Dans l'air et sur les surfaces, quand les marins pompiers de Marseille traquent le coronavirus

Avec leur laboratoire mobile et l'aide d'une start-up marseillaise C4Diagnostics, les marins-pompiers traquent le virus du Covid-19 dans l'air et sur les surfaces. 1.000 prélèvements ont déjà été réalisés. Pour le moment, les tests réalisés dans l'air sont tous négatifs.

Expert dans la lutte contre la menace bioterroriste et les poisons comme l'anthrax, précurseur en matière d'analyse de fumées toxiques, le bataillon des marins-pompiers de Marseille s'attaque depuis début avril, au coronavirus.

Pour cela, il dispose de l'un des cinq laboratoires mobiles français dans le domaine de la sécurité civile.

"Mais notre idée est aujourd'hui de développer une capacité de réaction rapide face aux menaces biologiques et notamment aux risques d'une future résurgence de ce virus, ou d'un autre d'ailleurs", explique le contre-amiral Patrick Augier.

"Nous étions déjà à même de détecter la présence dans l'environnement des 16 agents de la menace pathogène, dont ces agents de guerre comme l'anthrax ou la ricine, détaille Patrick Augier, avec la crise du Covid-19 nous avons décidé d'aller plus loin en nous dotant d'un outil pour déceler ce nouveau virus".

Si détecter le virus sur une personne est une chose, le repérer dans l'environnement est plus complexe.

Mais cela pourrait être indispensable à l'heure du déconfinement, "pour s'assurer par exemple que telle usine n'est pas contaminée, ou tel site très fréquenté par le public", plaide le commandant du bataillon des marins-pompiers.

1.000 prélèvements réalisés

Pour se lancer dans cette bataille, le contre-amiral Augier a entraîné plusieurs entreprises françaises dans son sillage, dont C4Diagnostics, une start-up marseillaise basée sur le campus de Luminy.

Ensemble, ils ont monté le projet COMETE (pour COvid-19 Marseille Environnemental TEsts). L'objectif, traquer le SARS COV2, le virus du Covid-19, partout où il se trouve, sur les surfaces, mais aussi dans l'air. 

1.000 prélèvements ont été réalisés depuis le début de l'opération, essentiellement dans les casernes et les ambulances, mais aussi sur plusieurs sites sensible, en collaboration avec la police municipale et les sapeurs-pompiers des Bouches-du-Rhône.

Des prélèvements ont été également réalisés sur le porte-avions Charles De Gaulle. Une reflexion est en cours sur des tests à effectuer dans les écoles de Marseille et comment répondre aux besoins de la ville.

"Pour l'instant, les tests effectués dans l'air n'ont pas révélé la présence du virus", indique le commandant des marins-pompiers. Une information qui pourrait répondre aux inquiétudes liées à cette pandémie.

"On n'a pas encore la certitude que le virus ne circule pas dans l'air, pour cela, il faut faire encore beaucoup de tests", précise Younes Lazrak, le patron de C4Diagnostics, qui analyse les prélèvements en laboratoire.

Sur les surfaces, "4 à 5 % des prélèvements se sont révélés positifs au coronavirus", rapporte le bataillon. Des échantillons positifs ont été relevés notamment sur des poignées de portes dans des casernes du bataillon.

Depuis le début de l'épidémie, plusieurs pompiers ont contracté la maladie et ont aussitôt été placés en quarantaine, mais "avant qu'ils ne présentent des symptômes, ils ont pu poser leurs mains sur des poignées de portes ou des boutons de machine à café par exemple, ce qui montre l'importance de se laver très régulièrement les mains", précise le bataillon.

Le constat des prélèvements positifs dans les casernes a conduit le bataillon à investir dans de nouveaux moyens de désinfections, comme des lampes ultraviolet à haute pression pour décontaminer des petites surfaces (clavier d'ordinateur), générateurs d'ozone et générateurs de chaleur. Le moyen utilisé dépend de la surface à désinfecter.

"Le dispositif monte en puissance, nous avons actuellement quatre équipes sur le terrain, ce qui nous permet de traiter quatre sites en même temps", conclut le bataillon.

De sept à bientôt une heure pour un résultat

Tout part donc des marins-pompiers, chargés de prélever le "matériel biologique" à tester dans les endroits suspects de contamination par le nouveau coronavirus. Par exemple dans leurs ambulances ayant servi à transférer des malades vers les hôpitaux marseillais.

Puis ces écouvillons sont placés dans une solution de conservation, afin de préserver intact l'ARN (acide ribonucléique) du virus potentiel.

C'est alors le début de la procédure dite PCR (réaction en chaîne de la polymérase), avec l'extraction de cet ARN, puis la lecture de ce code génétique: pour cela, il est d'abord transformé en ADN (acide désoxyribonucléique), puis amplifié. Et le verdict tombe.
"Entre l'arrivée de l'échantillon chez nous, puis son analyse chez HalioDX, une PME elle aussi installée à Luminy, un des autres partenaires de Comete, nous avons le verdict en sept heures maximum", explique Younes Lazrak.

En pratique, les prélèvements arrivent au laboratoire à 11 heures et les résultats sont communiqués à 18 heures. Et ce délai devrait être encore raccourci, à une heure à peine, quand les marins-pompiers récupéreront les "cassettes" de tests commandées auprès du laboratoire bioMérieux. Ces cassettes qui seront directement lisibles dans l'amplificateur d'ADN embarqué à bord de leur laboratoire mobile.

"Les marins-pompiers pourront analyser rapidement un ou deux prélèvements, ce qui permettra d'apporter une réponse immédiate", ajoute le patron de C4Diagnostics. "Dans quelques jours, nous pourrons analyser 280 prélèvements par jour en laboratoire".

La lutte contre le nouveau coronavirus SARS-CoV-2 (SARS pour "Syndrome Aigu Respiratoire Sévère" et CoV pour "COronaVirus"), ne fait que commencer.
 
 
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