« Un fauteuil pour deux » diffusé dès minuit pour célébrer avec humour les conditions de réouverture. Des portes closes jusqu’à mercredi, jour traditionnel des nouvelles sorties. Chacun son programme pour convaincre le public déconfiné de repartir à l'ombre cet été.
On ne voit pas leur sourire derrière les masques, mais leurs yeux sont rieurs. Les deux Toulonnaises qui se retrouvent dans le hall du Pathé Liberté en centre-ville ne cachent pas leur plaisir.
Pour leur retour devant un grand écran, elles ont choisi "La bonne épouse", comédie française de Martin Provost, sortie quelques jours avant le confinement, et de retour à l’affiche trois mois plus tard.
"Nous sommes abonnées à l'année, et le cinéma nous a offert une prolongation de quatre mois pour rattraper le confinement", expliquent-elles, ravies.
Des offres aux clients, des événements thématiques, des aménagements d'espace, chaque exploitant a adapté son offre et ses conditions d’accueil.
Optimiste et enthousiaste à l’idée de retrouver le public, l’équipe de L’Alhambra, quartier Saint-Henri au Nord de Marseille, a choisi un redémarrage sur le ton de l’humour : en programmant dès minuit, le 22 juin, le film "Un fauteuil pour deux" en référence au protocole sanitaire d'un fauteuil sur deux dans les salles obscures, le ton décalé de la reprise était donné.
C’est dans la nuit du dimanche 21 au lundi 22 juin. Ouverture des portes à minuit
Publiée par L'Alhambra cinémarseille sur Dimanche 21 juin 2020
Décret de dernière minute
Finalement, les conditions d’accueil du public se sont de nouveau modifiées le jour même, avec la parution d’un décret in extremis, le 21 juin, indiquant notamment un assouplissement du dispositif : "une distance minimale d'un siège ou d'un mètre est garantie entre chaque personne ou groupe de personnes venant ensemble ou ayant réservé ensemble".
Si l'on vient en couple ou en groupe, l'obligation de rester séparé par un fauteuil est donc levée.
Pour William Benedetto, directeur de l’Alhambra, c’est un changement de plus parmi les nombreux aménagements qu’il a fallu prendre en compte durant la crise : "Chacun doit forcément faire en fonction de ses impératifs financiers, de programmation, ou de disposition de l’espace".
Ne pas ressembler à un hôpital
"Pour nous, c’est plus simple, avec une seule salle pas de sens de circulation à mettre en place", admet-il, en précisant que sa priorité "c’est qu’on ne ressemble pas à un hôpital".
Cet assouplissement dans les salles, c’est une bonne nouvelle pour les exploitants qui se préparaient à l’idée d’une recette divisée par deux minimum, après "trois mois de chiffre d’affaire à zéro, et des charges à régler quand même", explique Alain Poujol, directeur des cinémas Pathé de l’agglomération toulonnaise.
Moins de séances
"Il y aura de toutes façons moins de séances", précise Alain Poujol, "afin de respecter le protocole sanitaire et donc limiter l’affluence dans ce grand complexe de 16 salles à La Valette près de Toulon".
Certains cinémas n’ouvriront pas cette semaine : "c’est le cas des salles municipales de St Mandrier, Le Pradet, La Valette, qui reprendront en juillet", constate Eva Brucato.
Le décret du 21 juin rend en effet le port du masque obligatoire dans les espaces de circulation. Mais pas dans les salles. Ces modifications opérées au dernier moment et relayées par la Fédération Nationale des Cinémas Français FNCF ont bousculé certains exploitants déjà pas forcément prêts à ouvrir à la date autorisée.
LA RÉOUVERTURE Le Royal ré-ouvrira ses portes et rallumera ses projecteurs le MERCREDI 24 JUIN. Après la période de...
Publiée par Cinema Le royal sur Lundi 15 juin 2020
Programmation chamboulée
"La profession ne s’attendait pas à redémarrer si tôt", estiment Alain Poujol et Eva Brucato, directrice du Royal, cinéma toulonnais aussi, mais proposant une programmation d’art et essai.
D'ailleurs, si certains distributeurs de films sont restés dans l’expectative, d’autres ont carrément décidé de décaler la sortie des films à l'automne. Ce que l’on verra à l’affiche sera le résultat des choix opérés durant le confinement.
"Wonder Woman 1984 attendu en août ne sortira finalement en France que fin septembre. En revanche Mulan de Niki Caro et Tenet de Christopher Nolan, maintenus, feront office de grosses sorties cet été", explique Alain Poujol, dont le cinéma a décidé de programmer un "cycle Nolan" pour accompagner la nouveauté.
"Le calendrier des distributeurs a connu et traverse encore beaucoup d’aléas", confirme Eva Brucato.
Un été attendu
"Les grands circuits manquent de blockbusters mais dans notre cible de films nous n’aurons pas de pénurie", estime la directrice du Royal, où l'on ouvrira mercredi, comme à chaque nouveau changement de programme en salle.
La directrice s’inquiète un peu de cette reprise, juillet étant, "le plus petit mois de l’année". En revanche à l’Alhambra à Marseille on a décidé de défier les pronostics en restant ouvert même en août, et ce pour la première fois. Une bonne façon de "tenter autre chose". Dans ce "monde d'après", c'est l’occasion ou jamais.