Plus les jours passent, plus les avis scientifiques et les déclarations publiques tombent, et moins on y voit clair. Alors, ira-t-on voter en juin ? Et surtout, comment ? On vous répond en six points.
Ce jeudi 1er avril, c’est le Premier ministre, Jean Castex, qui s’est exprimé devant les parlementaires.
Les élections régionales et départementales, qui doivent se dérouler les 13 et 20 juin prochains, ne sont pas annulées, ni reportées pour le moment. Mais elles ne sont pas non plus maintenues avec une totale certitude. On ira voter si tout va bien, mais dans quelles conditions ? Là aussi, tout reste à définir.
- On vote, oui ou non?
Ce jeudi 1er avril, devant les parlementaires, le Premier ministre a fait une réponse de Normand : « C’est le scénario de leur maintien que nous préconisons à ce stade ». « À ce stade » : la formule dit bien toute l’incertitude qui pèse sur ce scrutin.
Or, la plupart des partis politiques souhaite leur maintien. « On ne confine pas la démocratie », martèle le député LR des Alpes-Maritimes, Eric Ciotti, arguant du fait que, si les écoles rouvrent début mai, voire même les terrasses des restaurants et leurs salles intérieures, il deviendrait impossible de justifier un tel report.
Le gouvernement espère que le nouveau confinement et la campagne de vaccination produiront leurs effets avant le mois de juin. Avant, car il faudra aussi mener campagne, mais comment ?
Les candidats pourront-ils faire campagne ?
Si l’élection est maintenue, il est peu probable qu’une campagne traditionnelle puisse avoir lieu, avec grands meetings et poignées de mains.
Comme pour les élections municipales, il faut s’attendre à des réunions publiques retransmises sur internet. Le législateur l’a prévu. Dans la loi du 22 février, qui a permis le report des élections régionales, initialement prévues au mois de mars, en juin prochain, il est prévu un allongement de la campagne de deux à trois semaines et, de ce fait, un plafond des dépenses majoré de 20%.
Pourra-t-on généraliser le vote électronique ?
« C’est mission impossible », nous répond catégoriquement Bertrand Gasiglia, maire de Tourrette-Levens dans les Alpes-Maritimes et professeur de droit constitutionnel.
Nous ne sommes pas équipés, il faudrait un appel d’offres européen, et des garanties de sécurité sérieuses. Les délais sont trop courts, et j’y suis de toute façon opposé, à titre déontologique,
« Pourquoi pas dans le futur », répond le député LREM du Var Fabien Matras.
Mais, en pleine crise sanitaire, imposer cette charge supplémentaires aux maires des petites communes, leur demander d’organiser un nouveau mode de scrutin à deux mois des élections, on ne peut pas faire ça.
Pourra-t-on voter à distance ?
En France, le vote par correspondance a été aboli dans les années 70 en raison de fraudes. Après l’élection présidentielle épique qui s’est déroulée aux Etats-Unis, peu de chance que cette formule soit retenue. En décembre dernier, le Sénat, au terme d’une mission d’information, s’est prononcé contre le vote par correspondance.
Pourra-t-on voter sur plusieurs jours ?
C’est une des préconisations du Conseil scientifique, qui a rendu son rapport sur « les enjeux sanitaires » du scrutin le 29 mars dernier. Ses membres se sont bien gardés de prôner un maintien ou un report des élections, décision éminemment politique, qu’ils laissent aux politiques. Mais ils évoquent plusieurs mesures sanitaires, comme la tenue des bureaux de vote par des assesseurs vaccinés ou en possession d’un test PCR négatif de moins de deux jours. Ils recommandent également le vote sur plusieurs jours pour éviter une trop forte affluence. Mais, nous souffle un fin connaisseur de la vie politique locale, « qui va garder les urnes la nuit ? Comment se prémunir d’un bourrage d’urnes, ou même d’accusations infondées ? »
Et comment trouver des volontaires pour un scrutin qui dure? « J’ai été maire avant, et dans les petites communes notamment, ce sera très difficile de trouver des personnes disponibles pour tenir un bureau de vote pendant plusieurs jours », estime le marcheur Fabien Matras.
Les assesseurs devront-ils être vaccinés ?
Si le scrutin ne dure qu’une journée, pourquoi ne pas ouvrir plus de bureaux de vote ? C’est ce que propose le député LR Eric Ciotti. « Des bureaux de vote supplémentaires, près de centres de vaccination et de test ». Il se dit favorable à ce que les assesseurs présentent un test PCR négatif voire même qu’ils soient obligatoirement vaccinés.
Vaccin (non obligatoire) ou test PCR négatif de moins de deux jours : c’est aussi ce que préconise le Conseil scientifique.
Prochaine étape : une consultation par le Premier ministre des partis politiques et des associations d’élus locaux, avant un débat et un vote au Parlement.