Au moins 43 personnes ont été testées positives au Covid 19 au Centre de détention de Salon-de-Provence. Un dépistage massif a été mis en place en fin de semaine dernière suite à des premiers cas parmi les détenus. A ce jour, deux personnes sont hospitalisés, un surveillant et un détenu.
"Les infirmiers, pompiers, ont des combinaisons et des masques FFP2 alors que nous on a juste de simples masques chirurgicaux."
Pour Jessy Zagari, surveillant à la maison d'arrêt de Salon de Provence, c'est là l'image parlante du manque de moyens auquel fait face quotidiennement le personnel pénitencier.
Pour le syndicaliste, le constat est sans appel. "Les surveillants ont commencé à tomber comme des mouches." Selon ce surveillant de la prison, la direction était "réticente à un dépistage des détenus de peur de découvrir des cas."
43 cas positifs au Covid-19
Avec l'explosion du nombre de cas et de deux hospitalisations, un détenu et un surveillant, la décision avait été prise de procéder à un dépistage massif les 6 et 7 mai. Suite à un examen intervenu ce matin le résultat est d'au moins 43 personnes positives au Covid-19 dont 35 détenus. Côté personnel, 8 d'entre-eux ont été testés positifs. Il ne demeure d'après la direction de la prison, plus de cas contacts à risque, à ce jour. Comme le veut la procédure, un second dépistage est également prévu les 17 et 18 mai.
Françoise Conte, la directrice de l'établissement pénitentier, se veut rassurante : "Pour la gestion des cas on a un référent à l'ARS, un médecin, avec lequel on gère tout le suivi de la situation." Des mesures très strictes sont observées pour éviter toute propagation du virus. "Quand ils [les détenus] reviennent de permission on vérifie qu'ils n'importent pas le virus à l'interieur."
La chef de l'établissement a des difficultés à connaitre la source de ces contaminations. Pour elle, il y a "énormement de choses qui rentrent et qui sortent d'un établissement pénitentiaire en permanence". Françoise Conte se risque cependant à formuler une hypothèse : "On a eut deux des premiers cas qui ont touché des personnels de cantines, et qui donc manipulent beaucoup de materiel, c'est peut-être parti de là..."
Mais si cette situation a pu s'installer, c'est pour Jessy Zagari à cause d'une forme de laisser-faire. "Le problème de l'administration, c'est qu'elle ferme les yeux pour donner l'impression que tout se passe bien."
Il estime qu'il manque du matériel pour effectuer son travail dans de bonnes conditions sanitaires. "Quand les pompiers venus faire le dépistage nous ont vu avec de simples masques chirurgicaux, ils étaient étonnés. De leur côté, les détenus ne disent pas quand ils ont des symptômes."
Les cas chez les détenus pas toujours déclarés
Le surveillant explique cela par la peur d'une restriction supplémentaire de leur liberté. Les cas contacts sont regroupés, les positifs placés à l’isolement et confinés pendant dix jours dans des cellules dédiées. Le téléphone reste alors pour eux l'unique moyen de garder contact avec leurs proches.
Les mesures sont plus restrictives dans ces parties isolées du bâtiment et les détenus doivent s'y cantonner. "Les détenus comprennent la situation même si certains sont tendus", indique Jessy Zagari.
À ce jour, c'est près de la moitié de la surface de la prison qui a basculé dans ce régime "maison d'arrêt" spécial covid.