IMMERSION. Présidentielle 2022 : transports, quelles alternatives au règne de la voiture?

"Permettre la mobilité de chacun avec les petites lignes ferroviaires", "Renforcer l'offre de transports en zone rurale",... sur la plateforme Make.org vous êtes nombreux à proposer des alternatives à la voiture. Dans les Hautes-Alpes, nous avons sillonné Gap et son agglomération en quête de solutions.

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C’est un maire en colère que nous retrouvons devant l’ancienne gare de la Bâtie-Neuve. Joël Bonnafoux regarde avec dépit le TER du matin qui passe sans même ralentir devant le bâtiment délabré. "Pendant ma jeunesse, on pouvait prendre ce train tous les jours pour aller au collège à Gap".

Mais dans les années 1970 la gare ferme en même temps que s’impose le culte de la voiture individuelle. À l’époque vue comme un progrès, cette transition ressemble aujourd’hui à une erreur historique.

Aujourd'hui le maire se bat pour qu’un arrêt soit de nouveau instauré. Pour les travailleurs, mais aussi les étudiants " cela éviterait aux parents de devoir les emmener jusqu’à la gare de Chorges en voiture, et de consommer du carburant".

À défaut d’investir massivement pour rouvrir la gare, il demande seulement quelques aménagements pour permettre aux passagers d’accéder aux quais par l’extérieur.

Avec le prix de l'essence, prendre sa voiture n'est plus une évidence, même à la campagne. " Nous sommes à un tournant et il va falloir que la région prenne des décisions rapidement (…) c’est une promesse qu’on a eu pendant les élections".

Les TER relèvent en effet de la compétence régionale, et l’élu est bien décidé à ne rien lâcher.

Il peut d’ailleurs compter sur le soutien de nombreux citoyens réunis dans un collectif : Mobil’Hautes-Alpes.

C’est lors d’une discussion qu’Alexandra Pourroy et des copains cheminots décident d’agir auprès des politiques pour améliorer le réseau de transports dans leur département.

Le train, colonne vertébrale du département

Lassés de se sentir coupables d’utiliser leur voiture, ils imaginent des navettes ferroviaires entre les gares, avec des arrêts réguliers et fréquents, pour faire une sorte de "tram-train". 

Selon  le collectif Mobil’Hautes-Alpes, le plus dur est fait puisque les rails sont opérationnels: " le train c’est la colonne vertébrale du département".

Ecouté par les élus locaux, le collectif veut maintenant que son projet se concrétise avec une étude de faisabilité. "Cela coûterait entre 100.000 et 150.000 euros, ce qui n’est pas énorme par rapport au budget transports de la région, et ça pourrait changer beaucoup".

Lever le pouce pour aller bosser

En attendant, beaucoup n’ont pas d’autre solution que de lever le pouce. Enzo par exemple, que nous croisons au bord de la Nationale 94. Ce grand jeune homme à la voix posée purge six mois de retrait de permis pour excès de vitesse, un retrait qui vient d’être prolongé pour… conduite sans permis !

"On n’a pas le choix, regrette-t-il fataliste, on est obligé de conduire pour aller travailler ici" .

Ce matin pour son trajet de 20km, il n’y a qu’un bus toutes les deux heures, alors qu’en stop il espère être pris en 10 à 15 minutes. 

"Cela marche bien, on est solidaire dans les petites campagnes". Et en effet la solidarité n’est pas un vain mot ici quand il s’agit de se déplacer.

L’air est encore glacial quand nous retrouvons Caroline sur le parking de Forest-Saint-Julien. Cette petite commune du Champsaur est plus connue pour avoir vu grandir le champion de rallye Sebastien Ogier que pour son réseau de bus.

La vallée offre le calme à seulement 20 minutes de Gap. Mais ces temps-ci, l’idéal de la vie en milieu rural a du plomb dans l’aile.

En semaine, Caroline opte désormais le plus souvent possible pour le covoiturage.

"Avec le prix de l’essence il faut compter entre 300 et 400 euros par mois, c’est énorme!".

Elle retrouve Vanessa et Mathilda qui habitent elles aussi la vallée. Les trois collègues acquiescent, quand elles ont fait le choix de la campagne, "on ne savait pas que le diesel serait à 2 euros !". 

Le prix de l’essence est "l’argument numéro un" pour covoiturer, car entre les enfants et les horaires de chacun, c'est souvent compliqué. Leur bonne entente semble adoucir cette contrainte du trajet matinal.

Comme elles, 30% des personnes qui travaillent à Gap viennent des alentours. Pour encourager les déplacements propres, tous les bus de l’agglomération sont gratuits depuis 2018.

"Les recettes étaient ridicules", explique le président de l’agglomération Gap-Tallard, Roger Didier. " Nous avons instauré une taxe de 0,55% sur les fiches de paye pour toutes les entreprises de plus de neuf salariés". Cette taxe rapporte 1,5 million d’euros, de quoi financer un tiers du coût des transports pour la collectivité.

L'élu veut croire " qu’à toute chose malheur est bon", et que la hausse actuelle des prix incitera les habitants à délaisser leur voiture.

Car en plus d’être de plus en plus chère, la voiture individuelle est l'une des principales sources de pollution. 

Dans l'atelier de l’association Mobil’Idées, on voudrait que le vélo retrouve ses heures de gloire comme "véritable moyen de déplacement", pas seulement comme un engin de sport ou de loisirs.

En centre-ville de Gap, les cyclistes ont ici tout ce qu'il faut pour mettre les mains dans le cambouis. L'objectif est d'acquérir la "vélonomie".

Animatrice mécanicienne, Suzon Lejeune explique : "c’est plus facile de se déplacer à vélo quand on sait comment ça marche, comment le réparer quand il y a une petite panne, et surtout le régler correctement".

L'atelier est donc ouvert à tous et met à disposition des outils, des pièces de rechange et des conseils pour faire du vélo un moyen de transport très bon marché. "Entre 20 et 30 euros pour un vélo adulte d'occasion".

Cet après-midi nous croisons Aurore venue réparer un câble de frein. Certes, cela lui prend du temps, mais les économies sont conséquentes, et le bien-être aussi.

Si le dénivelé dans ces territoires de montagne peut freiner l'usage du vélo, l'association pointe surtout le problème de la sécurité.

Ce sont avant tout les aménagements qui manquent pour convaincre les cyclistes potentiels. Malgré la lenteur des progrès, l'association reste optimiste: "on a face à nous une nouvelle génération d'élus, ils ont compris qu'il fallait agir".

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