchement total, le sportif se sent moins capable voir inutile et cela peut créer un burn-out".

C'est le cas notamment des joueuses de l'Olympique de Marseille. Leurs préparateurs physiques leur concoctent des séances pour attendre la reprise de l'entraînement et éventuellement la compétition dans les prochaines semaines.

Après 4 à 5 séances hebdomadaires, les olympiennes sont passés à 3 par semaine avec notamment de la course à 80 % de la vitesse maximale aérobie sur 8 à 10 minutes, des sorties plus longues sur 30 à 35 minutes.

"C'est une heure par jour de séance ou deux heures maximum avec trois heures d'intervalle. Certaines mineures ne peuvent pas sortir, alors on adapte avec près de 500 exercices avec ou sans matériel disponible dans une vidéothèque mise à leur disposition", explique Thomas Lebègue, préparateur physique des féminines de l'OM.

Avec son staff, le Marseillais Nicolas Usaï, entraîneur à Châteauroux en Ligue 2 a aussi prévu un programme athlétique, la reprise du championnat n'étant pas encore actée.

"C'est pour de l'entretien avec des courses de 45 minutes à 10/12 km/h plus du fractionné en course mais également du gainage et de la musculation abdo, pompes. Il faut qu'il soit prêt à reprendre l'entraînement à tout moment", reconnaît Nicolas Usaï.

...mais également des défis

Outre les exercices classiques de motricité, d'étirements ou avec ballon selon l'espace disponible chez les sportifs, la musculation est au cœur de l'entraînement en confinement.

Le milieu de terrain de l'Olympique de Marseille, Valentin Rongier, s'y adonne comme lors de sa reprise du défi lancé par le footballeur Cristiano Ronaldo.

Le challenge est simple, battre le Portugais sur un exercice d’abdominaux. Pour ce faire, il faut réaliser plus de 142 répétitions en 45 secondes. Valentin Rongier a essayé, l'occasion de se tester et de garder la forme. Avec un total de 66, l'olympien est bien loin du joueur de la Juventus Turin.

Le confinement est également l'occasion pour certain d'allier sport et plaisir. L'olympien Florian Thauvin et sa compagne Charlotte Pirroni se sont fait des passes autour de la réplique de la Coupe du monde de football.

Avec sa compagne, Franck Cammas s'exerce aussi au fitness grâce à des coachs sur Youtube.

"C'est facile à faire sans sortir de chez soi. C'est à la portée de tous, il suffit juste de se lancer", selon le navigateur aixois.

Des installations maison 

Les sportifs haut-alpins se sont aussi bien adaptés à la situation. Le vététiste Stéphane Tempier s'est installé un vélo à la maison, manière idéale de faire des kilomètres avec son propre matériel de course.

La Briançonnaise Salomé Romain s'est construit son propre mur d'escalade pour continuer à grimper dans son salon.

Le parapentiste Damien Lacaze est lui complétement bloqué, mais cela ne l'empêche pas de garder le sourire et de s'équiper chez lui.

Garder le moral

Le suivi régulier et les échanges téléphoniques des entraîneurs et des préparateurs physiques avec les athlètes permettent à ces derniers de "garder le moral".

"Nous sommes quatre pour suivre une vingtaine de joueuses. Nous les avons deux fois au téléphone par semaine et tous les jours sur des messageries instantanées. Outre le physique, le moral et le mental sont primordiaux pour nous", rapporte Thomas Lebègue, préparateur physique des féminines de l'Olympique de Marseille.

Pour garder les sportifs concentrés en vue d'une reprise de la compétition malgré cette crise sanitaire, certains ont dû gérer l'éloignement familial.

"A Châteauroux, nous avons des joueurs africains qui n'ont pu rentrer dans leur famille. Leur situation n'est pas facile donc on échange régulièrement avec eux car la solitude peut leur peser", raconte le Marseillais Nicolas Usaï, revenu lui se confiner en famille dans la cité phocéenne.

Un repos salvateur

Au-delà du mental et du physique, le confinement laisse également des plages de repos aux sportifs. Moins d'entraînements, aucunes compétitions, ce changement de calendrier est aussi salvateur pour certains.

"Cela permet de faire un retour sur soi, sur son corps, d'être plus équilibré et de relâcher la pression", déclare Virginie Lemaire De Bressy.

Par obligation et par volonté, les sportifs délaissent leur quotidien centré sur la recherche de la performance, pour revenir à l'essentiel, leurs proches et le repos.

"Je profite de ma fille de 11 mois, ça fait du bien de la voir grandir", rapporte Sylvain André.

Mais nombreux attendent impatiemment la fin du confinement, le retour sur l'eau ou à la compétition.

"Ce n'est pas très clair pour nous en ce moment, mais nous espérons après le 11 mai une autorisation de naviguer. Pour l'instant, nous pouvons faire des sorties pour tester le bateau dans le port, mais le large me manque", admet le navigateur Franck Cammas.

Le parapentiste haut-alpin Jean-Baptiste Chandelier avait déjà tout préparé pour sortir sa voile et reprendre ses performances exceptionnelles. Lui, qui ne peut pas voler en raison du confinement, a soigneusement ranger son matériel dans son van pour être prêt le 11 mai ou après. 

Aucune date de compétition sportive en 2020 n'a pour le moment été décidé, sauf le Tour de France cycliste qui aura lieu du 29 août au 20 septembre.
 
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