Drame de la rue d’Aubagne : les quatre moments qui ont marqué l'hommage aux victimes

De nombreuses personnes se sont rassemblées jeudi, deux ans après l'écroulement de deux immeubles de l'hyper-centre de Marseille qui avait fait 8 morts.

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Un moment fort. Deux ans après le drame de la rue d’Aubagne, une commémoration aux victimes s’est tenue, jeudi 5 novembre. La cérémonie s’est déroulée en présence de proches, amis ou voisins, ainsi que l’association Marseille en colère et le collectif 5 novembre.

Un moment poignant, qui a mêlé minutes de silence et lectures de textes. Revivez cette journée au travers des temps forts de cette cérémonie.

Huit minutes de silence poignantes 



Malgré le confinement, ils étaient près de 300 dans la rue au moment où l'hommage a débuté. A 9h05, heure où le premier bâtiment s’est effondré le 5 novembre 2018, la rue s’est figée dans le silence durant 8 minutes. Une minute pour les huit personnes mortes dans l’effondrement. Une minute a ensuite été ajoutée en hommage à Zineb, la mère de l’une des victimes, décédée sur le coup quand elle a appris la mort de sa fille. Le silence est lourd, les visages graves.
 

Une marche au flambeau 

Covid-19 et restrictions sur les transports oblige, personne ou presque n'était là du côté des familles des victimes, exceptée Saïda, la cousine de Cherif, un homme de 36 ans disparu en même temps que Simona, Marie, Julien, Fabien, Ouloumé, Niasse et Tahar. Sans-papiers ou artistes, étudiante ou mère de famille, Français, Italienne ou Tunisien, c'est en leur mémoire que ce rassemblement a été organisé jeudi, par deux de ces collectifs citoyens nés dans le sillage du drame.

Des flambeaux avaient été distribués en début de matinée aux personnes présentes pour une procession qui a renforcé le côté solennel de l’instant.
 

Des chants et des lectures de textes d’enfants

Munis de mégaphones faits maisons, quatre “crieurs” sont venus lire des témoignages d’enfants du quartier. Des mots enfantins pour décrire des problèmes graves.
 

“Bonjour, j’habite ici à Noailles et j’ai bientôt 10 ans. Mes parents tiennent un commerce en bas de la rue. Je me souviens de la première évacuation, juste après l'effondrement des immeubles. Le jour d’après avec ma grande soeur, on a pris les valises et on est partis à Strasbourg, chez la famille. Je n'arrêtais pas de pleurer sur le chemin de la gare, dans le train et même là-bas. [...] J’aimerais un quartier plus beau, plus soigné. [...] Là où il y a le trou des immeubles qui sont tombés, ça serait bien de construire de nouveaux immeubles, parce qu'en ce moment il y a beaucoup de gens qui cherchent une maison. Faire un hôtel pour les gens qui ne savent pas où dormir, ou même un restaurant pour ceux qui ont faim”.

Peu après Saleha Moudjari, chanteuse marseillaise de gospel, a entonné Sometimes I feel like a motherless child, un negro spiritual.
   

Une volonté de ne pas polémiquer

A l’initiative de ce rassemblement, l'association Marseille en colère qui s’est formée peu après le sinistre. Si la colère est toujours présente deux ans après les faits, la fondatrice du collectif, Kaouther Ben Mohamed, a tenu à respecter avant tout la douleur des familles. "On n'est pas là pour une manifestation de revendication politique, a-t-elle lancé au micro. On est ici pour soutenir huit Marseillais et leur famille qui ne sont pas là à cause du confinement et de cette pandémie. Il y aura d'autres moments pour faire ça".

Aucune personnalité de l'ancienne municipalité LR, dirigée pendant 25 ans par Jean-Claude Gaudin et largement accusée d'avoir laissé prospérer l'habitat indigne dans la deuxième ville de France, n'a été vue sur place. "Cas contact" au Covid-19 et donc confinée, Michèle Rubirola, la nouvelle maire de Marseille, élue en juin à la tête d'une large union de la gauche, était elle officiellement représentée sur place par son premier adjoint, Benoît Payan. De nombreux autres élus de la municipalité étaient également présents, dont Sophie Camard, la maire de l'arrondissement.
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