Un escadron du 4ème régiment de chasseurs de Gap a quitté la région pour la Roumanie. Leur but : être prêt si jamais la Russie décidait d'attaquer de ce côté de la frontière. Notre équipe a pu assister à leurs entraînements.
Cela fait un peu plus de deux mois qu’un escadron du quatrième régiment de chasseurs de Gap est parti pour la Roumanie pour intégrer la force de réaction rapide de l’OTAN.
Enclenchée en urgence seulement quelques jours après le début de l’invasion russe en Ukraine, la mission est installée sur la base de Constanta au bord de la mer noire, à un peu plus de 100km au sud de la frontière ukrainienne. Notre équipe a pu les suivre au plus près au cours de leur préparation :
Si les militaires pensaient au début être appelés en renfort pour secourir les réfugiés, leur mandat s’en tient à une démonstration de force dissuasive face à Vladimir Poutine.
L’escadron est intégré au bataillon d’infanterie de montagne commandé par le colonel Vincent Minguet. Le centre d’opération est un bâtiment entouré de barbelés au sein de cette base où vivent plusieurs milliers de militaires américains, belges, italiens, et français.
Sécurité oblige, on n'y accède que sur autorisation spéciale, en laissant son téléphone à l’entrée. Au mur du bureau du colonel, différentes cartes de l’Ukraine avec les positions russes indiquées par des symboles rouges.
"On regarde ce qui se passe de l'autre côté de la frontière, on n'est pas directement impliqué", explique le Colonel Vincent Minguet, chef de corps des forces françaises en Roumanie.
"Depuis la réorientation des forces russes sur le Donbass, la menace est moins perceptible mais il y a des zones (...) où il n'y a pas une semaine sans affrontements, soit par missiles, soit par occupation terrestre. On est très attentifs, la menace est un peu moins perceptible mais elle est toujours là".
À l’extérieur, les 500 soldats français sont logés dans une immense tente américaine. Au pied de chaque lit, le fusil HK des militaires français ainsi qu’un gilet par balle rempli de chargeurs.
"Les soldats doivent être prêts à partir au conflit à tout moment" nous explique Charley, brigadier chef en charge de la maintenance de l’escadron
Exercice grandeur nature
Si l’ambiance est si calme, c’est que la majorité des hommes est partie 100 km plus au Nord dans la campagne roumaine sur un terrain d’entraînement.
À Babadag, ils disposent d’un vaste champ entre des plantations de colza et une forêt protégée. C’est là qu’ils vont réaliser l’une des plus importantes manœuvres de leur séjour : LFX , pour Life Fire exercice en anglais, une simulation de combat durant laquelle ils tirent à balles réelles.
Au petit jour, le capitaine Cyril réunit ses hommes pour répéter chaque déplacement sur le plan tracé au sol. L’exercice simulera toutes les difficultés que peuvent rencontrer les militaires sur le terrain.
Surtout, L’exercice est interallié. Cela signifie qu’il se fait avec les différentes nationalités membres de l’OTAN. Ce matin, un escadron belge est également sous les ordres du capitaine français.
Des Belges également sont là pour diriger des avions de chasse italiens. Néerlandophones, ils doivent échanger avec le capitaine Cyril en anglais, une autre nouveauté à laquelle il a fallu s’habituer en Roumanie.
A bord du véhicule blindé AMX-10 RC, le première classe Aurélien, 19 ans, vit sa première opération extérieure. Il est chargeur, c’est lui qui met l’obus dans le canon avant le tir. Il faut être rapide, obéir aux ordres malgré le fracas des détonations.
Il admet avoir eu peur au départ, mais que les entraînements en collectivité et le travail lui ont permis de se focaliser sur autre chose. Comme presque tous les hommes et femmes ici, il dit aussi sa fierté d’ouvrir ce nouveau théâtre d’opérations aux portes de l’Europe, pour défendre son pays.
"Se dire qu'on est les premiers envoyés. Il y a beaucoup de fierté. Il y a toujours une part de peur mais ça se passe bien, on reste concentré".
L’exercice se termine en début d’après midi, sans accro. Les soldats répèteront ces manœuvres sur d’autres sites roumains jusqu’à leur départ. Ils devraient retrouver les Hautes-Alpes d’ici cet été, certains pourraient même être mis à l’honneur lors du défilé du 14 juillet à Paris.