Une initiative gagnante-gagnante. Le conseil départemental des Hautes-Alpes finance les associations caritatives pour l'achat de denrées alimentaires auprès des producteurs locaux. Une aide qui permet de soutenir les plus précaires et les producteurs en grande difficulté.
Depuis le début du confinement, la plupart des marchés sont fermés et les circuits de distribution fonctionnent au ralenti, pour ne pas dire, à l'arrêt complet dans certains secteurs. Amanda Micanel est maraîchère, elle en subit de plein fouet les conséquences. Ses récoltes d'hiver sur les bras, elle ne peut plus écouler sa marchandise.
Elle a mis en place un système de vente et de livraison à domicile, mais ça ne suffit pas.
Les mesures de confinement ont des conséquences sur l'emploi, notamment des plus précaires. La plupart d'entre-eux n'ont jamais connu le soutien des associations caritatives. Aujourd'hui, ils ouvrent les portes de la Croix-rouge et demandent de l'aide.
"On a multiplié le nombre de bénéficiaires par deux", indique Dominique Fröhring, vice-présidente de la Croix rouge dans les Hautes-Alpes. "Il y a des intermittents du spectacle, des saisonniers, des gens qui n'ont pas reçu en temps et en heure leur pension ou le RSA. Ils se retrouvent tous sans argent", précise-t-elle.
Une aide, deux solutions
Un début de réponse est proposé par le Conseil départemental des Hautes-Alpes. Le département finance les associations caritatives qui achètent des denrées alimentaires auprès des producteurs locaux (préalablement référencés par le département)."Cette aide répond à deux difficultés, à la fois accompagner les associations qui font face à une augmentation des bénéficiaires en finançant des produits de première nécessité, et en même temps, offrir un débouché supplémentaire aux producteurs locaux qui souffre de l'absence des circuits de distribution", explique Patrick Ricou, vice-président du Conseil départemental des Hautes-Alpes.
Concrêtement, les associations sont financées sur la base de leur rendu d'activité hebdomadaire et en fonction de leur volume d'achat auprès des producteurs
"C'est un plus pour nous", indique Amanda Micanel, "ça nous permet d'écouler les marchandises".
"C'est essentiel", insiste Dominique Fröhring, "ça apporte des denrées fraîches, sinon, ils mangents des denrées "sèches", des pâtes ou des conserves".
A Gap, la Croix-rouge sert 200 personnes à chaque distribution, il y en a cinq par semaine.
Des difficultés après le déconfinement
L'aide financière du Conseil départemental est prévue jusqu'au 11 mai, date du début du déconfinement."C'est inquiétant", indique la vice-présidente de la Croix rouge, "on a commencé à envisager l'après déconfinement et comment on va tenir jusqu'en septembre. Nous espérons que le partenariat avec le département perdure de façon à ce qu'on puisse aider les bénéficiaires".
Stéphane Micanel est arboriculteur, pour lui, l'aide du département a permis d'écouler la récolte d'hiver, mais il s'inquiète pour celle de Printemps.
"D'ici 15 jours, les premières cerises seront prêtes à la vente et le déconfinement le 11 mai ne prévoit pas la réouverture des marchés, on ne sait pas comment on va écouler notre production", explique l'arboriculteur.
Cette année, il n'y a pas eu de gel, la production de cerises est importante, et c'est un fruit qui ne se garde pas, il faut l'écouler rapidement.
Chaque année, Stéphane Micanel organise des journées de ramassage ouvert au public, mais avec le confinement, il ne sait pas si ces grands rendez-vous seront possible, notamment en raison du respect des gestes barrières et de distanciations. Il espère en priorité, une réouverture rapide des marchés.