Ce mardi 21 avril, devant les parlementaires de l'Assemblée nationale, le ministre de l'Education nationale, Jean-Michel Blanquer, a annoncé les grands principes du retour à l'école pour tous les élèves. La reprise pourrait s'échelonner du 11 au 25 mai et par niveau de classe.
Le 13 avril dernier, lors de son allocution, Emmanuel Macron avait annoncé la réouverture des classes à partir du 11 mai indiquant: "C’est pour moi une priorité, car la situation actuelle creuse des inégalités. Trop d’enfants, notamment dans les quartiers populaires et dans nos campagnes, sont privés d’école sans avoir accès au numérique et ne peuvent être aidés de la même manière par les parents".
Des élus réticents
Dès lors, plusieurs personnalités ont pris position et se sont exprimées. A Villeneuve-Loubet (Alpes-Maritimes), le maire Lionnel Luca a indiqué qu'il ne mettrait pas le personnel municipal dans les crèches et les écoles, le 11 mai prochain.Dans les Bouches-du-Rhône, Martine Vassal, présidente du département et de la métropole Aix-Marseille-Provence a annoncé, lundi 20 avril, qu'elle était contre la réouverture des collèges à la date du 11 mai. Elle a adressé une lettre en ce sens au président de la République.
Dans un communiqué, la Fédération des conseils de parents d'élèves (FCPE) a émis quatre exigences à la reprise des cours le 11 mai prochain.? #COVID19 | Je suis contre la re-ouverture des #collèges, voilà Pourquoi !!! ? pic.twitter.com/q4PnjXx3QR
— Martine VASSAL (@MartineVassal) April 20, 2020
- Pouvoir respecter les gestes d'hygiène de base, à savoir se laver les mains plusieurs fois par jour, sous-entendu de prévoir la rénovation de tous les sanitaires avec savon et serviettes (gel hydroalcoolique à disposition, en fonction des classes d'âge) et désinfecter régulièrement les locaux et les matériels. Récréations et interclasses décalés pour que tous puissent y accéder. Pouvoir respecter les distanciations corporelles : classes allégées avec des groupes de 10 jeunes maximum, étalement des jours de classe, respect des distanciations dans les transports scolaires, multiplication des services de cantine.
- Permettre une reprise dans un bon environnement, avec des psychologues où ils seront demandés, des infirmières, des médecins scolaires… Préparer les élèves dès maintenant à ce que pourrait être la rentrée dans leur établissement. Aménagement des rythmes scolaires pour pallier aux effets de l’enfermement dû au confinement. Prévoir des temps d'échanges, d'expression libre pour mieux appréhender et analyser la crise.
- Sécuriser le périscolaire, notamment les centres de loisirs et garderies doivent répondre aux mêmes exigences que sur le temps scolaire pour pouvoir respecter les gestes barrières et la distanciation corporelle.
Le ministre prône un retour progressif par niveau de classe
Ce mardi 21 avril, auditionné par les parlementaires de la Commision des affaires culturelles et de l'education de l'Assemblée Nationale, le ministre de l'Education nationale, Jean-Michel Blanquer, a annoncé les grands principes du retour à l'école pour tous les élèves.Premier de ses principes, le respect des protocoles sanitaires et des classes en petits groupes, "pas plus de 15 élèves par groupe", a-t-il précisé.
Devant les députés, le ministre a indiqué que le retour en classe sera progressif et s'échelonnera sur trois semaines, du 11 au 25 mai et par niveau de classe.
La première semaine concernerait les élèves de grande section de maternelle, de CP et de CM2; la deuxième semaine ceux de Sixième, Troisième, Première et Terminale ainsi que les ateliers industriels en lycée professionnel. La dernière semaine concernerait tous les autres élèves.
Des grands principes et des aménagements locaux
Pour y arriver "l'élève sera dans quatre situations possibles", a-t-il précisé: soit en demi groupe, soit "à distance", soit à l'étude "si la configuration de l'établissement le permet", soit dans une activité sportive si la commune est en mesure d'en mettre en place.Il s'agit de "grands principes", mais il y aura "beaucoup de souplesse locale", a insisté le ministre.
Si une famille ne veut pas envoyer son enfant à l'école, ce sera possible mais dans ce cas, il aura l'obligation de suivre l'enseignement à distance: "un élève ne sera jamais en dehors de l'obligation scolaire".
M. Blanquer a aussi assuré qu'avant la réouverture des écoles, un "protocole sanitaire" serait établi, avec par exemple une doctrine établie sur la nécessité de tests ou le port du masque.
Quand les conditions sanitaires ne seront pas respectées, un établissement "ne rouvrira pas", a-t-il dit.
Une souplesse sera aussi laissée aux territoires pour apprécier la progressivité de la reprise. "On peut imaginer que dans certains endroits le confinement soit maintenu", a même souligné M. Blanquer.Progressif et social.
— Jean-Michel Blanquer (@jmblanquer) April 21, 2020
Le déconfinement se conçoit étape par étape.
J’ai présenté de premières hypothèses devant la Commission des affaires culturelles et de l'éducation.
Grands principes: respect du protocole sanitaire, petits groupes, personnalisation: https://t.co/x801jQIafY
Ces points, qui font l'objet d'une concertation avec l'ensemble des partenaires sociaux et collectivités "doivent encore être discutés", a précisé le ministre.
Le Premier ministre Edouard Philippe doit présenter un plan de déconfinement "à la fin du mois", a-t-il rappelé.
Renaud Muselier favorable à la ré-ouverture des lycées
Ce mardi matin, lors d'un entretien téléphonique, le président de la région Provence-Alpes-Côte d'Azur, Renaud Muselier, s'est dit favorable à la réouverture des lycées : "si on veut le faire, on trouve des solutions ou si on ne veut pas le faire, on trouve des obstacles", a-t-il déclaré.279 lycées et 195.000 lycéens dépendent de la région Provence-Alpes-Côte d'Azur.
Selon le président de la région, la priorité sera le respect des mesures barrières, notamment la distanciation, le lavage des mains et "les 4.000 agents (dépendant de la région) porteront des masques".
La situation évolue d'heure en heure, mais au moment de l'entretien, Renaud Muselier indiquait qu'un groupe de travail étudie avec l'Education nationale, les modalités de reprise.
"Il faudra aussi remettre en route les transports scolaires qui dépendent de la région", a-t-il ajouté.
Enfin, sur les risques liés au Covid-19, le président de la région insiste : "il faut remettre dans le circuit ceux qui sont peu contaminés et peu contaminants et protéger les plus fragiles", a-t-il conclu.
"Il faudra un temps d'adaptation"
Laurent Tramoni, secrétaire académique du Snes-FSU, indique que tous les enseignants sont pressés de revoir leurs élèves, mais qu'"il est hors de question de mettre en danger les enfants, les personnels et leurs familles".Selon lui, la question prioritaire est de savoir si les conditions sanitaires seront respectées (masques, gants, désinfection des locaux et du matériel).
"La date du 11 mai me semble prématurée", indique le responsable syndical.
Le jour de la reprise, il ne faut à reprendre les cours comme avant. "Le confinement a posé des problèmes scolaires, malgré les efforts des enseignements à distance, il y a eu des décrochages et des inégalités", explique Laurent Tramoni, "les cours en ligne ont permis de maintenir des acquis, pas de progresser dans les apprentissages".
Pour le délégué syndical, le retour à l'école doit passer par une phase de "réacclimatation", de "réadaptation" : "après la période de confinement, le retour à l'école sera anxiogène pour beaucoup d'enfants, certains ont été traumatisés par des deuils, par la maladie", précise Laurent Tramoni.
"Il faudra aussi retrouver le rythme scolaire, le sens du collectif, l'ensemble des repères", poursuit-il. Selon lui, le retour à partir du 11 mai devrait s'effectuer en trois temps. Un temps pour les équipes pédagogiques, afin de définir un sens pédagogique et éducatif jusqu'aux vacances d'été.
Il faut aussi un temps pour les élèves, pour se réadapter, pour débrieffer cette période inédite et enfin un temps pour reprendre les apprentissages.
"L'idéal serait de préparer les enfants pour une reprise normale des cours en septembre", conclut Laurent tramoni.
Les enfants moins victimes du Covid-19 ?
Le Conseil national de l'ordre des médecins s'oppose à la réouverture des écoles le 11 mai. Dans les colonnes du Figaro, le président de l'ordre, le docteur Patrick Bouet, indiquait même que "ce choix révèle un manque absolu de logique".Il précise que la première décision avait été de fermer les écoles "parce qu’on sait que les enfants sont des vecteurs potentiels sans développer eux-mêmes l’infection... et parce qu’il est très difficile en milieu scolaire de faire respecter les gestes barrières".
Le président de la République a-t-il été influencé par le professeur Didier Raoult, lors de sa visite surprise à l'IHU Méditerranée Infection, le 9 avril dernier ?
L'infectiologue indiquait déjà le 16 mars dernier que que contrairement à la grippe, le coronavirus avait peu d'impact sur les enfants. Il évoquait une étude "demandée par le ministère de la Santé" sur le nombre de cas positifs par tranche d'âge.
Ce jour-là, le chercheur marseillais montrait que jusqu'à 15 ans, les enfants étaient très peu malades, mais également que "l'idée que les petits sont vecteurs de la maladie n'est pas confirmée".
Selon lui, le nombre de cas positifs devient significatif à partir de l'âge de 18 ans.
Nouvel article publié en pre-print par les équipes de l'@IHU_Marseille : les enfants représentent une faible part des diagnostics de SARS-COV-2 et leur charge virale n'est pas plus élevée que celle des adultes.https://t.co/9bRytuCU5U pic.twitter.com/tlfXshZmwd
— Didier Raoult (@raoult_didier) March 28, 2020
Les chiffres officiels des cas de Covid-19 par tranche d'âge
Au-delà des chiffres sur le nombre des cas testés positifs au coronavirus, le nombre d'hospitalisation ou encore le nombre de décès que l'on communique chaque jour, nous avons compilé les données officielles de Santé Publique France et de l'Observatoire Géodes à notre disposition, pour connaître les atteintes de la maladie par tranche d'âge.Ces chiffres n'indiquent pas si les enfants peuvent être positifs au Covid-19 ou non, en revanche, ils confirment l'hypothèse que les enfants ne font pas, ou très rarement, de formes graves de la maladie.Selon certains chercheurs, les enfants pourraient présenter des formes plus courtes de la contamination, ce qui pourrait expliquer ces chiffres. Quant savoir si le constat du professeur Raoult a influencé le président de la République ? Selon l'Elysée, "il n'y a aucun lien".