Dans la liste des dates à cocher sur l’agenda, il y en a deux qui ne sont pas les plus attendues mais qui risquent de devenir un sujet brûlant et clivant. Le gouvernement a ainsi convoqué les électeurs les 13 et 20 juin pour élire leurs conseillers régionaux et départementaux.
Une convocation figée par décret, mais qui reste fragile et tributaire de l’évolution de la pandémie.
Un air de "déjà entendu" il y a un an avec les élections municipales et la question inflammable de leurs reports. C’est probablement la même chanson qui se profile à quelques jours de l’été. Et comme les ténors s’y connaissent en accord et désaccord, gageons que la cacophonie est la petite musique du printemps.
Pour Christèle Marchand, Maître de conférence de science politique à l’université d’Avignon le report est un pari risqué pour la majorité.
"À quelques mois de l’élection présidentielle, être accusé de tripatouillages n’est pas un bon signe donné aux électeurs. La majorité se doute bien que les résultats ne lui seront pas favorables autant s’en débarrasser le plus vite possible et les autres partis ne sont pas loin de penser la même chose."
Enfin, lorsque le Président laisse entrevoir pour le mois de mai la réouverture des restaurants et des lieux culturels, il peut difficilement décaler un rendez-vous électoral. Pour l’instant à bas bruit , la petite musique des régionales devrait monter en volume.
En attendant que la gauche accorde ses violons ou pas
C’est Sophie Cluzel, Secrétaire d’État aux personnes handicapées qui sera la candidate de la majorité présidentielle pour la région Provence-Alpes-Côte d'Azur.
Cathy Racon Bouzon, députée LREM des Bouches du Rhône estime à titre personnel "qu’il vaut mieux repousser ces élections, ce n’est pas la priorité du moment..."
C’est vrai que c'est un dilemme, entre la nécessité que l’expression démocratique ne soit pas bafouée et le risque sanitaire qui reste la priorité.
Comment faire campagne, la grande question
Aujourd’hui, la majorité est partagée sur cette question, tout comme l’opposition. Et sur ce point, l’élue marseillaise ne manquera pas de souligner le désaccord entre la présidente du département des Bouches-du-Rhône Martine Vassal et le président de la région Provence-Alpes-Côte d'Azur, Renaud Muselier.
En effet, les deux ténors LR du territoire ne s’accordent pas sur le calendrier. La première argumente en se rangeant derrière la majorité des Français. "Comme 71 % des Français, je suis persuadée qu’il est nécessaire de repousser la tenue des élections départementales et régionales. Ce n’est pas le moment."
Depuis l’Hôtel de région, Renaud Muselier qui n’est pas encore officiellement candidat répond : "La démocratie ne se confine pas, nous sommes déjà dans le report du report, si le vote peut être organisé dans le respect des mesures sanitaires, votons."
Une parole qui en vaut dix, car celui qui est aussi président des régions de France a entraîné dans sa voie la très grande majorité des présidents sortants de droite, de gauche et de la majorité présidentielle.
Pas de notes dissonantes au sein du Rassemblement national, la chef d’orchestre donne le tempo et les solistes suivent le rythme. Marine Le Pen déclare que "les élections régionales ne sont pas facultatives", il faut donc maintenir le scrutin au mois de juin.
En un an, une interprétation différente de la partition électorale
En mars 2020, le sénateur RN des Bouches-du-Rhône Stéphane Ravier avait haussé le ton en demandant l’annulation du deuxième tour des élections municipales. Désormais, il est pour le maintien en juin des scrutins régionaux et départementaux.
"La démocratie est aujourd’hui en crise, elle doit revoir le jour. Avec la vaccination et un protocole sanitaire strict, nous savons mieux appréhender la situation. Si les musées rouvrent, les électeurs peuvent aller voter."
Paroles et paroles, avant celle probable de Thierry Mariani qui connaît bien la chanson et qui reporte l’annonce de sa deuxième candidature à la présidence de la région. Après l’UMP en 2010, le RN en 2021 ?
Report ou non-report ? C’est toujours la question. Certes, Jean Castex a annoncé que le maintien du scrutin était "l’hypothèse de base" tout en rajoutant que "seules des raisons sanitaires impérieuses de nature à compromettre l’organisation de la campagne ou du scrutin pourraient le remettre en cause."
Une façon de sortir le parapluie avant l’orage qui risque de s’abattre sur le chef du gouvernement à l’occasion du débat promis devant la représentation nationale pour définitivement répondre à la question.