En vue du déconfinement et afin d'assurer la sécurité sanitaire des salariés, de nombreuses entreprises décontaminent leurs locaux. La start-up marseillaise "C4Diagnostics", spécialisée dans le diagnostic de maladies infectieuses développe son activité pour traquer le SARS-COV2.
La société ACCEO est un bureau d'étude en bâtiment et environnement. L'entreprise à 220 collaborateurs en France, dont 50 travaillent au siège social, situé à Gémenos (Bouche-du-Rhône). Tous attendent le 11 mai et la fin du confinement pour reprendre leurs postes.
Ce lundi matin, dans les locaux du siège, seule une technicienne, équipée de vêtements de protection, est présente. Armée d'écouvillons, elle traque d'éventuelles traces de SARS-COV2, le virus du Covid-19. Le protocole de prélèvement est stricte, un cadre gabarit de 25 cm2 permet d'avoir le bon geste technique.
Le coton de l'écouvillon est imbibé d'une substance qui optimise la conservation des traces du virus.
Poignées de portes, claviers d'ordinateurs, boutons de machines à café ou d'ascenseurs, écrans tactiles de la photocopieuses, s'il existe encore des traces du SARS-COV2, elles sont forcément sur les surfaces que l'on touche avec les mains.
L'établissement a déjà été décontaminé, mais les dirigeants veulent des garanties. Pour vérifier l'absence du virus du Covid-19, ACCEO a fait appel à une société spécialisée, C4Diagnostics.
"On a eu plusieurs cas de Covid parmi les employés, la maladie s'est déclarée après le confinement, mais ces tests nous rassurent et rassurent les salariés", indique Maxime Dupuy, responsable marketing de ACCEO. Il ajoute que le confinement a considérablement freiné l'activité de l'ntreprise.
Une start-up marseillaise
La start-up marseillaise C4Diagnostics est spécialisée dans le diagnostic des maladies infectieuses et respiratoires comme la légionellose. Depuis début avril, un partenariat avec le bataillon de marins-pompiers de Marseille, baptisé COMETE (COvid-19 Marseille Environmental TEsting) a permis de valider des tests de diagnostic de présence du SARS-COV2, le virus du Covid-19."Si des traces de virus sont présents sur une surface ou dans l'air, les tests que nous avons développé sont capables de les détecter", assure Younès Lazrak, président de C4Diagnostics.
Depuis la mise en place de COMETE, plus de 1.000 tests ont été réalisés avec les pompiers. 4 à 5 % des prélèvements étaient positif, ce qui a permis de confirmer la présence du virus dans des casernes ou des ambulances.
"Le succès de cette opération fait que nous avons commencé à recevoir des sollicitations de tiers qui souhaitaient eux aussi vérifier l'état de contamination de leurs locaux et équipements", explique Younès Lazrak.
Pour répondre à la demande, la société a créé une filliale, C4Services, capable de réaliser jusqu'à 560 tests par jour.
Parmi les clients, des collectivités locales, des grandes entreprises, notamment celles dont le personnel travaille en milieu confiné. Il y a aussi des sociétés qui travaillent sur la décontamination et qui veulent valider leurs procédures.
Conserver l'intégrité du virus
"Les tests réalisés sur l'homme et ceux réalisés sur les surfaces ou dans l'air sont très différents. La difficulté, c'est la technique de prélèvement et surtout, la conservation du virus", indique le patron de C4Diagnostics.Sur le terrain, le technicien de C4Services est équipé de vêtements de protection, pour ne pas être contaminé par le virus, mais également pour ne pas contaminer à son tour, la zone de recherche. Dans le cas de la société ACCEO, les prélèvements sont réalisés par ses techniciens, formés et habilités à cette fonction.
Une fois le prélèvement effectué, l'écouvillon est ensuite placé dans un triple emballage (tube rigide, sachet plastique avec absorption des fuites et enfin, un boîtier étanche et résistant à une pression de 95 kilo-pascal).
"Même en cas d'accident de voiture, les prélèvements seraient conservés", précise Younès Lazrak.
Un laboratoire de type P2+
Les prélèvements sont acheminés au laboratoire de C4Diagnostics, un laboratoire de type P2+, capable de traiter, en toute sécurité, des virus comme la grippe, la légionellose ou le SARS-COV2."Ici, le laboratoire est conçu pour que le personnel et le virus soient isolés. C'est évidement important de protéger le personnel, mais c'est aussi fondamental de conserver l'intégrité du virus", explique Younès Lazrak".
Le laboratoire peut analyser jusqu'à 560 échantillons par jour. Le résultat est obtenu en 24 heures. "Si le client est pressé, on peut obtenir des résultats en 7 heures, mais pas à grande échelle pour le moment", ajoute-t-il.
L'analyse en laboratoire
L'analyse en laboratoire est similaire à celle réalisé pour l'homme, c'est la méthode RT-PCR. Un virus, c'est une information génétique que l'on appelle ARN, fixée sur une capsule (pour simplifier)."L'analyse s'effectue en deux étapes, la première consiste à transformer l'ARN en ADN et la deuxième étape consiste à multiplier plusieurs fois cet ADN pour pouvoir la voir", explique Younès Lazrak.
Sur un navire de croisière, des traces de SARS-COV2 ont été retrouvées sur une surface, 17 jours après avoir été contaminée.