L'alpiniste Charles Dubouloz, qui avait fait sensation en janvier en grimpant seul la face nord des Grandes Jorasses en hiver, a bouclé mardi un périple technique et engagé lors duquel il a enchaîné non-stop dix ascensions en treize jours dans le massif des Ecrins (Hautes-Alpes).
Dubouloz, parti de la Grave le 30 juin, a d'abord gravi seul cinq sommets culminant chacun à près de 4000 mètres d'altitude (Râteau, Meije, Pavé, la Grande Ruine, la Barre des Ecrins) durant quatre jours avant de choisir de s'encorder avec Joseph Hallepee, en raison des conditions devenues de plus en plus difficiles.
Le tandem s'est offert quatre sommets (Ailefroide, Bans, Rouies, Olan) avant que Hallepee cède sa place à Antoine Bouqueret pour une ultime ascension de l'Aiguille Dibona puis de redescendre à La Grave.
Dubouloz a exploré un massif qu'il connaissait peu, dans le pur style alpin (le plus léger possible), et à raison d'une quinzaine d'heures d'effort par jour.
"J'ai tout enchaîné d'un coup, tous les jours j'ai fait un truc, des liaisons à pieds, des faces, des arêtes. (...) J'ai peu dormi et physiquement, ça a été assez éprouvant", a raconté Dubouloz, parti en quête de "quelque chose de très immersif".
"C'est une très belle traversée que j'ai étudiée longtemps et pour laquelle je me suis physiquement beaucoup préparé. Le manque de sommeil, ne pas se doucher pendant dix jours, les grosses tensions nerveuses sur les arêtes, marcher la nuit, c'est ce qui a été le plus dur", a-t-il expliqué.
"Mais je voulais laisser libre cours à mon imagination en rassemblant toutes les belles voies que j'avais envie de grimper. Pour certains, une voie est l'objectif d'une vie".
L'alpiniste de 33 ans a déjà un autre projet: l'ascension d'une face nord complètement vierge en cordée à trois cet automne au Jannu (Népal/7710 m).